Carmel de Saint-Maur - P. Maurice Boisson
Textes: Is 52,13-53,12; He 4, 14-16; 5, 7-9; La Passion selon saint Jean Jn 18,1-19,42
Nous nous approchons,
avec nos questions, dans l’incompréhension, peut-être avec des cris au fond de
nous-mêmes, aussi avec un murmure d’espérance. « Il faut s’enfoncer dans
l’épaisseur de la Croix ». Jean de la Croix nous parle de ce que nous
portons chacune et chacun, le poids de nos histoires, de ce qu’il y a de plus
intime dans nos existences.
La Croix nous parle de
tous ces endroits de nos sociétés et de l’Église, et de nos vies, qui sont dans
l’obscurité, là où la vérité est rejetée, où l’injustice parade, où la vie et
la personne humaine ne sont qu’une chose, là où la maladie, la catastrophe, les
épreuves morales atteignent le plus profond du corps et du cœur humains.
Tout cela suffirait à
détourner notre regard de la Croix du Christ parce qu’insoutenable. Plus que
des explications, et des discours, contemplons et écoutons. Celui qui est
sur la croix, sur nos croix, c’est Dieu lui-même.
Dans la longue tradition
chrétienne, laissons-nous habiter par les quelques paroles du Christ sur la
croix :
-
Paroles de miséricorde et de pardon
Aux soldats : Père, pardonne-leur, ils ne savent pas
ce qu’ils font !
Au larron : Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le
paradis.
Déjà se dessine et prend corps la victoire sur le mal et
la violence, par la force du pardon acquis par la Croix du Christ.
-
Paroles de tendresse, d’attention, pour sa Mère et l’ami
qu’il aimait, et par eux, avec nous : Voici ton fils, voici ta mère.
Les croix renvient toujours à nos liens proches, à ce qui nous fait
humains, que Jésus rend divin, par le don d’Amour de la Croix.
-
Paroles de souffrance, d’angoisse, d’un abandon et d’une
absence.
« Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné… »
« J’ai soif !
Dieu n’explique pas la souffrance, il la prend sur Lui, il la détruira.
-
Paroles enfin d’apaisement, de confiance, d’abandon de
soi.
« Tout est accompli. »
Non pas fini, mais tout est réalisé pour que s’ouvre bientôt le tombeau,
sur une humanité nouvelle, et la Croix de mort deviendra la Croix glorieuse.
Père, entre tes mains, je remets mon esprit, mon souffle…
A toi qui redonneras le souffle de vie pour une création nouvelle.
Recevons ces paroles en communion avec tous les crucifiés d’aujourd’hui.
Quelles que soient les croix, physiques, morales,
sociales, familiales, ecclésiales, personnelles, collectives, lourdes ou légères.
En adorant la Croix et en communiant au Corps donné du
Christ, la profonde humanité de Dieu qui fait de notre humanité, avec ses misères,
du divin, du Ressuscité, du Aimant, du vivant. C’est la tâche qu’il nous
confie.
« Le grand mystère de Dieu, n’est pas qu’il habite l’inaccessible
lumière, mais qu’il s’enfonce lui-même où l’homme n’a pas d’autre compagne que
la ténèbre…
Pour ouvrir nos tombeaux
C’est Vendredi… mais Dimanche viendra. »
(Didier Rimaud)
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