vendredi 25 mars 2016

Homélie Jeudi Saint

Homélie Jeudi Saint
Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson
Textes : Ex 12, 1-8.11-14 ; Ps 115 ; 1 Co 11, 23-26 Jn 13, 1-15

Autour de la table où Jésus nous invite pour son repas d’Adieu, il nous fait don de son testament.

« Jésus, ayant aimé les siens, les aima jusqu’au bout. »

Tout est dit de sa vie, de sa mission, et des consignes pour ceux qui, comme nous, deviendraient ses amis.

Des mots simples, forts, vrais, accompagnés de deux gestes qui nous disent : l’Amour infini de Dieu pour tout être humain, et la dignité infinie de tout homme pour Dieu.

Deux gestes indissociables, inséparables.

-       L’Eucharistie, que nous transmet la 2e lecture.

« La veille de sa mort, Jésus prit du pain : Ceci est mon corps qui est pour vous.

Il prit la coupe : Cette coupe, c’est mon Sang versé pour tous. Faites cela en mémoire de moi. »

L’Eucharistie, c’est ce soir, c’est chaque jour que Jésus se donne librement, qu’il donne sa vie, en nourriture pour que ses frères et sœurs humains aient la vie.

En communiant à ce don du Christ, nous pouvons aimer comme lui, en actes et en vérité, et nous faire serviteurs les uns des autres.

-       C’est le sens de ce deuxième geste : le lavement des pieds, signe de la charité fraternelle qu’il nous demande de faire aussi à notre tour en mémoire de lui.

C’est un geste d’hospitalité orientale, dans des pays où on marchait à pied, nus ou en sandales, sur des chemins poussiéreux. Avant le repas, un esclave, le plus jeune, ou un serviteur, le dernier, lavait les pieds des invités, basse et humble tâche accomplie par quelqu’un du bas de l’échelle.

 

Jésus prend à son compte cet acte. Il se fait le dernier des serviteurs, lave les pieds de ses disciples qu’il a invités.

Il renverse la situation : le Maitre et Seigneur se fait serviteur. Le Pouvoir devient service.

Le plus grand se fait petit. Il s’abaisse. Il révèle qui est Dieu et qui nous sommes, aux yeux de Dieu, et qui nous sommes les uns pour les autres.

Il les aima jusqu’au bout. C’est la logique et la cohérence de l’amour vrai : don de soi et pas don pour soi.

Et Pierre résiste : tu ne me laveras pas les pieds, jamais !

Il ne conçoit pas que Dieu s’abaisse devant lui, il n’accepte pas d’être aimé. Plus tard, tu comprendras, lui dit Jésus. Tu t’abaisseras toi-même pour laver les pieds de ceux qui te seront confiés ; pour cela, accepte de te laisser laver toi-même, pour avoir part à ce que je suis ; être serviteur, c’est ça l’Église, l’Église du Jeudi Saint, de la Cène et du service, celle de l’amour accueilli et donné, offert et partagé, célébré et vécu, ce qui vaut pour Pierre vaut pour nous aujourd’hui.

On va refaire l’Eucharistie en mémoire de lui, on va refaire le geste de laver les pieds, pour que nous fassions comme lui.

Ce geste a été remis au centre de la liturgie du Jeudi Saint en 1955 à la réforme de la liturgie de la Semaine Sainte.

N’en restons pas au geste lui-même, mais à ce qu’il signifie et à ce que Jésus nous demande : faire comme lui les gestes, les paroles de l’attention, du service, bref, de la charité ; acceptant de s’abaisser, de se baisser, même si ce n’est pas toujours facile physiquement quand on a quelques difficultés aux articulations, ais c’est encore plus difficile quand on a de l’arthrose dans le cœur. Nul n’est trop bas qu’il ne soit rejoint par Dieu. Nul n’est trop bas, y compris nous-mêmes, que nous ne puissions le répondre. Chacun de nous connaît bien, pour lui-même, dans son existence concrète, ce que peut signifier et ce geste de la charité fraternelle et celui du don de soi, de l’Eucharistie.

 

Autour de la table où nous sommes invités ce soir

A accueillir cet appel à aimer et à donner de soi-même

Vous ferez cela en mémoire de moi.

 

Eh bien, faisons-le !

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