P JM Bouhans
Hier, nous lisions les béatitudes dans l’évangile selon
saint Luc. Elles ne sont ni souhait de bonheur, ni malédictions : cela ne
s’accorderaient pas avec la lecture d’aujourd’hui… mais il y a dans les
béatitudes des constatations que fait Jésus « Heureux êtes-vous… » et « Quel
malheur pour vous ». Ce discours trouve sans doute son origine dans plusieurs
sources : presque tout le texte est au pluriel, en « vous » et un seul passage
en « tu » qui résonne de manière abrupte et se termine avec un retour au pluriel
: « Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour
eux ». C’est la règle d’or – on l’appelle ainsi - et on la retrouve un peu
partout chez Hérodote, Sénèque, Confucius et bien d’autres qui disent : « ne
fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’il te fasse ». Jésus propose une
version un peu différente et donne à la règle d’Or une forme positive qui n’est pas abstention du mal mais engagement
pour le bien.
Jésus compte sur les trésors d’accueil, de miséricorde
déposés en nous par Dieu. La suite du discours est de la même veine : à la
recherche toute naturelle de la réciprocité de l’amour, Jésus invite à faire le
bien sans attendre de retour, à témoigner par sa vie de la gratuité de Dieu
sans rien attendre en retour. A la synagogue de Nazareth, Jésus avait parlé de
l’accueil de Dieu pour tous. Là, se trouve l’origine de l’accueil que doivent
vivre les hommes. Du coté de Dieu se trouve l’abondance de l’amour. Désormais
la mesure de l’amour c’est d’aimer sans mesure. Soyez miséricordieux comme le
Père est miséricordieux
Dans la lettre aux Colossiens, l’auteur est dans le même
regard positif. Il a présenté le mystère du Christ, il en dégage le
comportement chrétien. Vis-à-vis des autres : tendresse et tout ce qui en
découle, patience, pardon comme le Seigneur a pardonné. Vis-à-vis de Dieu : la
place donnée à la Parole, à la louange, a l’action de grâce. A la fin de la
prière eucharistique, notre action de grâce quotidienne, nous suivons derrière
Jésus présent et proclamons : « Par lui, avec lui et en lui, à Toi Dieu le Père
tout honneur et toute gloire ». C’est lui Jésus nous marche devant et nous
ouvre la porte pour dire alors en vérité le Notre Père.
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