Homélie du 28ème Dimanche année B
Carmel de Saint-Maur —Père Maurice Boisson
« Que
dois-je faire pour hériter de la vie éternelle ? »
Qui se
préoccupe, aujourd’hui, d’hériter de la vie éternelle ? Dans les héritages, les
préoccupations sont habituellement ailleurs, plus bassement matérialistes,
comme on dit !

Ce jeune homme,
comme dit Saint Matthieu, était en règle, il faisait ce qu’il fallait. Il était
en règle avec les commandements qu’il observait depuis sa jeunesse, dit-il.
Cela ne suffisait pas. Cela ne comblait pas son désir de plus. Cela peut
contenter les pharisiens qui veulent être en règle extérieurement mais pas ceux
dont le désir d’être meilleur va au-delà des règles, des pratiques. C’est une
question de coeur et d’esprit. C’est là que tout bascule pour cet homme, dans
la rencontre avec Jésus : un regard d’abord, comme on en trouve si souvent dans
l’Evangile, un de ces regards qu’on n’oublie jamais. Un regard aimant, qui
aime, qui attire. Amour qui invite à faire un pas de plus pour un meilleur de
soi.
Jésus posa sur
lui son regard. Il ne jette pas un coup d’oeil rapide, inquisiteur, qui colle
tout de suite une étiquette sur l’autre. Il pose délicatement, avec tendresse
et respect son regard sur lui et il l’aima d’un même mouvement du coeur, qui
remue, alors qu’il y a tant de regards qui paralysent et qui enferment.
De ce regard
aimant peut alors venir une parole difficile, dure, comme c’est le cas ici.
Cette parole ne peut être dite et entendue qu’en aimant : « Tu veux la
vie, la vraie ? Une seule chose te manque : va, vends, partage et viens. Va en
toi-même, fais le ménage, désencombre-toi de toi, déleste-toi de ce qui
t’attache à ce qui n’est pas important, essentiel. Partage ce qu’il y a de
meilleur en toi, ne le garde pas dans un coffre et viens vivre de mon esprit,
des vraies valeurs de la vie, de ce qui vaut. Vis ce qui vaut la peine. »
Ces paroles
sont dures à entendre et à vivre. Il avait de grands biens, cet homme. On ne
dit pas que c’étaient des biens matériels. Il y
d’autres « grands biens » qui nous ligotent et nous possèdent
bien plus que nous les possédons. On a bien une petite liste en nous-mêmes.
Sépare-toi de
ce qui te retient d’être meilleur, plus humain, plus fraternel, plus près de
Dieu et des autres, de ce qui te sépare de la vraie vie que tu
cherches. Il ne s’agit pas d’en faire plus que tu ne fais déjà, dit Jésus,
mais d’être ce que tu désires être et ce que Dieu désires que tu sois. Il
s’agit d’être plus, meilleur et tu auras en héritage la vie, la vraie, pour
toujours.
C’était
difficile pour cet homme sur le coup et il s’en alla tout triste, parce que
cela lui paraissait trop. Et Jésus ne lui fait pas de reproches, il ne lui fait
pas la morale, il continue de l’aimer, allumant en lui une espérance : c’est
possible à Dieu, avec Dieu ! Rien n’est fermé, verrouillé dans nos vies.
Personne ne sait ce qu’est devenu cet homme. Il gardait en lui ce regard
aimant, inoubliable, posé sur lui. Peut-être était-il de ceux qui ont écouté
les apôtres à la Pentecôte et ont été témoins de la vie selon l’Evangile du
Ressuscité.
Alors, si nous
avons quelques airs de ressemblance avec cet homme, laissons Jésus poser sur
nous son regard aimant afin que nous puissions poser le même regard sur les
autres !
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