Homélie du 26ème Dimanche année B
Carmel de Saint-Maur —Père Maurice Boisson
Etre tolérant
et exigeant. Est-il possible de tenir les deux ? C’est une des questions de cet
Evangile.
Un ami, qui
n’allait pas à la messe et ne fréquentait pas l’Eglise, est décédé l’an
dernier.Il était bon pour les gens et toujours de service. A la sortie de son
enterrement, j’entends une personne disant : « S’il ne va pas au paradis
celui-là, je n’y comprends rien ! » Une autre personne de lui répondre : « tais-toi
donc! Il ne mettait jamais les pieds à l’église. Il n’était pas de notre bord,
il n’est pas des nôtres ! »
C’est un peu la
réflexion de Jean : « On a vu quelqu’un qui faisait le bien en ton nom. On
l’en a empêché. Il n’est pas des nôtres. Il n’est pas comme nous. »
Ils sont
jaloux, Jean et les autres. Ils se donnent à eux seuls le monopole de faire le
bien et de dire où est le bien. « C’est à nous de faire ça ! »
« Ne les empêchez pas » répond Jésus. « S’il fait le bien, s’il
combat le mal, il est pour nous. »
Personne n’a le
monopole du coeur, du bien. Pas besoin d’appellation contrôlée, de marque
déposée. Les dons de Dieu et son Esprit traversent les coeurs, les frontières
et les clôtures que nous pouvons érigées. « Ne soyez pas jaloux » dit
la première lecture. « Au contraire, que cela vous stimule »
Cela nous gêne
parfois que d’autres, qui ne sont pas des nôtres, fassent mieux que nous dans
le domaine de la charité. Déjà au temps de Moïse, dans la première lecture, on
voulait arrêter des gens de parler de Dieu parce qu’ils n’étaient pas au bon
endroit : ils étaient dans le camp et pas sous la tente ! Dehors et pas dans
l’Eglise. « Arrêtez-les ! » et Moïse de répondre : « Ah, si seulement tout le monde
pouvait faire le bien ! Ne soyons pas jaloux mais au contraire, réjouissons-nos
quand le bien se fait, quand la paix et le respect avancent dans les relations.
Réjouissons-nous quand on s’écoute et se parle, quand on se soutient, quand on
s’aide dans les traversées difficiles. Réjouissons-nous quand le mal - ce qui
abime, détruit, enraye la vie ensemble et notre propre vie - recule.
Personne n’est
de trop pour chasser les démons qui rôdent. « Ne l’empêchez pas ! »
Cette attitude
serait-elle une porte ouverte à la tolérance, au tout est permis, à l’indifférence
devant les choix ? Si Jésus demande de laisser faire le bien qui s’accomplit en
dehors de nos organisations, de nos institutions et de nous-mêmes, il a des
paroles très dures pour ceux qui entrainent volontairement quelqu’un au mal ou
qui, par leur attitude, détournent des personnes de la bonne direction, pour
ceux qui scandalisent. Le scandale, l’occasion de chute, est un obstacle qui
fait trébucher, tomber, casser. C’est quelque chose sur quoi on bute ou fait
buter les autres. Il vaut mieux qu’on le jette à la mer, qu’on se coupe la
main, le pied - il aurait pu ajouter la langue, qui met tant d’obstacles dans
les relations.
Dans ce langage
du pays, aux formules un peu fortes et exagérées, Jésus nous dit de ne pas
pactiser avec les forces du mal. Nous n’avons pas à juger les autres personnes
et leur conscience. Nous avons à combattre le mal, et d’abord celui qui est en
nous. Cela explique la dureté des paroles de Saint Jacques dans la deuxième
lecture et ça ne concerne pas seulement les richesse matérielles.
Cette parole de
Dieu pour ce dimanche ne nous propose pas un comportement d’équilibriste entre
la bienveillance et la rigueur. Elle ne justifie ni nos étroitesses d’esprit ni
non plus nos molles lâchetés. Elle nous invite à être tout simplement des
témoins de la vérité de Dieu, miséricordieux et vrais.
« Ne
l’empêchez pas de faire le bien. Ne soyez pas pour les autres et pour
vous-mêmes une occasion de chute »
Le message est
résumé dans l’acclamation de cet Evangile : « Ta Parole, Seigneur, est
vérité : dans cette vérité, sanctifie-nous. »
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