Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson
Isaïe 35,4-7a ; Psaume 145 ; Jacques
2,1-5 ; Marc 7,31-37
Une
petite boîte dans sa poche ou dans son sac, un petit click et on peut
s’entendre, se parler, s’écrire, se lire et se voir au bout du monde, …ou dans
la maison d’à côté.
« Avec
nos horaires - me disaient des amis cette semaine - on n’a même plus le temps
de se parler. On se laisse des petits bouts de papier sur la table, ou de
petits textos : « N’oublie pas ceci… Pense à récupérer le petit, etc. »
Et
combien de fois ne dit-on pas : « Tu ne m’écoutes pas. »
« Tiens ! Tu ne parles pas ! »
On
a beau être super-connectés, ce n’est pas le tout – ni même l’essentiel – des
relations.
Des
gens amènent à Jésus un sourd ayant des difficultés à parler : un fort
handicap pour communiquer.
Jésus
accueille cet homme, il l’emmène à l’écart ; un comble, lui qui était déjà
à l’écart et loin des gens par son handicap !
Jésus
prend de la distance avec ceux qui sont avides de sensationnel et d’extraordinaire.
L’extraordinaire, dans l’Evangile et la foi, passe toujours dans l’ordinaire.
A
l’écart, Jésus, seul avec cet homme, fait des gestes humains, du toucher de
Dieu sur les endroits de la souffrance et de l’isolement. Il met ses doigts
dans les oreilles, touche la langue avec sa salive ; les gestes réalistes
du contact humain et du divin. Il ne suffit pas de parler pour guérir.
Après
avoir levé les yeux au ciel, dans un appel à la bonté du Père, une parole forte
sort du cœur de Jésus, un mot venu de sa langue maternelle, du profond du
terroir humain : « Effata ! »
(Marc 7,34) - que Saint Marc se croit obligé de traduire :
« Ouvre-toi ! »
Cet
homme entend et parle correctement. Il ne s’agit pas seulement de la guérison
physique, et aujourd’hui il y a de bons appareils pour mieux entendre et de
bons orthophonistes pour mieux parler.
Les
plus grandes surdités sont celles du cœur.
Le
plus grand mutisme est celui du cœur.
Jésus
ne dit pas : « Que tes oreilles s’ouvrent, que ta langue se
délie ! » - mais : « Ouvre-toi, ton cœur, tout ce que tu
es ! » Il ne dit pas non plus : « Moi, je t’ouvre les
oreilles et je délie ta langue ! » - mais : « Ouvre-toi,
c’est à toi de t’ouvrir, d’ouvrir tes surdités et tes mutismes qui t’empêchent
d’entendre et de parler des paroles du cœur ! Avec ma main et ma salive,
les mêmes qui sont à l’origine de la création de l’humain, tu retrouves une
parole créatrice et bonne et tu peux entendre et communiquer vraiment. »
Que
s’ouvre dans nos cœurs ce que des blessures ont fermé !
Que
nos paroles soient des paroles qui parlent ! - « parce qu’elles
disent ce que Dieu, par l’Esprit, souffle au plus profond de nous-mêmes »
– on l’a chanté au début.
Paul
Claudel écrit : « A quoi sert le meilleur de nous-mêmes, de la grâce
de Dieu, s’il reste enfermé en nous ? »
Cette
semaine, le Pape François nous a offert et a offert à l’Eglise un beau
témoignage de cet « Effata –
ouvre-toi » en accueillant Monseigneur Gaillot : « Nous
sommes des frères ! »
J’ai
eu Monseigneur Gaillot au téléphone depuis. L’accueil et les paroles du Pape
François, sa bonté, ont vraiment été une ouverture contre l’isolement et
l’exclusion.
« Eglise,
Effata ! »
Cet
« Effata – ouvre-toi ! » a
été dit sur nous à notre Baptême, par le prêtre qui a touché nos yeux, nos oreilles,
nos lèvres, notre tête et notre cœur. A nous de faire que la puissance de cette
paroles et de ces gestes soit toujours actuelle, dans nos vies de baptisés.
Si
jamais personne ne nous avait touchés, nous serions infirmes,
si
jamais personne ne nous avait parlé, nous serions des muets,
si jamais personne ne nous avait souri et regardés, nous serions des aveugles,
si jamais personne ne nous avait aimés, nous ne serions personne. » (Père Baudiquey)
si jamais personne ne nous avait souri et regardés, nous serions des aveugles,
si jamais personne ne nous avait aimés, nous ne serions personne. » (Père Baudiquey)
Laissons-nous
toucher, guérir et aimer par Dieu, pour qu’à notre tour nous puissions aimer et
guérir !
Effata
– ouvre-toi !
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