Homélie du 2ème dimanche de l’Avent, année A
Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson
Si
vous le voulez bien, je vous propose de nous arrêter quelques minutes à la
prière d’ouverture de ce deuxième dimanche de l’Avent : une des plus belles
prières de l’année, réaliste, prenant en compte nos préoccupations, nos soucis
présents, demandant une grâce, un don essentiel : l’intelligence du coeur. Elle
nous invite en ce temps de l’Avent, à nous laisser habiter par l’Esprit et les
dons de la venue du Christ, en particulier celui de la Paix en nous-mêmes, avec
les autres, pour être réellement non seulement des pèlerins de Paix qui la
cherchent, qui l’accueillent mais surtout des artisans de Paix, qui la font
concrètement.
Ces
prières qui ouvrent la célébration de l’Eucharistie peuvent parfois échapper à
notre attention… et à notre prière… Reprenons celle d’aujourd’hui
: « Seigneur tout puissant et miséricordieux, ne laisse pas le souci
de nos tâches présentes entraver notre marche à la rencontre de ton Fils, mais
éveille en nous cette intelligence du coeur qui nous prépare à L’accueillir et
nous fait entrer dans Sa propre vie. »
Arrivant
à la messe, nous sommes là simplement, devant Dieu, miséricordieux,
accueillant, plein d’attention. Nous arrivons avec ce que nous sommes, nos
soucis de la semaine, nos préoccupations, nos joies, nos tâches présentes, ce
qui nous a marqués -santé, famille, travail, relations, avenir, fins de mois,
choix à faire, informations sur la vie du monde… C’est ce que nous offrons au
Seigneur par le pain et le vin, fruits du travail des hommes, signes de ce qui
fait nos vies et la vie du monde et qui deviendront le corps du Christ. Dans
notre prière, nous ne demandons pas à Dieu de nous débarrasser de tout cela, -
c’est la vie - mais de ne pas nous laisser dominer, enfermer, envahir par ce
qui nous empêcherait de rechercher les biens essentiels.
« Éveille
en nous l’intelligence du coeur ! » Éveille, suscite, provoque en nous
cette qualité intérieure à discerner, dans tous nos soucis et préoccupations ce
qui est essentiel et ce qui l’est moins ou pas du tout.
L’intelligence
du coeur est une grâce, un don à demander pour mener notre vie dans ce qui nous
sollicite au quotidien et qui, parfois, peut nous faire oublier le pourquoi et
le sens de nos tâches présentes. Le don de l’intelligence du coeur n’est pas un
tas de connaissances intellectuelles, c’est une capacité intérieure qui nous
permet d’évaluer à sa juste mesure ce qui arrive, ce que nous avons à faire, ce
qui nous accapare : ce qui compte, ce qui vaut, ce qui est premier, ce qui a du
poids, ce qui est le mieux, le meilleur, le plus dit Saint Ignace.
« Apprends-nous
la vraie mesure de nos jours, de nos préoccupations » (Ps39,5), c’est ce
qu’exprime la première lecture en parlant de l’Esprit du Seigneur à accueillir
en ce temps de l’Avent : « Esprit de sagesse et de discernement ».
Cet esprit est une qualité intérieure de pouvoir sentir, démêler, peser où est
le bien véritable. Il est aussi la force intérieure de réaliser, ou plus
humblement, d’aller dans la direction de ce qui nous apparaît le meilleur et le
mieux. L’intelligence du coeur ne se trouve pas dans un distributeur
automatique : « Éveille en nous », ça se demande dans la prière, se
nourrit dans la confrontation à la Parole de Dieu, à l’Évangile et surtout se
vérifie dans notre relation aux autres et à nous-mêmes.
Demandons
cette grâce de l’Avent : « Seigneur miséricordieux, ne laisse pas le souci
de nos tâches présentes entraver notre marche à la rencontre de ton Fils, mais
éveille en nous cette intelligence du coeur qui nous prépare à L’accueillir
! »… Et à nous accueillir les uns les autres.
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