lundi 5 janvier 2015

Homélie obsèques de Sœur Hélène de la Croix

Homélie obsèques de Sœur Hélène de la Croix
 5 janvier 2015 - Carmel de Saint-Maur -
Père Maurice Boisson

1 Corinthiens 13,8-13 ; Psaume 102 ; Jean 3,16-18
« Il en coûte au Seigneur, de voir mourir les siens » - dit le Psaume 116 (verset 15).

Quel que soit l’âge, la situation où passe la mort, celle-ci laisse toujours une blessure, une peine, où peut éclore une timide et secrète pousse, appelée Espérance.

« ça lui coûte, à Dieu, de voir mourir ses amis. »

A nous aussi ; c’est au cœur même de ce qui reste et restera toujours une blessure dans notre humanité, dans nos affections, dans nos solidarités - et non nos divergences - que nous pouvons prêter l’oreille à un murmure discret, qui entrouvre vers une étoile, vers le temps de la Nativité, que notre Sœur aimait bien, le temps d’une nouvelle naissance, d’un nouvel engendrement, comme on l’a chanté.


Même à 99 ans, c’est pas étonnant qu’elle avait confiance et dévotion à l’Enfant Jésus, représenté par cette belle statue, vénérée à Beaune depuis 1643 – le petit Roi de grâce. Nul doute qu’aujourd’hui il accueille son amie.

Ce passage de Sœur Hélène nous laisse au cœur de la réalité de la Nativité et de son message ; nous venons de le ré-entendre : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique » (Jean 3,16).

Tout engagement, dans la vie religieuse, dans le mariage, dans le ministère ordonné, dans le célibat, est un don d’Amour, un don de soi dans et par Amour. C’est Dieu qui en est la source ; il nous a tellement aimés – ce don qu’il nous donne ne peut que nous rendre donnant à notre tour – donnant de nous-mêmes.

« Aimer, c’est se donner soi-même » (Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face).

C’est le but et le sens de toute vie, au quotidien, avec les difficultés d’aimer, au long des jours, dans une Communauté ou dans un couple.

Ces difficultés n’ont pas épargné Sœur Hélène. Elle a dû, un temps, quitter son Carmel – et à nouveau elle a recommencé.

Comme l’enfant, nous allons toujours de naissance en naissance.

Ce recommencement a été pour elle celui de la réconciliation – c’est encore plus fort que le don de l’amour, c’est au-delà du don : le pardon.

« Il n’y a plus rien entre nous, j’ai pardonné. »

C’est avec un cœur apaisé, habité du don de l’Amour qu’elle était arrivée, dans son nouveau Carmel de Lons, auprès de vous.

« Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique. »

Il ne m’appartient pas de dire s’il y a un lien entre le jour du décès de Sœur Hélène et le jour anniversaire de naissance de Sainte Thérèse, la « petite », le 2 janvier 1863.

En tout cas, je l’imagine bien : regardez l’image de la statue, la conduisant dans le cœur d’Amour du Père, et chantant : « Il est né le Divin Enfant. »

C’est elle qui renaît – bienaimée de Dieu, lui donnant tout son amour.

« Au soir de notre vie, nous serons jugés sur l’amour » (Saint Jean de la Croix)… vous connaissez.

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