Carmel de Saint-Maur - P Maurice Boisson
Textes du jour : Jos 5, 9a.10-12 ; Ps 33 ;
2 Co 5, 17-21 ; Lc, 5, 1-3.11-32, Le fils prodigue
Cette histoire nous
touche beaucoup. Elle a inspiré de grands peintres, comme Rembrandt, Arcabas,
et d’autres. Elle a suscité des réconciliations, inspiré des modes de relation,
purifié nos fausses représentations de Dieu, révélé le vrai visage et le cœur de
Dieu, Père de toute miséricorde.
Ce récit nous touche
beaucoup parce qu’il rejoint le plus profond de l’être humain : nos
errances, nos ruptures, nos repentirs, nos retours, nos fragilités, nos
capacités à accepter d’être aimé, toujours. Il rejoint le plus profond de l’être
de Dieu : Amour, Miséricorde, Pardon, accueil, relèvement, vie.En cette histoire: « Qui est Dieu », et « qui nous sommes », se rejoignent pour guérir nos errances et nous faire reprendre la route.
En fait, c’est notre
propre histoire qui nous est racontée.
Qui ne se reconnaît pas dans les deux fils ? dans le plus jeune, parti, repenti, revenu, accueilli… et dans l’aîné, resté bien sagement à la maison, mais jaloux et en colère de l’accueil de fête fait par le Père à son frère de retour de ses escapades désordonnées qui l’ont naufragé. Il y a les deux en nous.
Qui ne se reconnaît pas dans les deux fils ? dans le plus jeune, parti, repenti, revenu, accueilli… et dans l’aîné, resté bien sagement à la maison, mais jaloux et en colère de l’accueil de fête fait par le Père à son frère de retour de ses escapades désordonnées qui l’ont naufragé. Il y a les deux en nous.
Et qui ne se sent pas
appelé, même si c’est difficile, à ressembler au Père qui accueille, rétablit
la relation cassée, redonne à son fils la dignité de fils… qui ne sent pas au fond de lui-même, que c’est là le
vrai chemin, et que c’est ce dont aujourd’hui nous avons besoin ?
C’est facile de nous reconnaître
dans le jeune fils. Oh ! on n’a pas fait les 400 coups, ni mené une vie de
désordre ! Il nous arrive de nous éloigner, de Dieu, des autres, et de ce
fait, de nous-mêmes, et ainsi de dilapider notre héritage intérieur, de nous
trouver dépossédés de ce qui nous fait vivre, de nous retrouver seuls avec
notre misère et notre faim intérieure, avec nos regrets aussi, que les plaisirs
ni l’héritage matériel ne comblent ! Il aurait bien voulu se remplir le
ventre avec les gousses que mangeaient les porcs. Mais personne ne lui en
donnait. Alors, « il rentre en lui-même », dans le secret, le mystère
de notre être, là où, quoi qu’il arrive, nous retrouvant face à nous-même, il y
a toujours un « quelque chose », une petite braise prête à repartir,
un tout petit peu de levain, prêt à nous re-soulever. « Je me lèverai.
J’irai vers mon Père », cette braise, ce levain, c’est justement avoir ce
pressentiment que quelqu’un l’attend, son Père, à qui un jour il a claqué la
porte. Il l’attend, son Père, les yeux usés de guetter et de pleurer…
« Comme le fils était encore loin, son Père l’aperçut, fut pris aux
entrailles, courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers. »
Des explications ?
Des comptes ? Ce qui s’est passé ? Rien de tout cela ? Ce fils
croyait peut-être se retrouver devant un juge, il se retrouve dans des bras
aimants. La force de la miséricorde est plus efficace que le jugement.
Vite !... Les mains ouvertes, larges, déployées, du Père, se posent sur
les épaules frêles et déchirées de son fils, pour lui faire appuyer son visage
sur son cœur qui continue de battre pour lui ; sans parole, il renaît de
nouveau, il retrouve sa dignité de Fils, le Père est resté le Père.
Qu’on aimerait souvent
avoir assez de force intérieure pour pouvoir, comme le Père, espérer, attendre,
pleurer, courir, à la rencontre et accueillir quiconque, d’une manière ou d’une
autre, s’est éloigné, est parti dans quelque errance. Qui oserait accuser le
Père de faiblesse ? La faiblesse est dans la méchanceté, la vengeance, le
refus, qui nous tirent vers le bas ; la force, l’énergie, sont dans
l’amour, la force d’aimer que le Père met en nous.
La faiblesse est
précisément dans la jalousie et la colère, la parole méchante, du fils aîné, en
qui aussi on se retrouve. « Ton fils que voilà, qui a dévoré ton bien avec
des prostituées, tu fais tuer pour lui le veau gras ! T’en as jamais fait
autant pour moi qui suis resté près de toi !
L’amour et l’accueil du
Père pour le jeune n’enlèvent rien à l’amour pour son aîné. « Toi, mon
enfant, tu es toujours avec moi, tout ce qui est à moi est à toi… »
Pourquoi serais-tu jaloux des liens rénovés, et des retours, et méchant ?
Oui, cette histoire nous
touche beaucoup. Parce que ce n’est pas une histoire, c’est la vie, c’est la
réalité ; la nôtre, celle du monde. C’est aussi une clef, un chemin, un appel :
que chacun puisse trouver en nous pour la vivre ensuite un reflet de l’agir et
du cœur de Dieu Miséricorde. Essayons pour cette 4e semaine de
Carême, ce passage : « de l’errance à la maison du Père », de
nos éloignements à la force d’aimer, je me lèverai, et j’irai vers mon Père.
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