Homélie 14ème
dimanche TOC 2019
Carmel de St Maur -
Père Maurice BOISSON
Is 66,10-14c; Ga 6,
14-18; Lc 10,1-12.17-20.
Ils n'y arrivent pas,
les 12! La tâche qui leur est confiée est immense : faire connaître le Christ
et l'Evangile à toutes les nations! "C'est un gros chantier", dit
Jésus, "et les ouvriers sont peu nombreux..." .C'est pareil chez nous
aujourd'hui. On devra bien se faire à l'idée de recommencer l'annonce de
l'Evangile à une société qui, peu à peu, perd les bases, les références, les
pratiques chrétiennes...
Alors Jésus en
désigna encore 72. 72, dans le livre de la Genèse correspondait aux peuples
connus en ce temps. C'est aussi 6 fois 12, le groupe des apôtres correspondant
aux 12 tribus d'Israël. En résumé, les 72 : c'est tous, c'est nous. Nous avons
reçu, à notre Baptême et Confirmation, l'Esprit Saint pour vivre et témoigner
du Christ et de l'Evangile.
"Je vous
envoie" dit Jésus. Envoyé mais où?... "Envoyé" évoque partir,
aller au loin...
Comme notre voisin de Bornay Saint Pierre-François Néron parti
au Tonkin, notre ami Gaby Maire au Brésil, actuellement le Père Popon de Dole
au Japon, le Père Nachon dans une Île de Guadeloupe, les religieuses parties
des Philippines, d'Afrique et d'autres Carmels pour venir chez nous etc... Et
nous? Nous sommes là, dans notre famille, notre village ou
notre ville, dans ce monastère, avec notre métier, nos relations, nos
activités... Et nous sommes envoyés! Sur place, là où nous sommes plantés, pour
faire fleurir des fleurs et mûrir les fruits de l'Evangile et de la présence du
Christ. "Je vous envoie... là où vous êtes...". "Là" est le
lieu de votre témoignage...
Ensuite, Jésus ne
cache pas à ceux qu'il envoie, loin ou ici, les difficultés qui les attendent.
Il les prépare à ne pas toujours recevoir un bon accueil... Là-bas où ici. Bien
sûr on n'est pas ici, comme dit Jésus, "comme des agneaux au milieu des
loups". (Entre-parenthèse nous pouvons être nous-même aussi des loups pour
les autres). Aujourd'hui, la difficulté de témoigner, de communiquer et de
transmettre notre foi et nos convictions, nos valeurs, se heurte à
l'indifférence, à une mentalité utilisatrice et à une perte de la dimension
humaine et spirituelle de l'existence.
"A quoi ça sert
d'aller à la messe? De faire baptiser le petit? De passer des heures à prier? À
quoi ça sert de se marier à l'Eglise et d'aller au caté?... Il vaut mieux aller
à la danse, à la musique, etc. Vous connaissez mieux que moi ces difficultés...
Malgré tout, on essaie de partager nos convictions... Et nos convictions, si
elles sont vécues, elles marquent toujours.
Envoyé, ici ou
là-bas, dans une société pas facile d'accueil de la foi chrétienne, pour dire
et faire quoi? "Dites d'abord : Paix à cette maison et guérissez les
malades qui s'y trouvent". Dans votre propre maison, ayez cette attitude
de Paix intérieure sans laquelle on ne peut rien entendre, ni accueillir, parce
qu'on est bloqué dans le refus. Comme Jésus "l'envoyé", le témoin, ne
s'impose pas. Il
est proposition et, si possible, proposition crédible, en vivant lui-même ce
qu'il propose. Dites : "Paix à cette maison". Soyez vous-même la
Paix. Soyez vous-même pacifié" pour créer les conditions d'écoute,
d'annonce, de ce que vous voulez transmettre. Cela suppose, c'est la dernière
consigne de Jésus : de s'alléger! Gardons l'esprit de ce que nous demande
Jésus, plus fort que la lettre que nous ne pouvons appliquer aujourd'hui : On a
besoin d'un peu de monnaie dans son sac, de chaussures ou de vêtements. C'est
l'esprit qui est plus difficile : nous alléger de nos habitudes, de nos
certitudes, de nos vérités toutes faites, de nos paraîtres, de nos carapaces...
"Voici que je
vous envoie". "Envoyés" nous le sommes - nous y sommes- dans le
quotidien de notre existence de chaque jour. C'est là que nos noms s'inscrivent
chaque jour, pour toujours, dans le cœur de Dieu.
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