Homélie de la fête de Marie Mère de Dieu - 1er janvier - Année B
Carmel de Saint-Maur — Père Maurice Boisson
Pour offrir des
voeux, quels meilleurs souhaits que ceux que le Seigneur donne à Moïse pour son
peuple dans la 1ère lecture : « Que le Seigneur te bénisse et te garde
! »
Béni ! Benedicere
: dire du bien. Que l’on puisse dire du bien de toi, de vous, cette année et
que tu dises du bien des autres !
Le contraire de
bénir, c’est maudire, dire du mal…
Bénir est un
geste humain essentiel qu’on retrouve d’une manière ou d’une autre dans toutes
les cultures. Le prêtre fait souvent le geste de la bénédiction mais il ne lui
est vraiment pas réservé. Chacun peut bénir ceux à qui il souhaite et veut du
bien. C’est un geste ou une parole d’une grande humanité, qui engage. Se
souhaiter la bonne année, comme se dire bonjour le matin, nous engage à faire
que cette année ou ce jour soit bon pour celui ou celle à qui nous le
souhaitons, dans ce qui nous est possible, bien sûr. Ce serait une grande hypocrisie
et un mensonge de dire « bonne année ! » , « bonjour » en
pensant au fond de soi : « je vais t’en faire voir cette année »
« je vais te gâcher ta journée »; mais, grâce à Dieu, ce n’est pas
le cas !
« Que le
Seigneur vous bénisse et vous garde ! », qu’il vous protège, vous
soutienne, vous aide à marcher vers l’inconnu d’une année. Marie méditait dans
son coeur non seulement les évènements passés mais l’inconnu à venir.
Que le Seigneur
te garde en tous ses chemins ! Les psaumes sont pleins de ce souhait. Prendre
soin de notre relation à Dieu, prendre soin des autres, prendre soin de
soi-même.
« Que le
Seigneur fasse briller sur toi son visage ! » (en hébreu : qu’il te montre
un visage souriant !) « Qu’il tourne vers toi son visage ! » poursuit
Moïse. C’est aussi ce que dit le psalmiste : « Que ton visage s’illumine
pour nous ! » (Ps 66). C’est aussi le message du beau document du Pape
François, sans cesse à reprendre
« Chercher le visage de Dieu ». Le visage de Dieu, qui n’a pas
de visage, dont le visage humain est celui du Christ, ce visage se reflète sur
nos propres visages. Et il n’a pas que des traits de joie, il a les traits de
la vie, doucement ou plus fortement éclairé d’une lumière intérieure. Que le
Seigneur fasse briller sur toi son visage ! Notre souhait est d’accueillir
cette lumière, si petite soit-elle et même si certaines fois, elle ne fait que
frôler notre visage, elle chasse un peu d’obscurité.
« Que le
Seigneur te prenne en grâce, qu’il t’apporte la paix ! », la paix, comme plénitude
de bonheur en hébreu. Toutes ces bénédictions, ces voeux, le désir que se
réalise ce que nous souhaitons (et nous sommes engagés dans la réalisation),
sont tout le contraire des voeux pieux, ces voeux qui n’ont aucune chance de se
réaliser.
« Qu’il
t’apporte la paix » a-t-on chanté pendant l’Avent, à Noël et hier soir,
lors de la veillée, ce don de Dieu au plus intime de nous-mêmes. Cette paix que
cherchent ces jours-ci à Bâle, des jeunes, dans l’esprit de Taizé, où le
message a toujours été, depuis l’origine : Tu cherches la paix, commence par te
pacifier toi-même intérieurement. Chemine avec un coeur réconcilié, sois en
paix avec les autres, en accueillant ce don de Dieu qu’est la Paix.
Ces
« Meilleurs voeux, bonne année, la santé… » sont devenus tellement
formels qu’ils peuvent être un peu usés. Nous avons besoin d’en retrouver le
sens, la profondeur, l’actualité. Nous avons besoin de faire ces souhaits qui
nous engagent et qui soient des bénédictions. Une société, une religion sans
rite, sont déshumanisés mais ne sont pas forcément plus spirituelles.
Dans l’Évangile
de ce jour, tout le monde cause autour de la mangeoire, chacun donne son avis
sur le bébé. « Marie cependant, retenait tous ces évènements et les
méditait dans son coeur ». Accueillir l’évènement, ce qui arrive, y
discerner les traces du désir de Dieu, faire confiance à ses pas pour y poser
les nôtres, mettre notre main dans la sienne, pouvoir compter sur les autres,
c’est ce qu’ont vécu Marie et Joseph.
C’est ce que je
vous souhaite pour une belle année, en vous bénissant !
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