Carmel de Saint-Maur . Père Farel Djembo
Chers frères et sœurs, peuple de Dieu en cette action de
grâce où le Christ est à lui seul le prêtre l’autel et la victime, nous
contemplons et célébrons le mystère du Christ, un mystère qui ne veut être ni
réductionniste, ni exclusiviste, ni l’apanage d’un groupe quelconque.
C’est-à-dire que l’Esprit qui fait vivre l’Eglise et la gouverne est inclusif,
libre et responsable de chacun. Je voudrais méditer avec vous sur ce trois moments:
le monopole de l’Esprit, la liberté de
l’Esprit et le scandale à l’Esprit.
Le monopole de l’Esprit Depuis le commencement les hommes ont voulu s’accaparer du message de Dieu
et même de l’Evangile érigeant ainsi principes et barrières partant empêchant
que d’autres connaissent la joie de l’Evangile. La Parole de Dieu ne peut être réquisitionnée
par un groupe de personnes qui en deviennent maitres incontestés. Nous sommes
porteurs et instrument de l’Esperance du monde. Nous sommes serviteurs
inutiles. La métaphore de Paul n’y est pas loin « Paul a planté, Apollon a
arrosé et c’est Dieu qui fait croitre ». La grande souffrance pour le
Seigneur est de voir que sa vigne est retenue comme une opportunité pour
gouverner, une opportunité pour exister et se prévaloir. Ainsi il a toujours
été mal apprécié dans la communauté les dons, la diversité ou les bienfaits de
ceux qui n’entrent pas dans le canon ou qui ne sont pas retenus être des « nôtres ».
La première lecture comme l’évangile y répondent avec des accents divers. Celui
qui occupe un service veut faire jalousement et retient que d’autres ne peuvent
y toucher parce que c’est sa tâche. Les disciples, limités et ne pouvant
chasser l’esprit qui déshumanisait l’enfant, dans un passage plus haut, crient
vers le maitre pour donner une sentence à cet homme qui fait le bien, mais qui
du reste n’est pas du cercle restreint. Ils croient être les seuls dépositaires
de la foi et de la vérité.
Pourquoi ? Tout porte à croire à la réponse de Jésus que le réel esprit
à chasser d’abord est le leur, leur mentalité et leur vue à œillère du dessein de
Dieu.
La liberté de l’esprit. L’esprit du Seigneur est libre de souffler où il veut et quand il veut. L’esprit
du Seigneur agit dans et à l’extérieur de la communauté. L’importance pour
Christ est le fait de la « dunamis » la force qui en chaque homme le
pousse à instaurer un monde tel que voulu par Dieu : pacifique,
charitable, solidaire, accueillant, etc. Dans chaque homme il y a comme
disaient les Pères de l’Eglise des « semences du Verbe » et le
Concile Vatican II a repris cette formule pour reconnaitre le bien qui puisse
exister dans le monde, dans les cultures, dans les peuples, les religions et
dans l’agir humain. Le critère discriminant est « agir en faveur de
l’homme », « agir en faveur du créé ». Celui qui agira en sa
faveur est un prophète et ce geste est une prophétie pour le royaume. Donner un
verre d’eau est le fait d’instaurer un nouveau rapport avec l’autre. La Parole
de Dieu est puissance pour ceux qui croient. Le fait de ne pas croire ne lui
enlève pas son efficacité et sa force.
Le scandale à l’Esprit. Le croyant devra se garder de faire
trébucher les plus petits. Les plus petits sont ceux qui ont choisi
de devenir petits. Ils ont donné leur adhésion à la Parole du Christ ainsi
peuvent souffrir de voir un mauvais exemple qui vient de ceux qui devaient être
des modèles pour la communauté. Ces derniers versent dans le faux, dans le mal,
cherchent les privilèges de ce monde, le succès. Ils font des compromis pour
édulcorer la vérité ; Les petits
sont aussi les faibles dans la foi, ceux qui ont des difficultés à marquer les
premiers pas dans la foi. Pour Christ tous ceux qui provoquent l’éloignement de
ces personnes en répondront au tribunal de Dieu. Ceux qui se sentent jugés
indexés par les frères ainés de la communauté. S’il arrive que les actions de
l’homme croyant deviennent dictés par l’ambition, le succès, le pouvoir ;
si ton cheminement te conduit vers les routes non dignes de Dieu retournent sur
la voie juste. Et si ton œil te porte à la cupidité et à la tentation
d’accumuler et de réquisitionner les biens de ce monde sans savoir au final
quoi en faire, regardes Christ et entends l’Esprit. Ces images sont prises dans
le dernier livre du prophète Isaïe. Aujourd’hui Christ nous invite de ne pas détruire
les opportunités que le Seigneur nous a données en ce monde en perdant le temps
et en faisant voler les espérances des autres. Soyons ce sel qui fait germer la
terre par nos actes et nos pas qui disent Dieu, son amour et sa justice par son
Esprit qui est pour tous, libre de souffler où et quand il veut et respectueux
des autres qui sont en quête de modèles.
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