Homélie du 16ème
dimanche T.O.C 2019
Carmel de Saint Maur
– Père Maurice BOISSON
Gn 18,1-10a ; Col
1,24-28 ; Lc 10,30-42
Marthe et Marie ont été et sont souvent caricaturées, étiquetées dans un rôle - ce
que Jésus n’a jamais fait à leur égard - . « Il faut bien manger ! » dit-on, Marthe aux
casseroles ! Marie au salon ! « Il faut bien accueillir et tenir
conversation ! ». Cette opposition entre les deux, a donné lieu,
hélas, à opposer le spirituel et le temporel, l’action et la contemplation,
l’être et le faire etc.
Jésus, dans ses
rencontres avec les gens, n’a jamais figé les personnes dans un rôle, une
attitude. Il n’a jamais dit que la vie réelle était toute noire ou toute
blanche. Nous sommes mêlés de tensions intérieures qui, parfois, nous
tiraillent dans nos choix. Jésus nous invite à unifier notre vie autour de
l’essentiel, de ce qui est important : l’accueil, l’écoute de l’autre et
de l’Autre, dans l’ajustement de nos choix au désir de Dieu. Jésus n’a jamais
opposé Marthe et Marie. Il n’a rien reproché, ni à l’une ni à l’autre. Il nous
met en garde contre la tentation de nous laisser accaparer par de multiples
occupations, de nous agiter pour bien des choses, au détriment d’un
essentiel
: le discernement de ce qu’est notre vrai bien, le bien de ceux
avec qui nous vivons et que nous accueillons. La question de Marthe fait réagir
Jésus. « Ça ne te fait
rien ? Que je sois seule à préparer le repas ?... Dis donc à ma
sœur de m’aider au lieu d’être là à t’écouter ! » Marthe se
plaint un peu agacée, avec peut-être un brin de jalousie. Jésus ne lui fait pas
de reproche. Saint Jean dans son Evangile dit : « Jésus aimait Marthe et sa sœur, et
Lazare ». Par deux fois, il dit son prénom dans une affectueuse
proximité : « Marthe,
Marthe... Ne fais pas compliqué » c’est le texte original traduit
par « Tu t’agites pour bien des
choses »... « Ne fais pas compliqué ! » pour prendre le temps d’être un
peu avec nous. J’ai des choses
importantes à vous confier. En effet, Jésus avait besoin de partager, de
confier à ses amies proches ce qui allait bientôt arriver au bout de cette
route qui mène à Jérusalem, à la Passion. Toutes les deux, Marthe et Marie,
avaient le souci de bien accueillir « L’Ami », « Le
Seigneur » dit Marthe. Chacune à sa manière. Marie était assise aux pieds
du Seigneur, écoutant ses paroles, c’était l’attitude des disciples écoutant le
Maître. Et Jésus dit à Marthe : « Marie
a choisi la bonne part »,
dit le texte d’origine – pas la « meilleure »,
la « bonne ». La « meilleure » :
il n’y en a qu’une. La « bonne » : il peut y en
avoir plusieurs !...
L’attitude de Marthe et celle de Marie, sont en nous,
mêlées. Ne cherchons ni à les opposer, ni à les confondre. Ecoutons le message
qui nous est adressé dans cette rencontre : Qu’est-ce qui est essentiel,
qu’est-ce qui est premier dans ta vie ? Plus précisément : dans tel
événement, dans telle rencontre, dans
tel moment de difficultés, de réussite, d’imprévu, dans ce que tu as à faire au
quotidien... Qu’est-ce qui est important ? De quoi as-tu le plus
besoin ? De quoi les autres ont-ils le plus besoin que tu sois et que tu
fasses en ce moment ?
Quelle est cette bonne part que tu choisis ? Pour
goûter et faire goûter la joie de l’accueil et de la rencontre, pour offrir à
la fois nos mains et nos cœurs, l’affection
et la table, le pain et l’écoute... et les fleurs.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire