Carmel de Saint-Maur – P. Maurice Boisson
Elle n’avait peut-être
pas changé d’heure ! Marie-Madeleine, quand elle se rend au tombeau, de
grand matin, il faisait encore nuit ! Éprouvée, inquiète, pressée de
donner les derniers soins mortuaires à son ami Jésus et de se recueillir sur
son tombeau. Cette courte nuit a été longue pour elle. Dans une nuit d’épreuve,
de souci, d’hôpital, d’insomnie, qui n’a pas attendu et espéré une petite lueur
annonçant le jour ?
« Toute nuit
pressent que la lumière jaillira de l’aube qu’elle attend. » (Cl.
Duchesneau) C’est encore la nuit, de grand matin ! Quand Marie-Madeleine
prend le chemin du tombeau, elle pressent dans son intuition féminine et son
affection pour Jésus, que tout n’est peut-être pas fini… que tout n‘est pas
fini… ; elle attend et désire ce jour qui commence à se lever ; sa
confiance, son espérance et son amour, contribueront à le faire naître, ce
jour. Il y a des croix et des Passions qui paraissent ne jamais prendre fin… et
des résurrections qui semblent tellement tarder ! Mais le jour vient
toujours au bout et à bout de la nuit. Marie-Madeleine en était encore à
l’ancienne heure : à l’heure du Vendredi, à l’heure de la Mort, à l’heure
du souvenir. Partie à l’ancienne heure, dans les ténèbres de son cœur,
Marie-Madeleine, arrivant près du tombeau, se trouve devant un temps nouveau,
une heure nouvelle à laquelle elle va accorder sa vie.
Ce temps nouveau est
ouvert par la pierre enlevée du tombeau alors que celle-ci fermait l’entrée.
Cette pierre fermait le tombeau, fermait aussi le cœur de Madeleine, nos cœurs,
empêchant la lumière d’entrer, et la vie de sortir.
Cette pierre est poussée
sur le côté, le tombeau est vide. La lumière de Dieu peut y entrer, et chasser
les ténèbres de toutes sortes de mal.
La vie en est sortie,
libérée, laissant la mort, morte.
Ce rayon de fragile
espérance conforte Marie-Madeleine dans son intuition profonde que le tombeau
n’est pas la destination définitive. Elle court en parler aux amis Pierre et
Jean, plus réservés sur la situation. Plus tard, ils comprendront… Pour
Marie-Madeleine, un temps nouveau commence, l’aurore qui se lève éclaire peu à
peu le passé, l’aujourd’hui, et ouvre un demain. Il faut du temps, souvent,
dans nos vies, pour nous rendre compte que le jour est là. L’expérience de la
Résurrection, et de Résurrection, n’est pas fulgurante, et évidente, elle est
un chemin sur lequel on avance, accompagné par le jour qui peu à peu éclaire
nos pas.
Il a fallu que
Marie-Madeleine entende la voix de son ami Jésus l’appeler par son prénom,
Marie, pour le reconnaître. Il a fallu que Thomas touche les plaies, il a fallu
que des amis, comme nous ruminant leur déception et leur tristesse sur le
chemin d’une auberge, soient rejoints par un inconnu. Il marche avec eux, les
écoute, leur explique les événements, ça leur fait chaud au cœur. Arrivés à
l’auberge, autour de la table basse, il prend du pain, le partage et le leur
donne… Ils le reconnaissent.
Aujourd’hui, comme hier,
il ne suffit pas de dire que Jésus est ressuscité, Alleluia ! il faut
montrer que le tombeau est vide. C’est à nous de rouler sur le côté, toutes les
pierres qui ferment, qui enferment, qui empêchent d’entrer dans nos cœurs et
d’en sortir, la lumière, la vie, l’Amour. En célébrant ce matin le christ
ressuscité, nous recevons la tâche, joyeuse et essentielle aujourd’hui,
d’ouvrir les tombeaux de toutes sortes, de guetter l’aurore qui ne manque
jamais un matin, et surtout, d’aider cette lumière à naître, à venir à bout des
nuits…
En ce matin de Pâques,
remettons-nous à l’heure du Christ Ressuscité, pour ne pas manquer le
Rendez-vous de la lumière, de la vie, de l’Amour, qui ont jailli du tombeau,
devant lequel la puissance de l’Amour de Dieu a roulé la pierre…
Alleluia, le Christ est
ressuscité, il est vraiment ressuscité, ouvert est le tombeau, ouverts sont nos
tombeaux.
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