Homélie de la fête de l’Épiphanie - Année B

 Homélie de la fête de l’Épiphanie - Année B

Carmel de Saint-Maur — Père Maurice Boisson

  

           Regarder un ciel plein d’étoiles, c’est magique! Surtout quand on n’est pas gêné par les lumières des rues ou des maisons… Voir des enfants avec les yeux remplis d’étoiles… Fixer l’étoile que l’on repère quand on est égaré… Suivre sa bonne étoile…

            C’est attachant, mystérieux, comme un contact avec l’infini, avec le Créateur, c’est magique !

            C’est magique… C’est peut-être pour cela qu’on les appelle les mages ! Ces savants, astrologues, partis du pays où naît la lumière pour suivre une étoile et venir se prosterner devant le roi des Juifs.

            « Nous avons vu son étoile.. et nous sommes venus ». Ces mages, païens - ce qui ne veut pas dire qu’ils ne croyaient en rien, n’étaient pas de la religion du pays où ils allaient. ILs cherchaient « la vraie lumière qui éclaire tout homme venant dans le monde » (Jn1,9). Ils désiraient voir à qui les conduirait cette étoile, inconnue. Un appel intérieur les a mis en route, ils sont partis, loin de leurs certitudes et de leurs pays pour arriver en eux-mêmes, tout près. L’étoile guidait leur pas, surtout leur coeur, leur esprit, leur désir.

            Quelle est ton étoile ? Celle qui te guide, te fait avancer, te fait bouger, te fait désirer, chercher un meilleur, le meilleur de toi-même. « Les gens ont des étoiles qui ne sont pas les mêmes pour chacun. » (Saint Exupéry, Le petit Prince). Quelle étoile guide tes pas ? Vers quoi, vers où, vers qui ?

            Un roi, c’est censé naître dans un palais ! Pas toujours, sourit l’étoile, qui s’était arrêtée de briller à Jérusalem. A cet endroit, le ciel s’était couvert, de gros nuages noirs de la méchanceté, de la ruse, de la jalousie du roi Hérode. L’étoile de la crèche ne luit plus, quand on tire le rideau obscur du mal. Pourtant, elle est toujours là. En quittant Hérode et ses nuages, les mages retrouvent l’étoile. Elle les précédait de nouveau. Et elle vient s’arrêter juste à l’endroit où se trouvait l’enfant.

            Une étoile, c’est magique ! C’est fait pour indiquer le beau, la lumière, le coeur.

            "Alors, il se réjouirent d’une grande joie. » Ce n’est pas étonnant, vu où l’étoile les a conduit. Traversant nos cieux intérieurs, nos nuages, nos nuits, nos épreuves. Tendrement, elle fait apparaître la lueur de nos joies intérieures, de nos recherches, lorsqu’elle nous conduit à une Présence : Dieu est Amour.

            Alors, l’étoile ouvre l’intimité de la crèche à l’immensité du monde, ce monde pour lequel cet enfant est né pour nous. « Dieu a tellement aimé le monde qu’Il nous donne son Fils » (Jn3,16), son Amour. Alors, Marie pourra raconter qu’avec nous, tout l’univers s’est rassemblé sous son étoile. Une étable, c’est ouvert, pas besoin de digicode pour entrer, sinon celui du désir de la rencontre du Prince de la Paix. Avec les mages, toute la Création est dans la crèche : les humbles gens croyants, Marie et Joseph, les garnements marginaux de bergers, les grands personnages venus des bouts du monde, des païens, les animaux et les anges : un bébé sur la paille rassemble tout ce monde si divers, figure du monde à venir, rassemblé par le Christ.

            Aujourd’hui, la crèche, c’est nos vies, notre coeur : le lieu de la naissance et de la présence de Dieu. Laissons ouverte notre crèche intérieure pour que les autres puissent y entrer, se réjouir, y trouver la paix, y trouver une étoile qui guide leurs pas … Ne jouons pas  à Hérode.

            Nos amis ne sont pas venus les mains vides. Au petit roi, on offre ce qu’il y a de plus précieux dans notre pays. C’est magique, c’est le premier miracle de Jésus : leurs cadeaux sont transformés, redonnés pour tous, comme sera l’eau changée en vin à Cana. Leur or devient en eux et pour tous des coeurs d’or. Le parfum d’encens devient la bonne odeur de bonté, de paix, de fraternité. La précieuse myrrhe se transforme en perles de lumière et de partage. Il en est de même pour nos richesses intérieures que nous possédons tous, si nous ne les gardons pas pour nous.

            Et les mages repartent par un autre chemin. C’est magique, un autre miracle ! Un chemin qui évite Hérode, le lieu de la violence, de la méchanceté, des nuages noirs qui cachent les étoiles. Le chemin du retour est celui de la lumière, de l’amour, de la joie de l'étoile née dans les coeurs de chacun, dans l’étable.

La nuit n’est jamais privée d’étoiles, si nous chassons ce qui empêche leur lueur d’arriver jusqu’à nous.

Alors, les mages quittaient l’étable. Un petit berger futé leur glissa à l’oreille : « Vous savez comment s’appelle la maman du bébé ? Son nom est Marie. Chez nous, ça veut dire : « étoile de la mer ». 

            Magique ! Les mages. Qu’elle guide votre retour !

            Qu’elle guide notre navigation pour cette nouvelle année !