Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson
Ils ont du succès, ces
mages ! On mange même la galette en leur honneur !
Des œuvres musicales et des
chansons ont été composées sur leur histoire ; d’ailleurs, on ne se
souvient jamais bien du nom du troisième.
En plus, une légende en
propose un quatrième : il venait du grand nord, avec un traineau rempli de
perles rares pour offrir au petit roi de la crèche. En cours de route, il
rencontre des malades, des enfants, des malheureux, des gens gentils qui
l’accueillent, et chaque fois il donne des perles. Arrivé où l’étoile le
conduisait, il n’a plus rien à offrir… il a tout donné. Alors, le voilà avec
plein d’étoiles dans les mains, dans les yeux, dans son traineau ! Il
avait tout donné en route - il reçoit des biens encore plus précieux : de
la belle lumière qui guide, et éclaire et réchauffe.
Cette fête de l’Epiphanie
nous adresse beaucoup de messages. J’en ai retenu trois, comme nos trois – ou
quatre – marcheurs à l’étoile.
-
Dans l’intimité de la
crèche, entre l’immensité du monde – « Marie
et Joseph pourront te raconter qu’avec nous, après les bergers, tout l’univers
s’est rassemblé sous son étoile… »
Il
y a place pour tous, dans la crèche, dans le cœur de Dieu, si nous acceptons de
suivre une étoile.
L’Epiphanie,
c’est Dieu qui se révèle à tous - le Dieu pour tous : Dieu des bergers et
des savants, de l’orient à l’occident, des doux moutons aux ânes têtus, des
forts comme un bœuf au bébé fragile.
Cette
étoile du Christ-lumière s’est allumée dans tous les quatre continents :
cette semaine, un séminariste originaire du Vietnam était ici au Carmel, …un
jeune originaire de Dole et prêtre missionnaire au Japon, …le Père Nachon qui
est dans sur une île de l’océan Atlantique, …Saint Pierre-François Néron,
missionnaire au Tonkin, …le Pape, qui est d’Amérique latine, …des Sœurs avec
nous, qui viennent des Philippines, d’Afrique, …et nous aussi, de nos pays…
Les
mages ont accueilli l’étoile du Christ depuis les bouts du monde. Les bouts du
monde sont aussi tout proches : dans nos familles, nos relations, nos
lieux de travail, nos villes et nos villages ; quelles étoiles les
guideront à la lumière du Christ ?
-
C’est le deuxième
message : « Nous avons vu son
étoile et nous sommes venus » - disent nos trois amis (Matthieu 2,2).
Ils
cherchaient - ils ont suivi l’Etoile.
Et
toi, quelle est ton étoile ? Quelle étoile te guide, te met en
route ? Quelle est ta recherche ?
« Les
gens ont des étoiles qui ne sont pas les mêmes » - dit le Petit Prince.
Quelle
est la tienne, celle qui traverse tes cieux intérieurs, tes nuits et tes
aurore, l’étoile qui t’indique les pièges de la méchanceté, de la jalousie, de
la ruse et du mal ?
Quand
nos chercheurs sont arrivés chez Hérode, l’étoile n’a plus brillé, c’était
l’obscurité du mal. Ils partirent de là, et voici que l’étoile les conduit à
nouveau – elle était au-dessus de l’endroit où se trouvait l’enfant (cf.
Matthieu 2,9) – un endroit, un cœur de paix et de tendresse, de douceur, de
bonté – « Et ils se réjouirent d’une
grande joie » (Matthieu 2,10). Ça va de soi : l’étoile, la
crèche, sont source de joie intérieure.
« Debout, elle est venue ta
lumière » - c’est la première
lecture (Isaïe 60,1).
-
Le troisième
message est celui du quatrième mage de tout à l’heure : ils sont tous
venus avec quelque chose de précieux, de valeur, pour l’offrir… les bergers
aussi, avec leur bonne humeur et leur simplicité. Ils ont découvert, tous, que
ce qui avait le plus de valeur, c’était ce qu’ils étaient - un meilleur
d’eux-mêmes qu’ils recevaient de l’enfant : l’or devenait un cœur
d’or ; l’encens : un bon parfum de paix, de bonté à respirer ;
la myrrhe et les perles : des étoiles, des perles de lumière, de
fraternité.
Dans
leur cœur, et dans celui des bergers, prenait place le grand cadeau de
Dieu : il s’est donné lui-même. « Dieu
a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils » (Jean 3,16).
Le
fruit de l’amour – on ne peut pas acheter l’amour, mais on peut offrir
l’affection, la bonté, le pardon, la paix - cela n’a pas de prix.
« Ils regagnèrent leur pays par un autre
chemin » (Matthieu 2,12).
Un autre chemin intérieur,
bien sûr. Leur vie, leur recherche, leur route, avaient changé de direction.
L’Etoile qui les avait guidés, qu’ils avaient suivie, brillait à tout jamais
dans leur cœur.
Elle continue de briller
aujourd’hui dans le cœur de tous celles et ceux qui cherchent une route, un
sens.
Et
si nous étions les uns et les autres des étoiles ? – Oh, pas des
lumières ! Des étoiles - si petites soient-elles - qui disent que la nuit
n’est jamais totalement la nuit, que la vie n’est jamais privée d’étoiles.
« Nous avons vu son étoile et nous
sommes venus. »
Mettons-nous
en marche vers la lumière.
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