dimanche 17 janvier 2016

Homélie 2° dimanche C

Homélie 2e Dimanche T.O., Année C
Père Maurice Boisson – Carmel de Saint-Maur
Isaïe 62.1-5; 1Co12,4-11; Jn 2,1-12

Voilà un repas de noce bien arrosé! Six cents litres de vin –et du bon-, pour finir la fête! Ça parait beaucoup, mais on ne connait ni le nombre d’invités, ni la durée de la noce ! Peu importe. Il ne s’agit pas d’un miracle pour buveurs et fêtards, c’est un signe de Jésus, le premier de sa mission, un geste suggéré par sa mère pour nous dire que Dieu prend soin de nous, en tirant de l’embarras, les jeunes mariés et en permettant à tous de continuer la fête, et pas n’importe quelle fête : la fête de l’Alliance, de l’Amour.
Cet évènement de Cana nous rejoint, nous éclaire, et nous appelle. La Vierge Marie a eu un rôle important ce jour-là, par son attention compatissante, efficace et discrète. Marie parle peu. Elle sent les choses, de par son intuition féminine sans doute, mais surtout par son attitude intérieure de disponibilité, d’écoute, et d’attention à ce qui se passe. Elle perçoit, a un moment de la noce, que quelque chose d’important va manquer pour que la fête, la rencontre, l’alliance, soient réussies. Plus que ca, elle ressent l’embarras, sinon la honte, ou allaient se trouver les mariés et les familles.

Elle aurait pu dire : « Y aura pas assez de vin », « Ils ont assez bu ! », « ils avaient qu’a prévoir ! Ils ont encore vu trop juste… c’est pas étonnant, comme ils sont radins les couins ! Pourtant, vous savez, ils ont des sous ! Etc. Au fond, c’est bien fait pour eux.

La Vierge Marie nous invite à ne pas céder aux mesquineries, aux jalousies, aux propos méchants… elle nous conduit à être comme elle : miséricordieuse, compatissante, bienveillante, attentive aux autres, parce qu’elle a elle-même fait l’expérience de Dieu miséricordieux…
« Sa miséricorde s’étend d’âge en âge… il s’est penché sur son humble servante… Il élève les humbles… » Marie est prise de ce désir intérieur de faire profiter les autres de ce qu’elle a reçu : l’attention et l’amour de Dieu. Elle ne reste pas dans ses idées, si belles soient-elles, elle ose glisser a l’oreille de son Fils ce qu’elle a vu : « Ils n’ont plus de vin. » Ce manque, ce qui est important, ce n’est pas le vin en lui-même, mais ce que vivent ces gens, la célébration et la réussite de la fête de l’Alliance. La maman ne demande rien a son Fils, elle partage avec lui ce qu’elle ressent, et son désir de permettre a tous de bien vivre ce moment. Par contre, elle s’adresse au personnel de service : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. »
Notre eau, notre ordinaire, nos manques, nos faiblesses -puisque les cuves en pierre qui servaient à la purification rituelle étaient de ce fait polluées-, tout cela est transformé - abondamment-, en bon vin de Jésus, en fête, en joie, en bonté, en miséricorde.

Cana, petit village pas loin de Nazareth, nous redit la vocation de tout chrétien, et de l’Eglise, que nous rappelle sans cesse le Pape François : être attentif aux personnes dans le besoin, dans les difficultés, les épreuves, et les manques en tous genres. Tant de gens, proches de nous, ou plus loin, manquent de ce vin d’espérance, de reconnaissance, de fraternité… ce « je ne sais quoi » qui apporte un peu plus de goût à la vie. Ce « je ne sais quoi » de manque, qu’a bien senti la Vierge Marie et qui l’a fait bouger. Ce « je ne sais quoi » qui manque, n’est pas le vin matériel, on a bien compris, on sait aussi le nommer, l’identifier… il vient du cœur, de nos façons de vivre, « ils n’ont plus de vin », de ce qui apporte un peu plus d’être à l’existence et à la vie ensemble. Jésus nous aide à le combler, pas tout seul, il a eu Marie, et les serveurs et servantes. Il peut nous permettre de combler ces manques, si nous consentons à remplir les cuves…, à y mettre du nôtre. C’est ce bon vin que Dieu veut pour nous : nos existences qu’il ne transforme pas en vain.
A propos de Cana, un Père de l’Eglise s’interrogeait : « Ont-ils tout bu ? » Non, répondait-il, « nous en buvons toujours, à chaque Eucharistie. » Ce vin des Noces de l’Agneau, qui donne un bon goût à nos existences quotidiennes et au vivre ensemble, le goût de Dieu… miséricordieux.

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