Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson
1 Samuel 3,3b-10.19 ; Psaume 39 ; 1
Corinthiens 6,13c-15a.17-20, Jean 1,35-42
Les
événements qui marquent notre pays - et bien au-delà - ne laissent personne
indifférent, quelles que soient les opinions ou les convictions.
Ce
qui s’est passé, et l’onde de choc qui continue de déferler, bousculent ou
renforcent nos idées, nos pensées, provoquent des réactions qui peuvent être
divergentes, suscitent l’inquiétude et l’émotion, posent des questions, nous
interrogent sur notre vie ensemble, nous appellent à des choix, font surgir des
débats concernant des valeurs fondamentales : les religions, la liberté
d’expression, et ses limites, le respect de la vie humaine, de l’existence de l’autre
dans ce qu’il y a de plus précieux en lui… et bien d’autres réalités de la
société.
De
toute épreuve peut sortir un mieux, si on accepte que la réflexion,
intelligente, sereine, respectueuse, prenne le pas sur l’émotion, les slogans,
la pression d’une seule pensée.
Si
ce n’est ni le moment, ni le lieu de commenter les événements ni d’aborder ces
questions, les chrétiens - disciples du Christ et de l’Evangile - ne sont pas
absents de cette vie de notre monde.
Nous
sommes réunis ce matin au nom de Celui qui a donné sa vie pour rassembler
l’humanité dans l’Amour, nous tenons de Lui une parole de Lumière, de Vérité,
de Justice, d’Amour, de Paix, de respect de la dignité de tout homme, qui sont
autant de balises, de repères pour des relations et un vivre ensemble humains,
à commencer par notre quotidien.
Non
seulement nous tenons du Dieu de Jésus-Christ les repères pour réussir cette
humanité, mais surtout l’énergie pour l’accomplir, pour être, là où nous sommes,
levain, lumière, sel - qui sont un service pour nos sociétés, et un plus
d’humain.
C’est
la force de la prière, de l’Eucharistie que nous célébrons, de la présence du
Christ ressuscité sur nos routes, et de l’Esprit Saint dans nos cœurs.
Nous
sommes au cœur même de la Parole de Dieu de ce dimanche.
Comme
le jeune Samuel, nous entendons dans notre cœur des appels que nous ne savons
pas très bien identifier, nous nous rendormons plusieurs fois : « Samuel,
Samuel ! – Qui c’est qui m’appelle ? »
« Parle, Seigneur, ton serviteur
écoute » (1 Samuel 3,10).
Dieu
nous parle : pas à notre portable, ni dans des grandes visions ; il
nous parle dans les événements, par la vie, par sa Parole ; il nous permet
de repérer les impasses et les issues, parce qu’il nous indique la direction,
la grammaire élémentaire de l’humanité dont il connaît le mode d’emploi
puisqu’il en est l’auteur.
C’est
notre foi ; nous avons la liberté de l’exprimer et de la vivre.
Trois
paroles de l’Evangile de ce dimanche nous y aident :
-
Aux deux amis qui
le suivent, Jésus demande : « Que
cherchez-vous ? » (Jean 1,38)
Il nous le demande aussi : « Qu’est-ce que
vous souhaitez, qu’est-ce que vous désirez au fond de vous-mêmes, qu’est-ce que
vous voulez, pour ce monde, pour vous-mêmes, pour vos proches, pour un plus
d’humanité ?
-
Pressentant que
peut-être ils étaient sur un bon chemin pour leur recherche, à leur tour ils
demandent : « Où
demeures-tu ? » (Jean 1,38)
« Pas seulement et d’abord le nom et le numéro de
ta rue dans ton pays : Qu’y a-t-il dans la demeure de ton
cœur ? Quel est ton logis intérieur ? »
Pas « où est-ce que tu habites ? » -
mais « qu’est-ce qui t’habite ? Est-ce qu’il fait bon vivre de
toi ? »
Ta première demeure est toi-même, ta conscience, ton
cœur. Les événements nous révèlent de quoi est faite notre demeure intérieure.
« Si nous allions – nous disent nos amis – là où
c’est éclairé, paisible, aimant, où réside la vraie liberté de Celui qui rend
libre ? »
« Où
demeures-tu ? »
-
« Venez et vous verrez » - répond Jésus (Jean 1,39). « Vous verrez
vous-mêmes si ça correspond à votre recherche. Mais prenez le temps de passer
un moment près de moi.
« Ils
restèrent auprès de lui ce jour-là » (Jean 1,39).
Restons
un peu près de lui, de cette Eucharistie, dans la prière, dans l’écoute de ses
appels.
« Seigneur, donne-moi un cœur qui
écoute. » (1 Rois 3,9)
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