dimanche 20 septembre 2015

Homélie 25e dimanche TO B 2015 -

Homélie 25e dimanche TO B  2015 -
Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson

Sagesse 2,12.17-20 ; Psaume 53 ; Jacques 3,16 à 4,3 ; Marc 9,30-37

C’est la journée du Patrimoine ! On met en valeur les monuments, les sites, les œuvres d’art qui ont enrichi l’héritage de l’humanité.

Cet héritage, il est à sauvegarder, mais il est aussi à créer. Un patrimoine n’est pas seulement un produit du passé, mais ce que nous faisons ou défaisons, aujourd’hui, pour demain. Un patrimoine n’est pas que dans les pierres, les vestiges ou les sites classés ; il est surtout dans les valeurs humaines : pierres, ciment, constructions vivantes qui font un pays, une société, un monde.

La Parole de Dieu de ce dimanche nous invite précisément à sauvegarder, à développer, à créer une des valeurs fondamentales de la vie ensemble, des relations, de la fraternité ; un héritage de l’Evangile qui a traversé les siècles et qui, comme tout patrimoine, peut subir l’usure du temps : « Le premier, dit Jésus, le plus grand parmi vous, c’est celui qui est au service de tous, celui qui se fait serviteur dans les plus petites choses. »

Aux yeux de ses proches amis, Jésus était celui qui devait chasser l’occupant romain et rétablir le pouvoir du pays. Aussi, c’était important pour eux de commencer à se placer, à se pousser pour obtenir un poste important, quand ça arriverait.

Et voilà que Jésus leur dit, en cours de route, que ce Messie libérateur qu’ils attendent ne correspond pas au portrait-robot qu’ils se font de Jésus. Le Messie Jésus va être condamné, tué… et il ressuscitera.

Les amis disciples étaient à des années-lumière d’envisager cette destinée de leur maître. Ils étaient dans une logique de rivalités au sujet du pouvoir, d’ambition pour les premières places… ça aussi, c’est du Patrimoine du cœur humain, nous dit Saint Jacques dans la deuxième lecture : « La jalousie et les rivalités mènent au désordre et à toutes sortes d’actions malfaisantes » (Jacques 3,16).

« D’où viennent les guerres, les conflits entre vous ? », demande Saint Jacques (4,1). « De toutes ces convoitises, ces jalousies, volontés d’être les premiers, les plus puissants, ces désirs qui mènent leur combat en vous-mêmes. »

Chemin faisant, ils parlaient de tout cela, nos amis : qui était le plus grand et aurait le meilleur poste ?

Jésus le sentait… une fois arrivé : « De quoi discutiez-vous en chemin ? » (Marc 9,33)

Ils se taisaient, prenant conscience de la stupidité de leurs conversations et de leurs ambitions.

Jésus leur rappelle – et à nous aussi – le vrai chemin de la grandeur, la vraie valeur de la grandeur de quelqu’un : « Vous voulez être les premiers ? – dit Jésus – très bien, je vais vous en donner le moyen, la clef pour y arriver. »

« Celui qui veut être le premier, qu’il se fasse serviteur, le dernier ; qu’il accueille cet enfant, qui est là au milieu de nous, et tous ceux qui leur ressemblent, dans leur fragilité, leur besoin de soutien, d’aide. »

C’était vraiment à contre-courant du temps, où l’enfant n’était pas comme aujourd’hui : l’enfant roi, mais était peu ou pas considéré, mis à l’écart, … « Si vous accueillez quelqu’un  comme cet enfant, c’est moi que vous accueillez » (Marc 9,37).

Voilà un patrimoine, non seulement à sauvegarder, mais à créer, à la place qui est la nôtre, si petite soit-elle : être serviteur, non pas de soi-même, de ses intérêts, de ses ambitions ou de la gloriole, mais serviteurs de nos frères et sœurs, en particulier des plus blessés.

« La vraie grandeur de quelqu’un, dit Jésus, c’est la grandeur de son cœur. »

 

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