Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson
Textes : Ex 12, 1-8.11-14 ; Ps 115 ; 1 Co
11, 23-26 Jn 13, 1-15
Autour de la table où Jésus
nous invite pour son repas d’Adieu, il nous fait don de son testament.
« Jésus, ayant aimé
les siens, les aima jusqu’au bout. »
Tout est dit de sa vie,
de sa mission, et des consignes pour ceux qui, comme nous, deviendraient ses
amis.
Des mots simples, forts,
vrais, accompagnés de deux gestes qui nous disent : l’Amour infini de Dieu
pour tout être humain, et la dignité infinie de tout homme pour Dieu.
Deux gestes
indissociables, inséparables.
- L’Eucharistie, que nous transmet la 2e lecture.
« La veille de sa mort, Jésus prit du pain :
Ceci est mon corps qui est pour vous.
Il prit la coupe : Cette coupe, c’est mon Sang versé
pour tous. Faites cela en mémoire de moi. »
L’Eucharistie, c’est ce soir, c’est chaque jour que Jésus
se donne librement, qu’il donne sa vie, en nourriture pour que ses frères et
sœurs humains aient la vie.
En communiant à ce don du Christ, nous pouvons aimer
comme lui, en actes et en vérité, et nous faire serviteurs les uns des autres.
- C’est le sens de ce deuxième geste : le lavement des pieds, signe de
la charité fraternelle qu’il nous demande de faire aussi à notre tour en
mémoire de lui.
C’est un geste d’hospitalité orientale, dans des pays où
on marchait à pied, nus ou en sandales, sur des chemins poussiéreux. Avant le
repas, un esclave, le plus jeune, ou un serviteur, le dernier, lavait les pieds
des invités, basse et humble tâche accomplie par quelqu’un du bas de l’échelle.
Jésus prend à son compte cet acte. Il se fait le dernier
des serviteurs, lave les pieds de ses disciples qu’il a invités.
Il renverse la situation : le Maitre et Seigneur se
fait serviteur. Le Pouvoir devient service.
Le plus grand se fait petit. Il s’abaisse. Il révèle qui
est Dieu et qui nous sommes, aux yeux de Dieu, et qui nous sommes les uns pour
les autres.
Il les aima jusqu’au bout. C’est la logique et la
cohérence de l’amour vrai : don de soi et pas don pour soi.
Et Pierre résiste : tu ne me laveras pas les pieds,
jamais !
Il ne conçoit pas que Dieu s’abaisse devant lui, il
n’accepte pas d’être aimé. Plus tard, tu comprendras, lui dit Jésus. Tu
t’abaisseras toi-même pour laver les pieds de ceux qui te seront confiés ;
pour cela, accepte de te laisser laver toi-même, pour avoir part à ce que je
suis ; être serviteur, c’est ça l’Église, l’Église du Jeudi Saint, de la Cène
et du service, celle de l’amour accueilli et donné, offert et partagé, célébré
et vécu, ce qui vaut pour Pierre vaut pour nous aujourd’hui.
On va refaire l’Eucharistie en mémoire de lui, on va
refaire le geste de laver les pieds, pour que nous fassions comme lui.
Ce geste a été remis au centre de la liturgie du Jeudi
Saint en 1955 à la réforme de la liturgie de la Semaine Sainte.
N’en restons pas au geste lui-même, mais à ce qu’il
signifie et à ce que Jésus nous demande : faire comme lui les gestes, les
paroles de l’attention, du service, bref, de la charité ; acceptant de
s’abaisser, de se baisser, même si ce n’est pas toujours facile physiquement
quand on a quelques difficultés aux articulations, ais c’est encore plus
difficile quand on a de l’arthrose dans le cœur. Nul n’est trop bas qu’il ne
soit rejoint par Dieu. Nul n’est trop bas, y compris nous-mêmes, que nous ne
puissions le répondre. Chacun de nous connaît bien, pour lui-même, dans son
existence concrète, ce que peut signifier et ce geste de la charité fraternelle
et celui du don de soi, de l’Eucharistie.
Autour de la table où nous sommes
invités ce soir
A accueillir cet appel à aimer et à
donner de soi-même
Vous ferez cela en mémoire de moi.
Eh bien, faisons-le !
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