Homélie 27° dimanche C
Carmel de Saint-Maur - P. Maurice Boisson
Carmel de Saint-Maur - P. Maurice Boisson
Qui n’a jamais
fait cette demande des amis de Jésus : «Seigneur, ajoute en nous un peu de foi,
de confiance, d’assurance, de courage ! » Quand l’épreuve est là, quand la
lassitude nous attend au bout de la journée, quand la lumière faiblit en nous,
autour de nous, quand la peur nous angoisse, quand les autres nous blessent,
quand il faut prendre des décisions. «Ajoute en nous un peu de foi»… pour aller
de l’avant, pour oser poser notre pied, notre coeur, notre esprit sur une
pierre solide qui nous permettra de traverser, pour ouvrir le volet de cette
lucarne intérieure laissant entrevoir l’invisible, au-delà du visible…
Le slogan ou
les formules «Il faut y croire! On y croit! Alleluia ! » ne suffisent pas
si l’on n’a pas, au plus profond de nous-même, comme ces petites graines dont
parle Jésus, qui délivrent une énergie de vie, qui nous rendent capables
d’aller parfois au-delà de ce qui paraît possible humainement, de «retourner
ciel et terre», comme on dit, de faire «déraciner un arbre et le planter
dans la mer» comme dit Jésus. «Si je
n’avais pas eu la foi, avec tout ce que l’on a vécu, je crois que je n’aurais
pas pu tenir! » m’écrivait une personne âgée de 98 ans à qui je souhaitais
son anniversaire.
Un jour, les
apôtres dirent au Seigneur - c’est notre Evangile- «Augmente en nous la foi !»
«προσθες ημιν πιστιν», littéralement «ajoute en nous de la foi». On en a bien
un peu mais mets en nous plus de foi, de confiance, de paix intérieure. On en a
besoin ! De fait, on peut s’étonner de la demande des amis de Jésus, alors
qu’ils étaient avec lui, en vrai, témoins de ses miracles, de ses rencontres,
de ses paroles… mais voilà, il venait de leur annoncer, le visage fermé dit
Luc, la suite du programme : «Montons à Jérusalem, ce sera le procès, la
condamnation, la mort…» Ils n’avaient pas imaginé un tel dénouement ! Ils
comptaient sur lui pour libérer le pays de l’occupant, rétablir le pouvoir du
peuple. Dans l’épreuve qui s’annonçait, il y avait de quoi demander un peu plus
de foi, de confiance dans les promesses de Dieu et dans l’avenir apporté par
Jésus. C’est aussi notre expérience, que d’avoir besoin de plus à certains
moments, d’ajouter un peu de vitamines spirituelles en notre être intérieur.
«Ajoute en
nous…», on n’est pas devant un distributeur automatique de foi… On a besoin
aussi de pouvoir compter sur les autres, sur leur soutien, leur présence, leur
témoignage, comme ils peuvent compter aussi sur nous. On ne peut pas être
croyant tout seul. On peut compter aussi sur les présences invisibles mais
réelles de ceux qui nous ont quitté ici-bas : c’est la communion des Saints, un
échange invisible de prières.
Et puisque
c’est leur fête aujourd’hui, nous pouvons compter sur nos Anges Gardiens !
Parce que nous sommes uniques aux yeux de Dieu, que nous avons du prix à ses
yeux, Dieu confie chacune et chacun de nous aux soins d’un ange pour nous
guider, nous protéger, nous conseiller, nous soutenir… Présence invisible, discrète, efficace de Dieu dans nos
vies.
« Ajoute en
nous de la foi », si nous y mettons du nôtre. Qui sommes-nous si nous
pensons pouvoir nous en tirer tout seuls, avec nos seules forces ?
Qu’avons-nous que nous n’ayons reçu ? Si nous n’acceptons pas de recevoir des
autres, d’Un autre, et de donner ? Que pouvons-nous, si nous n’accueillons pas
au plus intime de nous-mêmes la grâce toujours offerte ?
À la demande de ses amis, Jésus répond : «Si vous aviez de la
foi, gros comme une graine de moutarde», comme une petite graine -pas comme un
gros tas de sable - comme une petite graine, vous feriez ce qui semble
humainement impossible. La foi peut être petite ou si elle est grande, c’est
que cette petite graine en nous est vivante, promesse et énergie de vie. Avec
presque rien, on peut beaucoup si ce presque rien est de l‘énergie, de la vie,
de l’amour ! Il vaut mieux 100 grammes de blé vivant ou de graines de sapin
qu’une tonne de bois mort !
Cet appel de
Jésus aujourd’hui est aussi celui de Paul dans la 2ème lecture : «Ravive le don
gratuit de Dieu […] qui est en toi», la foi et la confiance au Christ qui
sont en toi. «Ce n’est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné» (la peur
est toujours contraire à la foi) mais une énergie intérieure («un esprit de
force»), une capacité d’aimer
(«un esprit d’amour»), une disposition à mener sa vie avec justesse et sagesse,
un esprit de paix intérieure (« un esprit de pondération »).
Faisons nôtre cette prière des amis de Jésus, pour nous, les uns
pour les autres :
«Seigneur, ajoute en nous de la foi, de l’espérance et de
l’Amour ! »
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