Homélie pour les obsèques de notre Soeur Thérèse de la Croix 25 Octobre 2017
Carmel de Saint-Maur— Père Maurice Boisson
Cet Évangile de
la vigne a été lu à la messe du jubilé de profession religieuse de Soeur
Thérèse de la Croix. Sans doute que cette comparaison de la vigne, profondément
enracinée, greffée sur le cep, taillée et émondée pour porter un bon fruit,
cette image devait parler à notre Soeur. Cette réalité de l’union au Christ l’a
nourrie au cours de ses 69 années de vie religieuse au Carmel.
La première lecture,
prise dans la messe de la petite Thérèse, qui fut sa proche compagne
intérieure, nous dit quelque chose des fruits muris au soleil de l’Amour de
Dieu, de la fréquentation de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de Saint Jean
de la Croix, dans la vie de Soeur Thérèse : douceur, tendresse, fidélité,
solidité… des fruits de l’Esprit.
« Vous ne
pouvez pas porter des fruits de vous-mêmes, si vous ne demeurez pas en moi » dit Jésus.
L’union au
Christ est comme le sarment au cep, nourri de racines qui plongent dans la
terre humaine, irriguée et fortifiée de la sève puisée à la source : l’Amour du
Coeur de Dieu. Cette union au Christ est le noyau dur, non seulement de toute
vie religieuse consacrée, mais de toute existence chrétienne.
La fidélité et
la solidité intérieure de Soeur Thérèse, vécues dans la rigueur et parfois dans
la rigidité, reposaient sur la fidélité et la solidité de Dieu. Toute vie est
par elle-même un message, transmis à travers les générosités mais aussi les
fragilités, les faiblesses et les épreuves. Si nous attendions d’être saints et
saintes pour que nos existences puissent dire quelque chose de Dieu et de
l’Évangile… on ne saurait pas grand chose… et plus probablement rien !
« Dans la
vie contemplative, l’histoire d’amour passionnante pour le Seigneur et
l’humanité s’écoule, jour après jour, à travers la recherche passionnée du
visage de Dieu, dans la relation intime avec lui. » Ces quelques mots du
Pape François dans Vultum Dei Quaere rejoignent ce que me disait l’une
d’entre vous, mes Soeurs, à propos de Soeur Thérèse : « elle allait son
chemin »… « jour après jour » dit François, dans la main
bienveillante et sûre du vigneron, « comme un petit enfant dans les bras
de sa mère » dit le Psaume, « cajolé, porté sur les genoux, réconforté »
selon les belles images de la première lecture.
Douceur et
bonté éclairaient et éclairent le visage de Soeur Thérèse, comme des fruits,
venus d’un intérieur serein et doux.
J’ai très peu
connu et vu Soeur Thérèse. Néanmoins, un souvenir me reste d’elle, qui restera
marqué en moi :
Ayant appris
qu’elle était un peu fatiguée, un matin, en quittant l’autel, je m’approchai
d’elle pour la saluer et lui dire un petit mot fraternel de soutien. Pour ne
pas parler fort, je m’approchai de son oreille, et voilà qu’elle me fit un
bisou, tout simplement, avec un petit sourire, avant de laisser retomber sa
tête sur son épaule. Cela m’avait touché : j’allais la réconforter, elle me
donnait sa paix, sa paix intérieure dans un geste de douceur, comme une caresse
de Dieu, qui l’habitait.
« Elle
allait son chemin », notre Soeur Thérèse de la Croix. En ce moment, elle
peut dire, comme Sainte Élisabeth de la Trinité, « Je vais à la Lumière, à
la Vie, à l’Amour ! »
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