Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson
Saint-Albert le Grand, évêque et
éminent théologien, écrit à propos du Notre-Père : « Il n’est pas de
prière qui commence de manière plus familière et plus douce ».
Mais
voilà, souvent, on n’a pas le temps de commencer qu’on est déjà à la tentation…
On escamote souvent les deux mots les plus importants de cette prière de Jésus.
« Notre Père ». Ces mots qui nous situent avec quelqu’un, le Christ,
le Fils, avec les autres (notre), avec Dieu, notre Père, dans son Amour. Ces
premiers mots nous font entrer d’emblée (on n’est pas dans des idées, des
paroles) dans une relation avec quelqu'un de proche, qui nous aime, qui prend
soin de nous, dont nous sommes les fils et les filles bien-aimés.
Alors,
après, on peut poursuivre la conversation, écouter, demander, être là
simplement, puisque l’on sait avec qui l’on est. Les prières officielles
commencent souvent par Seigneur, Dieu tout puissant, éternel, qui expriment
peut-être une distance, un accès plus difficile car Dieu est aussi le tout
Autre. Par le Notre-Père, il est le tout proche. C’est la grande révélation de
Jésus, de nous dire le visage, le coeur, l’être de Dieu : Père, Amour et il
nous donne des mots pour le prier, comme lui-même prie : Père, Notre Père.
Luc
commence par Père, Matthieu par Notre Père et la prière de l’Église par Notre
Père. C’est la même réalité, nous avons un Père commun à tous, un seul Dieu et
donc nous sommes, de fait, frères et soeurs. Mais encore faut-il que nous
réalisions concrètement cette situation. Ces deux mots qui ouvrent notre prière
fondent notre fraternité, une fraternité universelle, réelle. Ces deux premiers
mots, dès que nous les prononçons, nous engagent, au moins à essayer, à faire
en sorte de réaliser cette fraternité, cet amour mutuel au quotidien, ce que
nous disons, ce que nous sommes. Donne
nous ce dont nous avons besoin chaque jour pour vivre ce que nous sommes : fils
et filles bien-aimés du Père, frères et soeurs d’un même Dieu qui est Amour.
Que
ce rappel dans cet Évangile du don que le Christ nous fait de la prière au Père
nous rende cette prière toujours nouvelle, jamais habituelle, dès le début qui
commence d’une manière douce et nous fait entrer dans une relation de famille
pour vivre de l’Amour du Père.
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