ONU: avortement
et euthanasie, oui à l’objection de conscience
Grégor Puppinck | 11/03/16
Le
Rapporteur des Nations unies sur la liberté de religion ou de conviction
s’exprime en faveur du droit à l’objection de conscience face à l’avortement et
à l’euthanasie.
A l’occasion d’une conférence organisée par l’ECLJ au siège des Nations unies à Genève, le
Professeur Heiner
Bielefeldt, Rapporteur
spécial des Nations unies sur la liberté de religion ou de conviction,
s’est exprimé en faveur du droit du personnel médical de refuser de participer
à un avortement ou à une euthanasie. Il a notamment cité le cas d’une
sage-femme très lourdement condamnée en Suède pour avoir pour avoir refusé de
participer à un avortement et contrainte à « l’exil professionnel ».
Il estime que ce droit, fondé sur la liberté de conscience, doit bénéficier au
personnel médical participant directement à l’acte en cause, dès lors que leur
objection est fondée sur une conviction forte et profonde. Le Rapporteur
spécial a indiqué que le doit à l’objection de conscience n’est pas seulement
fondé sur le droit à la « liberté de conscience », mais aussi sur
l’article 1er de la Déclaration universelle des droits de l’homme
qui reconnaît que tout être humain est « doué de raison et de conscience ».
Le Rapporteur spécial des
Nations unies sur la liberté de religion ou de conviction est un expert
indépendant élu par le Conseil des droits de l’homme des Nations unies pour
défendre et promouvoir la liberté de religion ou de conviction dans le monde. Voir la vidéo.
Grégor Puppinck,
Directeur de l’ECLJ, a présidé cette conférence. Il a présenté une vision
d’ensemble de la problématique, en exposant notamment les relations entre la
loi et les consciences dans la perspective de la justice et du bien commun. Il
a aussi souligné qu’il serait injuste d’obtenir, au nom de la tolérance,
la légalisation de pratiques controversées comme l’euthanasie ou l’avortement,
puis de refuser, une fois ces pratiques légalisées, de tolérer les personnes
qui refusent à titre personnel d’y prendre part. Voir la vidéo – lire le texte
Me Claire de La Hougue, avocate et chercheur associé à l’ECLJ, a souligné que le droit
à l’objection de conscience face à l’avortement et à l’euthanasie résulte
directement de la nature même de ces actes qui visent non pas à soigner, mais à
mettre un terme à la vie d’un être humain, ce qui est directement opposé à la
vocation médicale. Le droit de ne pas participer à ces pratiques est
systématiquement reconnu dans les législations (à l’exception de quelques rares
pays), mais son application se heurte en fait à d’importants obstacles. Me
de La Hougue a aussi souligné que ce droit est une composante essentielle
des règles déontologiques qui imposent aux professions médicales d’exercer leur
profession « avec conscience ». Voir la vidéo – lire le texte.
Le Professeur
Jean-Pierre Schouppe, professeur de droit à Rome, s’est exprimé
sur le droit des institutions de santé de refuser la pratique en leur sein d’actes
dépourvus de finalité thérapeutique, tels que l’avortement ou l’euthanasie. Le
Professeur Schouppe a tout d’abord admis que l’expression « objection de conscience
institutionnelle »
est inadaptée, car les institutions n’ont pas de conscience personnelle.
Cependant, elles bénéficient d’une pleine protection au titre de la dimension
collective de la liberté de religion et de la liberté d’association. Le
Professeur Schouppe s’est notamment appuyé sur la jurisprudence de la Cour
européenne. Voir la vidéo – lire le texte .
Les panélistes ont aussi souligné l’incohérence des pays qui
reconnaissent aux médecins, sages-femmes et infirmières le droit à l’objection
mais le refusent aux pharmaciens, car entre le médecin et le pharmacien,
il n’y a qu’une différence de moyen, mais dans l’un et l’autre cas ils
participent directement à un avortement. Les panélistes ont également souligné
qu’il ne peut être exigé d’un employé qu’il renonce à sa liberté de conscience
et de religion en acceptant un emploi ; une profession comme sage-femme ou
pharmacien ne devrait donc pas être interdite aux personnes attachées au
respect de la vie humaine dès son commencement. L’ECLJ est engagé en faveur
d’une juste compréhension et de la défense du droit à l’objection de
conscience. A ce titre, l’ECLJ a activement participé aux débats parlementaires
européens et à plusieurs affaires en la matière devant la Cour européenne des
droits de l’homme. En mai 2015, l’ECLJ a également adressé à ce même Rapporteur
sur la liberté de religion ou de conviction une plainte contre la violation systématique du droit
d’objection de conscience face à l’avortement en Suède. En mars
2014, l’ECLJ avait déjà prononcé une déclaration orale (video) devant le Conseil des droits de
l’homme, dénonçant une tendance en Europe à réduire la liberté de conscience en
matière morale.
Le Conseil des droits de l’homme est un organe
intergouvernemental du système des Nations unies, composé de 47 États qui ont
la responsabilité de renforcer la promotion et la protection des droits de
l’homme dans le monde.
L’ECLJ est une organisation internationale non gouvernementale
fondée en 1998 et dédiée à la promotion et la protection des droits de l’homme
en Europe et dans le monde. L’ECLJ est titulaire du statut consultatif spécial
auprès des Nations unies / ECOSOC depuis 2007. L’ECLJ agit dans les domaines
judiciaires, législatifs et culturels et défend en particulier le droit à la
liberté religieuse, la vie et la dignité des personnes devant la Cour
européenne des droits de l’homme et à travers les autres mécanismes offerts par
les Nations unies, le Conseil de l’Europe, le Parlement européen et
l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).
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