lundi 19 mars 2018

Homélie de la fête de Saint Joseph


Homélie de la fête de Saint Joseph
Carmel de Saint-Maur — Père Maurice Boisson
           
            «  Il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait dit. »
            Tout est dit sur Saint Joseph : sans parler, il écoute et il fait ce que la voix du Seigneur et de sa conscience lui soufflent en songe. « Garde Marie avec toi, n’aies pas peur ! » « Prends l’enfant et sa mère, pars en Egypte ! » De même, au retour, Joseph se réveille, il fait ce qu’il a perçu en lui-même et que le Seigneur lui inspire.

            Les songes de Joseph ne sont pas le fruit de son imagination. Joseph est quelqu’un qui a bien les pieds sur terre, ce n’est pas un rêveur. Le songe - et non le rêve, ce qui n’est pas pareil - est une façon de désigner l’état d’une conscience profondément à l’écoute d’une voix intérieure qui éclaire Joseph sur des choix, qui n’étaient pas spontanément les siens. Il avait décidé de se séparer de Marie.

            Les autres fois dans les Évangiles où l’on parle de Joseph, c’est son épouse qui parle pour lui : « Pourquoi nous as-tu fait ça, à ton père et à moi ? Nous étions au supplice en te cherchant ! » On trouve ensuite quelques allusions à Joseph, mais en référence à Jésus comme son fils : « N’est-il pas le fils de Joseph le charpentier ? »


            Joseph, silencieux, écoutant, faisant. Il n’est cependant pas muet ! Ce n’est pas un taiseux, renfermé, un peu sauvage et grognon. Quand on a des clients, un atelier dans un village, un fils qui travaille avec soi, une jeune épouse agréable et serviable… Jésus a été appris à vivre par Marie et Joseph. Il n’était pas non plus un isolé, boudant la vie ! Le silence de Joseph dans les choix et les choses essentielles nous dit ce qu’est l’intériorité : non pas un repli, mais une ouverture, un dynamisme, qui rend capable de réaliser sans bavardages les appels essentiels perçus dans le silence intérieur. Ce silence intérieur, faisant taire d’autres voix, permet l’écoute de celle de Dieu et la nôtre (celle de la conscience).

            « Quand les outils sont rangés à leur place et que le travail est fini,
            Quand du Carmel au Jourdain Israël s’endort dans le blé et dans la nuit,
            Comme jadis quand il était jeune garçon et qu’il commençait à faire trop sombre pour lire,
            Joseph entre dans la conversation de Dieu avec un grand soupir.
            Il a préféré la sagesse et c’est elle qu’on lui amène pour l’épouser.
            Il est silencieux comme la terre à l’heure de la rosée. » (Claudel, Saint Joseph)

            De Joseph, les Évangiles ne rapportent aucune parole, seulement ce qu’il a fait, aucun écrit. Peut-être a-t-on retrouver quelques factures ou commandes… Saint Joseph, on le rencontre dans le tout petit livre de sa vie… même pas une page ! Mais s’il continue de nourrir spirituellement tant de personnes, de familles religieuses (ou non), c’est qu’il y a bien une raison !

            Votre Mère Sainte Thérèse, malade, condamnée par les médecins, décide d’appeler au secours les médecins du Ciel. Elle choisit Saint Joseph : « Il nous secourt en toute nécessité. » Alors Thérèse avait lu quelques pages sur Saint Joseph et elle avait aimé le portrait qui était fait de lui : « Un jeune homme resplendissant de vie, extrêmement beau… Car comment admettre que notre Dieu ait donné pour compagnon à la mère de son Fils, celui qui les servait, les nourrissait, un vieillard décrépit tel que le peignent les sots ! Il y a de quoi rire ! » « Ce jeune Saint Joseph, dit Thérèse, se montre bien tel qu’il était. » Un jour qu’elle se trainait à 4 pattes à cause de sa maladie, elle put se déplier et marcher avec assurance…

            Saint Joseph correspond tout à fait à une des aspirations d’aujourd’hui : dans un monde bruyant, bavardeux, superficiel, où l’on ne sait plus qui écouter tant on entend tout, Joseph est l’homme du silence fécond, de l’écoute active, à l’oreille d’une extrême finesse. Spirituel et affectif, il écoute la « voix de fin silence » (selon l’expression de Levinas) qui murmure en son être. Il y répond dans la même simplicité silencieuse.

            Il se réveilla, et il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait donné à entendre.
            Puissions-nous à notre tour entendre ce que le Seigneur a à nous dire et faire sa volonté !

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