« Il est crucial que nous répondions aux besoins de ceux
qui sont contraints à migrer », a déclaré Mgr Bernardito Auza.
L’observateur permanent du Saint-Siège auprès de l’ONU est
intervenu sur la migration au cours de la 71e session de l’Assemblée
générale des Nations unies, le 4 octobre 2016, à New York.
En rappelant que les migrants « risquent leur vie dans les
mains des passeurs et des réseaux de trafiquants » et qu’ils sont souvent
« accueillis avec plus d’hostilité, de peur, d’anxiété, de racisme et même
de xénophobie », Mgr Bernardito Auza a cité « la règle d’or » du
pape François : « Si nous voulons la sécurité, donnons la sécurité ;
si nous voulons la vie, donnons la vie ; si nous voulons des opportunités,
donnons des opportunités. Le critère que nous utilisons pour les autres
sera l’aune à laquelle le temps nous mesurera. (24 septembre 2015, discours
devant le Congrès américain)»
« Ma délégation estime que cela n’est pas seulement la
bonne chose à faire; c’est aussi la meilleure pratique », a
assuré Mgr Auza.
MD
Voici notre traduction complète de l’intervention de Mgr
Auza :
Madame la Présidente,
Permettez-moi de vous féliciter de votre rôle en tant que
présidente de la troisième Commission. Ma délégation se réjouit de travailler
de manière constructive avec la Commission au cours de votre mandat.
Madame la Présidente,
Le rapport des Nations Unies sur la « situation sociale
dans le monde 2016 » nous rappelle que, si la pauvreté a diminué de façon
spectaculaire à travers le monde et si les gens sont en meilleure santé, plus
instruits et mieux connectés que jamais, les progrès restent inégaux. Plus
inquiétante encore est la conclusion selon laquelle les inégalités sociales et
économiques persistent et, dans de nombreux cas, sont en augmentation à
l’échelle internationale.
Peut-être cette détérioration n’est-elle nulle part plus
apparente que dans les zones où les conflits prolongés sont devenus une partie
de la vie quotidienne. Dans de trop nombreux coins de notre monde, les enfants
et les jeunes sont élevés sous les règles de la guerre, plutôt que la règle du
droit. Les querelles politiques et ethniques persistantes, les persécutions et
les atrocités de masse, l’extrême pauvreté et les inégalités croissantes
obligent beaucoup à devenir des réfugiés et des migrants, déplacent
d’innombrables personnes et détruisent des maisons et des propriétés. Pour les
victimes, il n’y a pas de paix ni de sécurité, pas de droits de l’homme ni de
développement et, dans de nombreux cas, personne à qui demander de l’aide.
C’est un droit fondamental de chaque individu de rester en paix
et de jouir de la sécurité qui fournit le fondement et la stabilité nécessaires
pour assurer durablement le développement social. A Lesbos, en Grèce, le pape
François a appelé « tous les dirigeants politiques à employer tous les
moyens pour faire en sorte que les individus et les communautés, y compris les
chrétiens, restent dans leur pays d’origine et jouissent du droit fondamental
de vivre en paix et en sécurité ».
À cet égard, l’Agenda 2030 continue de montrer de grandes
promesses dans la lutte contre les causes profondes qui ont conduit aux
conflits et aux crises auxquels nous sommes actuellement confrontés, ce qui les
rend moins susceptibles de se produire à nouveau dans l’avenir. Si ceci était
réalisé dans le plein respect de la vie humaine et de la dignité de chaque
personne, l’Agenda 2030 éradiquerait l’extrême pauvreté, inverserait la
tendance des inégalités croissantes, endiguerait la dégradation de
l’environnement, et jetterait les bases de sociétés pacifiques et inclusives
dans lesquelles le bien commun est vraiment partagé par tous, ne laissant
personne en arrière.
Madame la Présidente,
Il est crucial que nous répondions aux besoins de ceux qui sont
contraints à migrer. Incapables de s’assurer une façon régulière et ordonnée de
migrer, ils risquent leur vie dans les mains des passeurs et des réseaux de
trafiquants. S’ils ont assez de chance pour atteindre leur destination ou une
autre, dans de nombreux cas, ils sont accueillis avec plus d’hostilité, de
peur, d’anxiété, de racisme et même de xénophobie. Dans son allocution à la
session conjointe du Congrès américain, le pape François a appliqué la règle
d’or dans la lutte contre les grands mouvements de réfugiés et de migrants, en
disant : « En un mot, si nous voulons la sécurité, donnons la
sécurité ; si nous voulons la vie, donnons la vie ; si nous voulons
des opportunités, donnons des opportunités. Le critère que nous utilisons pour
les autres sera l’aune à laquelle le temps nous mesurera ». Ma délégation
estime que cela n’est pas seulement la bonne chose à faire; c’est aussi la
meilleure pratique.
La Déclaration de New York sur les réfugiés et les migrants,
récemment adoptée, a ouvert la voie à la réalisation d’une série d’engagements
et à la négociation de plusieurs Pactes mondiaux pour faire face à ces défis
collectivement. Cette Déclaration et la nouvelle campagne mondiale du
Secrétaire général pour lutter contre la xénophobie sont des signes
encourageants, mais ils exigent une plus grande volonté politique, la
coopération et la solidarité de la part de tous pour traduire cet espoir en
réalité.
Le pape François ne cesse de nous rappeler que, en ce moment de
l’histoire humaine, marquée par de grands mouvements de migration, la question
de l’identité n’est pas une question secondaire. Ceux qui migrent sont forcés
de changer certaines de leurs caractéristiques les plus distinctives et, qu’ils
le veuillent ou non, même ceux qui les accueillent sont également forcés de changer
(3). Le défi devant nous est de ne pas faire l’expérience de ces changements
comme des obstacles, mais comme des opportunités pour une véritable croissance
humaine, sociale et spirituelle, une croissance qui respecte et promeut les
valeurs qui nous rendent toujours plus humains.
Je vous remercie, Madame la Présidente.
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