Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson
Sagesse 2,12.17-20 ; Psaume 53 ; Jacques
3,16 à 4,3 ; Marc 9,30-37
C’est
la journée du Patrimoine ! On
met en valeur les monuments, les sites, les œuvres d’art qui ont enrichi l’héritage
de l’humanité.
Cet
héritage, il est à sauvegarder, mais
il est aussi à créer. Un patrimoine
n’est pas seulement un produit du passé,
mais ce que nous faisons ou défaisons, aujourd’hui,
pour demain. Un patrimoine n’est pas
que dans les pierres, les vestiges ou les sites classés ; il est surtout
dans les valeurs humaines : pierres, ciment, constructions vivantes qui
font un pays, une société, un monde.
La
Parole de Dieu de ce dimanche nous invite précisément à sauvegarder, à
développer, à créer une des valeurs fondamentales de la vie ensemble, des
relations, de la fraternité ; un héritage de l’Evangile qui a traversé les
siècles et qui, comme tout patrimoine, peut subir l’usure du temps : « Le
premier, dit Jésus, le plus grand parmi vous, c’est celui qui est au service de
tous, celui qui se fait serviteur dans les plus petites choses. »
Aux
yeux de ses proches amis, Jésus était celui qui devait chasser l’occupant
romain et rétablir le pouvoir du pays. Aussi, c’était important pour eux de
commencer à se placer, à se pousser pour obtenir un poste important, quand ça
arriverait.
Et
voilà que Jésus leur dit, en cours de route, que ce Messie libérateur qu’ils
attendent ne correspond pas au portrait-robot qu’ils se font de Jésus. Le Messie
Jésus va être condamné, tué… et il ressuscitera.
Les
amis disciples étaient à des années-lumière d’envisager cette destinée de leur
maître. Ils étaient dans une logique de rivalités au sujet du pouvoir,
d’ambition pour les premières places… ça aussi, c’est du Patrimoine du cœur humain, nous dit Saint Jacques dans la deuxième
lecture : « La jalousie et les
rivalités mènent au désordre et à toutes sortes d’actions malfaisantes »
(Jacques 3,16).
« D’où viennent les guerres, les
conflits entre vous ? »,
demande Saint Jacques (4,1). « De toutes ces convoitises, ces jalousies,
volontés d’être les premiers, les plus puissants, ces désirs qui mènent leur combat en vous-mêmes. »
Chemin
faisant, ils parlaient de tout cela, nos amis : qui était le plus grand et
aurait le meilleur poste ?
Jésus
le sentait… une fois arrivé : « De
quoi discutiez-vous en chemin ? » (Marc 9,33)
Ils
se taisaient, prenant conscience de la stupidité de leurs conversations et de
leurs ambitions.
Jésus
leur rappelle – et à nous aussi – le vrai chemin de la grandeur, la vraie
valeur de la grandeur de quelqu’un : « Vous voulez être les
premiers ? – dit Jésus – très bien, je vais vous en donner le moyen, la
clef pour y arriver. »
« Celui
qui veut être le premier, qu’il se fasse serviteur, le dernier ; qu’il
accueille cet enfant, qui est là au milieu de nous, et tous ceux qui leur
ressemblent, dans leur fragilité, leur besoin de soutien, d’aide. »
C’était
vraiment à contre-courant du temps, où l’enfant n’était pas comme
aujourd’hui : l’enfant roi, mais était peu ou pas considéré, mis à
l’écart, … « Si vous accueillez
quelqu’un comme cet enfant, c’est moi
que vous accueillez » (Marc 9,37).
Voilà
un patrimoine, non seulement à
sauvegarder, mais à créer, à la place qui est la nôtre, si petite
soit-elle : être serviteur, non pas de soi-même, de ses intérêts, de ses
ambitions ou de la gloriole, mais serviteurs de nos frères et sœurs, en
particulier des plus blessés.
« La
vraie grandeur de quelqu’un, dit Jésus, c’est la grandeur de son cœur. »
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