Homélie
du 5ème Dimanche de Pâques - Année B
Carmel
de Saint-Maur — Père Maurice Boisson
Quand on est né, qu’on a grandi et
travaillé dans le vignoble - et dans un bon cru ! - cette image de la vigne
devient comme une réalité de nos vies.
« Mon Père, dit Jésus, Dieu,
est le vigneron. » Il prend soin amoureusement de sa vigne, non seulement
pour se faire plaisir, mais parce que son plaisir, sa joie, seront de voir les
beaux fruits et le vin de qualité que donneront les sarments que nous sommes. Le
sarment, c’est la branche qui vient du cep et qui porte le raisin. Il ne donne
rien s’il n’est pas « branché » (c’est le mot) sur le pied de vigne.
« Je suis la vraie vigne »
dit le Christ. Nous, les sarments, nous ne pouvons donner les fruits que sont
la charité, l’amour les uns des autres (c’est la 2ème lecture), que si nous
sommes, personnellement et ensemble, greffés sur la vigne qu’est le Christ.
C’est de lui que nous tenons la sève, la force de grandir intérieurement, la
résistance aux agressions, intérieures et extérieures. Cette sève qu’est le
Christ donne à nos façons d’être le bon bouquet, celui de l’Evangile, le bon
goût à la vie.
La vigne a des racines très
profondes, qui puisent la sève dans un bon terroir humain et dans celui du
coeur de Dieu, de son être. Ca ne peut donner que du bon, ce bon bouquet, ce
parfum de Dieu, du Christ, de l’Evangile ! Qu’est-ce qu’on aimerait le respirer
plus souvent ! Et surtout, en répandre la bonne odeur. C’est à cela que nous
appelle cet Evangile : « la gloire de mon Père, c’est que vous portiez
beaucoup de fruits. »
Si nous demeurons en celui qui est
la vigne, et qui demeure en nous. Dans ces quelques lignes, à 8 reprises, Jésus
nous parle de demeurer en lui pour donner du fruit. C’est le prix de la
fécondité de la vie spirituelle et de la vie tout court car on n’a pas deux
vies, c’est la même, le prix de cette union vitale du sarment à la vigne.
« Je suis la vraie vigne » dit Jésus.
Pour donner du fruit, le sarment
doit être taillé, émondé, purifié, sinon il est à bout de sève, comme l’exprime
un beau chant du temps pascal : « Ton printemps s’est réveillé dans nos
sarments à bout de sève » (I144). La vie, la sève se réveillent et
re-circulent si nous consentons à ôter de nous-mêmes ce qui est sec, ce qui est
inutile et qui pompe la sève. On appelle cela « les gourmands », ça
ne donne rien mais ça épuise la vigne. La taille de la vigne est un très beau
travail, comme le travail intérieur, délicat, intelligent. En effet, on ne
taille pas à coup de hache, dit Saint François de Sales mais à la serpe. On
dirait aujourd’hui au sécateur, doucement, sarment après sarment. C’est le soin
de Dieu, le vigneron, pour sa vigne. Chacun est traité pour lui-même, selon ses
fragilités, ses capacités, ses chances. Quand on taille une vigne, on pense
toujours plus loin, à la suite, à l’avenir : on prépare la taille de l’année
suivante.
Cette image de la vigne nous révèle
une éclatante vérité : celle de notre vie personnelle et ensemble : « En
dehors de moi, vous ne pouvez rien faire ! » dit Jésus. Mais si ! On peut
tout faire, plein de choses, et encore… Oui, mais… La vigne qui n’est pas
taillée, elle pousse, elle se développe à tout va. La première année, il y a
beaucoup de grappes avec de tout petits grains au goût âcre. Et après, c’est
fini. Elle continue sans doute à pousser et à envahir mais sans fruit. Un grand
spirituel, le Père Surin, jésuite, écrivait : « La faute ordinaire des
bons est de vouloir agir par eux-mêmes et non aidés de la grâce. »
« Demeurez en moi. De même que
le sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même, de même vous non plus, si
vous ne demeurez pas en moi ! »
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