Homélie de la fête du Baptême de Jésus - Année B
Carmel de Saint-Maur — Père Maurice Boisson
Il avait
environ 30 ans. « Jésus vint de Nazareth, ville de Galilée. Il fut baptisé
par Jean dans le Jourdain. » (Mc 1,10). C’est sobre ! Une nouvelle vie commence
pour Jésus, sa mission reçue de son Père. « Il faut que je sois aux
affaires de mon Père » (Lc2,49). Jésus quitte le village, l’atelier, la
famille…
Au bord du
Jourdain où il arrive, un homme bizarre plonge dans l’eau ceux que sa
réputation avait attirés en ce lieu. Jean, de sa voix de prophète, invite les
gens à se purifier, à se décrasser de leurs laideurs morales, à se convertir.
« Le Messie est au milieu de vous ! »
Quelqu’un s’est
glissé dans la file d’attente : Jésus. Il prend la file avec les publicains,
qui savent si bien détourner de l’argent, avec des soldats, brusques et
violents, avec des pharisiens imbus de leur personne, etc… Jésus, dans la file
des pécheurs, « lui qui a pris notre condition d’homme, excepté le
péché. » (Gaudium et Spes 22). Le voilà agenouillé dans l’eau du Jourdain,
avec notre humanité dont il se sent solidaire.
Jésus immergé, plongeant dans la
faiblesse et la fragilité, dans les lâchetés et les violences, les injustices
de tout être humain. Il descend dans les eaux, symbole de mort, mais qui, au
souffle de l’Esprit, engendrent la vie. Laissons-nous atteindre par cette
humilité de Jésus, le Christ, « qui s’est abaissé… » c’est l’épître
aux Philippiens. Il est descendu dans le trou d’eau du Jourdain pour y être
recouvert de tout ce que peut porter notre humanité.
Au lieu de le
désavouer, Dieu le Père atteste que Jésus, Son Fils, est à la bonne place parmi
les pécheurs. Non parce qu’il est pécheur lui-même mais parce qu’il va annoncer
aux pécheurs l’Amour sauveur du Père. Cela ne se fait pas depuis un balcon, ni
même un ambon, mais, comme Jésus, en s’immergeant dans cette humanité.
A peine sorti
de l’eau, relevé des profondeurs de notre humanité, Jésus voit le ciel ouvert,
les nuages se lézardent, l’Esprit descend sur lui et sur cette humanité d’où il
se relève en la relevant. Une colombe est le signe de l’Esprit, (pas 1000
colombes comme dit la chanson !) mais une colombe, figure de l’Esprit, de la
vie, de la paix. La même colombe qui, à l’aube de la Création, planait sur les
eaux pour faire naître le monde. La même colombe que Noé avait lâchée depuis
l’arche sous le déluge. Elle était revenu, un brin d’olivier au bec, signe
qu’elle avait trouvé un lieu où la vie avait repris.
Cette Parole du
Père, qui traverse les cieux, est une parole d’engendrement, une déclaration
d’Amour, par Jésus, à notre humanité, à chacune et chacun de nous : « Tu
es mon fils, ma fille bien-aimé(e). En toi, je trouve ma joie ! » Quand
l’Esprit est là, quelque chose de nouveau surgit.
A la sortie du
temps de Noël, le Baptême du Seigneur nous conduit sur les eaux du quotidien,
de l’ordinaire, pour y vivre ce que nous sommes : des fils et des filles
bien-aimés du Père.
Ne laissons pas
s’échapper trop loin la colombe…
Ne perdons pas
de vu l’étoile…
N’oublions pas
notre baptême !
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