lundi 21 mai 2018

Homélie de Pentecôte 2018


Homélie de Pentecôte  2018
Carmel de Saint-Maur — Père Maurice Boisson
           
            Que sont-ils devenus ? Les rescapés des tragiques évènements arrivés à Jésus, il y a 50 jours. Ils ne sont pas encore remis. Ils sont réunis, les onze, dans une salle à Jérusalem, avec quelques femmes dont Marie, la mère de Jésus. Elles, elles gardaient confiance, elles essayaient de soutenir le moral de ces pauvres apôtres. Ils avaient peur, peur de finir comme leur ami Jésus. Quand on a peur, on se verrouille, les portes… et le coeur. Ils se remémoraient les promesses de Jésus. Ils essayent d’y croire !
            « Je ne vous laisserai pas orphelins » (Jn 14,18),  je ne vous laisserai pas tomber ! Je vous enverrai une autre forme de présence. Je serai avec vous d’une autre manière, plus forte, plus proche. La présence, surtout la qualité et l’intensité d’une présence ne sont pas toujours une question de proximité visible et physique. Une absence peut être plus présente qu’une présence qui n’est pas là : « Tu n’es pas là, tu es ailleurs, tu as l’air absent… » On peut être tout près et être loin. On peut être loin physiquement et tout près. C’est l’expérience de la Pentecôte : Jésus, le Christ ressuscité, n’est plus devant nos yeux d’une manière visible, tangible. Mais il est plus présent à nous-mêmes que nous-mêmes. ( Cf Saint Augustin , Confessions X ), présent dans le coeur humain, de tous les pays et de tous les temps, alors que sa présence physique était limitée dans des lieux et temps précis, il y  a quelques 2000 ans, en Palestine…


            Pentecôte, Présence de Dieu par l’Esprit, don de la présence du Christ ressuscité. Il est notre hôte intérieur, il habite l’univers. Il déverrouille nos blindages, il fait le ménage à l’intérieur de nous-mêmes pour laisser passer la Présence d’Amour de Dieu en nous et lui faire une grande place.  C’est ce qui est arrivé à ses amis enfermés dans la salle du haut, dans leur peur. D’une façon moins spectaculaire mais tout aussi réelle, c’est l’expérience de Pentecôte quotidienne à laquelle nous sommes appelés.

            Soudain, un fort coup de vent secoue la maison et nos amis enfermés. L’Esprit Saint, c’est comme le vent : « Tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va » (Jn3,8) mais il souffle en toi. Vent qui décoiffe, ou agite le voile, vent qui secoue, qui bouscule, qui soulève la poussière. L’Esprit Saint comme une brise légère qui apaise, comme un souffle qui fait tenir quand on est à bout de souffle, comme le souffleur qui souffle à nos oreilles, à notre conscience, à notre coeur un message de bien et de bonté. L’Esprit Saint, comme le vent, comme le souffle, le souffle de Dieu qui souffle en notre être son tonus et sa santé. Comme le feu aussi nous dit le récit de la première Pentecôte dans la première lecture. Non pas la violence ravageuse d’un incendie… des langues de feu, de lumière, qui réchauffent le coeur et la tête, qui assouplit nos rhumatismes intérieurs et ouvre à la relation et la communication.

            La flamme de Pentecôte s’est posée sur chacun et chacune. Cette présence nouvelle du Christ ressuscité est donnée à chacune, à chacun, personnellement. Offrons nos coeurs, nos corps aux langues de feu, présence de l’Amour et de la lumière de Dieu.

            L’ESprit Saint, on ne le voit pas ! On ne voit pas le vent, on ne voit pas l’amour ! Mais, on en voit les effets : les apôtres sortent non seulement de la salle mais ils sortent d’eux-mêmes. Ils parlent, ils sont compris dans la vingtaine de langues différentes des gens qui étaient là. Ils parlaient du Christ, de leur expérience avec lui. On peut arriver à se comprendre quand on parle le langage du coeur, de la vie, de la vérité, de l’essentiel. Les mots se rejoignent dans la profondeur du coeur et dans le silence, cet espace où parle l’Esprit Saint, notre hôte intérieur. On reconnait l’Esprit Saint à ce qu’il produit (c’est la 2ème lecture). Voir des cerises sur un arbre suffit à nous faire dire qu’il s’agit d’un cerisier.

            On veut souvent faire parler l’Esprit Saint, pour lui faire porter le chapeau de ce qui vient de nous-mêmes. « Voici le fruit de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi » dit Paul. J’ajouterai lumière intérieure en pensant à ce garçon, Yannick, que j’ai confirmé. Ce garçon avait des problèmes dans sa famille, dans ses études, dans ses relations. A la question posée au groupe : « L’ESprit Saint pour toi, c’est qui, c’est quoi, ça fait quoi ? », Yannick avait répondu : « je vais être confirmé. Pour moi, l’Esprit Saint, c’est comme un aspirateur à brouillard ! »

            Ouvrons nos coeurs au souffle de Dieu !

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