Homélie du 27ème Dimanche année B
Carmel de Saint-Maur —Père Maurice Boisson
Tous les trois
ans, cet évangile empêche de dormir celui qui doit le commenter ! Chaque trois
ans, c'est pire, étant donné le développement des situations, concernant les conflits,
les séparations, les enfants, le don de la vie et les débats que ces questions
suscitent actuellement et les enjeux que cela engage.
C'est dire
qu’en quelques minutes, il est difficile d'aborder ces problèmes complexes et
douloureux soulevés par cet Evangile. À moins de faire comme les pharisiens,
demander une réponse par oui ou non, permis ou défendu. C'est le piège dans
lequel les pharisiens veulent faire tomber Jésus. Les pharisiens, ils ont la
vérité pour eux, ils sont gardiens de la Loi qu'ils pratiquent quand ça les
arrange. Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ? Ils ne demandent pas si
une femme peut renvoyer son mari ! C'était, en ce temps-là, impossible. Seul
l'homme pouvait renvoyer sa femme, peu considérée…
Jésus ne se
laisse pas enfermer et il n'enferme pas dans la lettre du permis et du défendu.
On sait bien que le permis et le défendu existent et c'est important.
Heureusement qu’ils existent !
Jésus nous
invite à réfléchir au pourquoi, à la signification de nos choix qui engagent
notre responsabilité. En quoi s'enracinent le permis et le défendu ? Pas
d'abord dans un code ou une règle extérieurs, mais dans notre conscience qui a
reçu dès l'origine, du Créateur, la lumière et les balises pour conduire notre
vie et notre vie ensemble vers le bonheur et non le malheur, vers l'unité et
non la division, en un mot vers l'amour. L'amour étant la source et le but de
notre agir. L'amour n'est pas juste un beau mot. Il a un nom : Dieu.
Dieu est Amour.
Nous sommes fait à sa ressemblance. C'est notre première ADN. Nous sommes faits
pour aimer et faire de ce monde, à commencer par nos relations les plus proches
et les plus quotidiennes, l'unité de l'origine et du but pour lequel nous
sommes faits.
Dieu les fit
homme et femme, dit Jésus au pharisiens : Ish et Isha, différents et égaux,
complémentaires, riches ensemble de ce qu'ils sont chacun, même si ce n'est pas
toujours facile de vivre ces différences. C’est sans doute plus facile que si
on était des clones les uns pour les autres. Quel ennui et quelle tristesse ! A
l’origine, aujourd'hui et pour toujours, Dieu nous créé différents pour aimer
et être aimés, C'est l’être même de Dieu.
Ce que Jésus
dit de l'homme et de la femme, du mariage, ça vaut pour tous, célibataires,
religieux ou autres. Nous sommes aussi tous différents, appelés à être unis,
rassembler en Dieu aimant les uns les autres. Que l’être humain ne sépare pas
ce que Dieu a uni, tel est le commandement de Dieu. L’amour, c’est quand la
différence, les différences ne séparent plus.
Alors nos
pharisiens reviennent à la charge : « Pourquoi Moïse dans la Loi a -t-il
permis de renvoyer sa femme ? Et voilà le cœur de la question : c'est la raison
dit Jésus de votre « sclerocardia ». Ce mot grec traduit par
« dureté du cœur ». C’est en raison de votre cœur sclérosé. Votre
sclérose du cœur, pas physique, mais d'un amour sclérosé, desséché par nos
égoïsmes, nos individualismes, sont le couvert parfois de belles appellations.
Un cœur qui ne fonctionne plus guère pour recevoir l'énergie de l'amour à sa
source et le renvoyer à un autre, aux autres. « Ce n'était pas comme ça à
l’origine", dit Jésus. Dieu a mis l'amour dans nos cœurs, comme il nous
donne son souffle de vie.
Personne n’a
inventé la vie, personne n'a inventé l'amour. C'est un don du Créateur, au
premier matin du monde, aujourd'hui, demain et pour toujours. Permis ou défendu
? Laissons la question aux pharisiens. Nous savons la réponse, elle est écrite
dans notre cœur, s'il n'est pas sclérosé. Elle nous est redite dans l'acclamation
de l'Évangile : «Si nous nous aimons nous les uns les autres, Dieu demeure en
nous, et en nous, son amour atteint la perfection. »
La réponse a un
nom : Dieu est amour !
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