Homélie du 29ème dimanche A - Journée des Missions
Carmel de Saint-Maur — Père Maurice Boisson
Ces débats ne
sont pas nouveaux… «Est-il permis, oui ou non, de payer l'impôt à César
! » César était la figure du pouvoir politique de l'empire romain qui
occupait la Palestine au temps de Jésus.
Cette question
est comme un pile ou face truqué : quelle que soit la réponse, de toutes
façons, celle-ci pourra être un motif de procès. «On va bien voir » : s'il
répond oui, il faut payer l'impôt à l’occupant, c'est un collaborateur un
traître à notre pays. S'il répond non, c'est un résistant rebelle à dénoncer au
pouvoir en place. De toute façon, Jésus est coincé.
L'intention des
pharisiens et cette façon de faire que Jésus qualifie de perverses attirent
notre attention sur la qualité et la vérité de nos relations dans le dialogue.
Évangéliser suppose un dialogue en vérité, dans le respect.
Qu’a-t-on dans la
tête, dans le cœur, quand on rencontre l'autre, différent de nous ?
Cherchons-nous à « l’avoir » comme ces pharisiens ou acceptons-nous
un dialogue en vérité, qui peut nous bousculer ?
Connaissant
leur perversité, jésus dit « hypocrites ». Il touche le profond des intentions
de ses accusateurs : ceux-ci miment extérieurement les pensées qui sont en eux,
sans les faire voir clairement. Souvent, l'Évangile attire votre attention sur
la droiture, la vérité de nos dialogues. C'est essentiel à la mission. De
Nathanaël qui cherche, Jésus dit : « Il n'y a rien de faux en lui » alors qu’Il
traite de pervers hypocrites ceux qui veulent le piéger.
Ce dimanche des
missions, s'il nous conduit par la pensée et la prière au bout du monde, c'est
en passant à l'intérieur de nous-mêmes. Nous avons besoin de recevoir nous-mêmes
l'Évangile et sa force de conversion pour en donner le goût à d'autres. «
Ensemble, oser la mission», c'est d'abord oser se laisser habiter du Christ et
de l'Évangile, ensemble.
Ne serait-ce
pas rendre à Dieu ce qui est à Dieu ? Nous nous arrêtons souvent à la première
partie de la réponse de Jésus : « Rendez à César…» pour marquer une séparation
entre les réalités matérielles, politiques, sociales et les réalités
spirituelles. Sur la pièce de monnaie, on voit bien l'effigie de l’État mais où
voit-on l'effigie, l'image de Dieu? Elle est gravée au cœur et dans la chair de
tout être humain, dans notre propre existence. Tout être humain et toute la
Création appartiennent à Dieu. Et nous avons à rendre à Dieu ce qui appartient
à Dieu. Ce qui appartient à Dieu ne réside pas dans les sacristies. C'est la
totalité de l'être humain, sa dignité, ses droits fondamentaux et inaliénables,
quelle que soit l'étape de sa vie. C’est la justice, la paix.
Oser la
mission, c'est oser rappeler et vivre cette dimension fondamentale de
l’humanité qu’est sa relation à Dieu, base des relations sociales. Aux
pharisiens, Jésus renvoie la monnaie : rendre à César ce qui le concerne sans
oublier de rendre à Dieu ce qui est à lui. Il n'y a pas de cloisons hermétiques
entre les deux. La dimension humaine et spirituelle traverse les réalités
matérielles et la vie. Oser la mission, c’est mettre dans notre monde, là où
l'on est, ce plus d'humanité que nous offrent l'Évangile et les dons de Dieu.
C'est de notre responsabilité.
« À quoi
servirait le meilleur parfum, s'il restait dans un vase fermé ! »
Le monde a
besoin du parfum de l’Évangile.
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