P JM Bouhans
Finalement les deux textes d’aujourd’hui tournent nos
regards et notre pensée du côté du pardon. Dans des contextes bien différents
mais une profonde unité de pensée.
Le livre de Daniel nous situe dans une période où les
sacrifices ne sont plus possibles au temple de Jérusalem… mais la relation avec
Dieu passe désormais par d’autres chemins : « avec nos cœurs brisés, nos
esprits humiliés, reçois-nous, comme un holocauste de béliers, de taureaux,
d’agneaux gras par milliers ». Le pardon reste toujours possible mais devient
plus intérieur.
Tout un vocabulaire dans l’évangile parle de dette et de
remboursement ; et la question de Pierre : « le pardon, c’est combien de fois ?
» nous montre qu’il reste préoccupé par le péché tandis que la réponse de Jésus
est tournée vers le pécheur : il ne s’agit plus de savoir combien de péché
pardonner mais comment toujours accueillir le pécheur. Le pécheur est en effet
toujours plus grand que son péché.
Il y a quelque temps, dans la première prédication de
Jésus sur la montagne, nous avions entendu la règle d’or. « Ce que tu voudrais
que les autres fassent pour vous, faites le pour eux ». Le premier serviteur
vit à contre sens de la bonté du roi ou du maitre. On lui avait remis sa dette
mais lui, ne la remet pas. Son patron lui avait annulé une dette de soixante
millions de pièces d’argent et lui est incapable de remettre une dette de cent
pièces d’argent. Il devait une pièce d’argent à chaque Français et on lui remet
sa dette. Les gens de Saint-Maur lui doivent chacun une demi-pièce d’argent
mais alors il n’est pas question de leur en faire cadeau.
Ce débiteur a reçu la grâce du roi, la gratuité mais il
est incapable de la transmettre. C’est une belle parabole pour l’année de la
miséricorde ; on peut passer bien des fois sous la porte de la miséricorde, se
confesser souvent – je ne dis pas que le sacrement de réconciliation est
inutile – mais que transmettons nous de la miséricorde. La grâce qui nous est
faite n’est pas pour nous elle est à transmettre.
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