Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson
Isaïe 60,1-6 ; Psaume 71 ; Ephésiens
3,2-3a.5-6 ; Matthieu 2,1-12
Quelle surprise ! Et
quel étonnement ! Pour ce petit monde de l’étable, voir arriver de grands
messieurs ! Les pauvres bergers côtoient des savants ; Joseph et
Marie accueillent des chercheurs d’un Roi ; le Bébé fait risette à ces
grands personnages ; les animaux se frottent à leurs beaux habits…
Pensez donc ! Et tout
cela non pas dans un palais protégé par des gardes, mais dans un abri d’animaux
ouvert à tous vents…
Cette fête de l’Epiphanie
fait entrer la diversité du monde dans l’intimité de la crèche, et dans notre
propre cœur. Avec ces astrologues venus des bouts du monde, c’est Dieu - dans
l’enfant de la crèche - qui tend ses bras au monde.
Marie pourra raconter un jour
à son grand garçon qu’avec ces hommes, tout l’univers s’est rassemblé sous son
étoile, et c’est pour eux tous qu’il est venu.
Les mages viennent de loin,
guidés par une étoile ; Joseph et Marie sont de passage ; les bergers
sont tout près, dans les champs à côté, et ils sont guidés eux aussi par une
étoile, une lumière.
Le monde franchit l’entrée,
la porte qui donne accès à la Lumière, à la Paix, à l’Amour.
Osons-nous franchir la porte
de la crèche - que nous venions de loin ou de tout près – pour, à notre tour,
oser ouvrir la porte de nos crèches intérieures - là où Dieu naît - à ceux qui
cherchent un peu de lumière, de paix, de chaleur, de bonté ?
Melchior, Baltazar, Gaspard –
on les appelle comme ça – sont à la recherche d’un roi qui vient de naître. Ils
désirent le voir. Ils ont préparé les cadeaux. C’est une étoile qui les met en
route - une étoile pas tout à fait comme les autres, qui attire leur attention.
Ils pressentent qu’elle est porteuse d’un signe particulier. Ce sont aussi des
devins. Ils se laissent guider par elle.
Quelle étoile intérieure nous
met en route et nous guide ?
Quelle est notre recherche
intérieure, notre désir profond de lumière ?
« Les gens ont des
étoiles qui ne sont pas les mêmes », dit le Petit Prince.
Quelle est notre étoile, qui
traverse nos cieux intérieurs, nos nuits et nos aurores, pour nous indiquer
l’étable de Dieu et nous y guider ?
Ils cherchaient un roi, nos
savants ; ils arrivent - c’est normal - dans la capitale, au Palais du Roi
Hérode, et pas dans un abri d’animaux. Mais voilà qu’à ce moment ils ont perdu
la trace de l’étoile. Elle ne brille plus, au-dessus du Palais d’Hérode, parce
que, là, ce sont les ténèbres : la jalousie, la ruse, la cruauté, la
méchanceté d’Hérode, qui a peur de cet enfant et qui veut le tuer.
Les obscurités du cœur, ça
éteint les étoiles. Les lumières artificielles, qui éblouissent sans éclairer,
empêchent de voir les étoiles.
Ils la retrouvent, cette
étoile, en quittant Hérode. Elle les guidait de nouveau et, en la voyant - dit
le récit - « ils se réjouirent d’une
grande joie » (Matthieu 2,10). Retrouver l’étoile intérieure est
source de joie. Il peut nous arriver de perdre la trace de la lumière - ça peut
arriver à tout le monde - quand nos vies sont dans le brouillard, quand nous
nous laissons éblouir par l’apparence et le faux, quand nos yeux et notre cœur
se ferment à la lumière de la Vérité, de la Paix, de l’Amour.
Oui, il peut nous arriver de
perdre la trace, le repère, la direction de l’étoile, mais elle, elle ne nous
perd jamais. Elle nous retrouve quand nous reprenons la route, quand nous
ouvrons notre cœur et nos yeux, nos bras ; elle est toujours là, pour nous
guider et repartir. C’est l’étoile de Noël, de l’Epiphanie, la petite lumière
de Dieu, invincible, qui éclaire le cœur humain - l’étoile de tous les jours –
« Christ est lumière ». Elle a conduit nos trois hommes au bout de
leur recherche, de leur désir, de leur attente ; peut-être avec des
détours !
Ça doit faire drôle, pour ces
savants, de se retrouver dans une étable en cherchant un roi, et là, d’y
trouver celui qu’ils cherchaient. C’est aussi souvent le chemin de nos vies.
Ils n’étaient pas déçus – ils ouvrent le sac de cadeaux – le meilleur d’eux-mêmes.
Se vérifie cette expérience du psaume : « Ceux qui te cherchent, Seigneur, ne seront pas déçus ».
En ces jours de vœux,
souhaitons que luise dans nos cœurs, dans nos vies, dans notre vie ensemble,
dans ce monde, l’Etoile du Christ. Qu’elle éclaire nos routes. Même si parfois on
l’a perdue de vue, elle ne nous quitte jamais.
Et si on était des petites
étoiles les uns pour les autres, même toutes petites – reflets de l’Etoile du
Christ – on pourrait faire naître beaucoup d’étoiles.
Bonnes étoiles ! – Bonne
année !
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