Homélie
du 6ème Dimanche de Pâques - Année B
Carmel
de Saint-Maur — Père Maurice Boisson
« Aimez-vous les uns les
autres… comme je vous ai aimés ! C’est mon commandement ! » dit Jésus
ce matin.
Peut-on encore dire quelque chose ?
C’est tellement connu, rabâché, usé, dévalué ! Et pourtant, plus essentiel et
nécessaire que jamais ! C’est vrai que l’on peut toujours en dire ou en chanter
quelque chose comme on vient de le faire au début de cette messe, des belles
paroles et de belles chansons… Et après ? Nous engagent-elles réellement,
concrètement, dans la vie et les relations de chaque jour ?
Une chose est sûre : s'aimer
vraiment les uns les autres, en essayant d’aimer comme Dieu et le Christ nous
aiment, n’est pas une matière à option, selon notre bon plaisir ou notre humeur
du jour !
« Mon commandement, le voici
! » dit Jésus. « Mon », il semble qu’il n’y en ait pas 36.
« Voici ce que je vous commande : c’est de vous aimer les uns les
autres. » C’est le mot de la fin de notre Evangile. Jésus ne nous dit pas
: « ça serait sympa si vous vous aimiez ! » A un autre moment, il
dira : « À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si
vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jn13,35). C’est le
repère, le signe distinctif, de ceux qui se réclament de moi. C’est le socle,
le ciment, l’ossature qui tiennent la maison, que ce soit notre maison
personnelle ou la maison commune que nous habitons.
On fait l’expérience chaque jour que
c’est difficile, on l’a chanté aussi avec René Fau : « Qu’il est difficile
d’aimer ». Qu’il est difficile de donner de soi pour aimer !
« Comme je vous ai
aimés » , en donnant quelque chose de nous-mêmes, qui nous arrache à
nos ornières, à notre confort intérieur, plus difficile encore à bousculer que
le bien-être matériel ! S’il y a un point d’accord général, c’est bien celui-là
: la nécessité de vivre ensemble dans la paix, l’entente, le respect, la
justice, avec des valeurs communes qui aident chacun à vivre. C’est écrit en
nous-mêmes : « Qu’est-ce que je ne donnerais pas pour qu’on s’entende,
pour qu’on se reparle, pour qu’il n’y ait plus de guerre, ou de
gué-guerre » … etc…
« Aimez-vous les uns les
autres ». Bien sûr ! Mais, comment ? « Comme je vous aime » dit
Jésus, non pas par une parole, mais par un acte, un geste qui sort du coeur, de
l’être même de Dieu. « Car Dieu est Amour » (1Jn 4,8) il n’est
qu’Amour, nous venons de l’entendre et l’Eucharistie que nous célébrons est le
rappel, l’actualisation et la source de ce « comment » nous devons
aimer. Pour aimer en vérité, il nous faut d’abord accueillir l’amour en nous.
« La plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu’elle a » dit
le proverbe. Aimer, s’aimer les uns les autres ne se trouve pas seulement en
nous-mêmes. On sait ce que cela donne que de vouloir nous suffire à nous-mêmes
pour vivre les uns avec les autres dans la charité. Le moi prend vite beaucoup
de volume… Or, il y a une source. Il y a une source à tout, au bien comme au
mal. Il y’a une source pour aimer, pour s’aimer les uns les autres. Ce sont les
premiers mots de la 2ème lecture : « Bien-aimés, aimons-nous les uns les
autres, puisque l’amour vient de
Dieu. »
« Bien-aimés »… Si déjà,
nous pouvions nous dire cela, en vérité !
« Bien-aimés, aimons-nous les
uns les autres, puisque l’amour vient de
Dieu. » C’est difficile d’aimer comme Dieu nous aime, mais Il est la clé
qui ouvre, qui entrouvre. C’est le difficile qui est le chemin. C’est la source
qui donne l’eau vive. Le Petit Prince de Saint-Exupéry disait devant le désert
: « Ce qui embellit le désert, c’est qu’il cache un puits quelque
part. » C’est à ce puits qu’il nous faut puiser. L’Amour vient de Dieu.
Car Dieu est Amour.
Et, il paraît que nous sommes faits
à son image… Ça, c’est une bonne nouvelle !
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