Homélie de la fête de Saint Joseph
Carmel de Saint-Maur — Père Maurice Boisson
Tout est dit
sur Saint Joseph : sans parler, il écoute et il fait ce que la voix du Seigneur
et de sa conscience lui soufflent en songe. « Garde Marie avec toi, n’aies
pas peur ! » « Prends l’enfant et sa mère, pars en Egypte ! » De
même, au retour, Joseph se réveille, il fait ce qu’il a perçu en lui-même et
que le Seigneur lui inspire.
Les songes de
Joseph ne sont pas le fruit de son imagination. Joseph est quelqu’un qui a bien
les pieds sur terre, ce n’est pas un rêveur. Le songe - et non le rêve, ce qui
n’est pas pareil - est une façon de désigner l’état d’une conscience
profondément à l’écoute d’une voix intérieure qui éclaire Joseph sur des choix,
qui n’étaient pas spontanément les siens. Il avait décidé de se séparer de
Marie.
Les autres fois
dans les Évangiles où l’on parle de Joseph, c’est son épouse qui parle pour lui
: « Pourquoi nous as-tu fait ça, à ton père et à moi ? Nous étions au
supplice en te cherchant ! » On trouve ensuite quelques allusions à
Joseph, mais en référence à Jésus comme son fils : « N’est-il pas le fils
de Joseph le charpentier ? »
Joseph,
silencieux, écoutant, faisant. Il n’est cependant pas muet ! Ce n’est pas un
taiseux, renfermé, un peu sauvage et grognon. Quand on a des clients, un
atelier dans un village, un fils qui travaille avec soi, une jeune épouse
agréable et serviable… Jésus a été appris à vivre par Marie et Joseph. Il
n’était pas non plus un isolé, boudant la vie ! Le silence de Joseph dans les
choix et les choses essentielles nous dit ce qu’est l’intériorité : non pas un
repli, mais une ouverture, un dynamisme, qui rend capable de réaliser sans
bavardages les appels essentiels perçus dans le silence intérieur. Ce silence
intérieur, faisant taire d’autres voix, permet l’écoute de celle de Dieu et la
nôtre (celle de la conscience).
« Quand
les outils sont rangés à leur place et que le travail est fini,
Quand du Carmel
au Jourdain Israël s’endort
dans le blé et dans la nuit,
Comme jadis
quand il était jeune garçon
et qu’il commençait à faire trop sombre pour lire,
Joseph entre
dans la conversation de Dieu avec un grand soupir.
Il a préféré la
sagesse et c’est elle qu’on lui amène pour l’épouser.
Il est
silencieux comme la terre à l’heure de la rosée. » (Claudel, Saint Joseph)
De Joseph, les
Évangiles ne rapportent aucune parole, seulement ce qu’il a fait, aucun écrit.
Peut-être a-t-on retrouver quelques factures ou commandes… Saint Joseph, on le
rencontre dans le tout petit livre de sa vie… même pas une page ! Mais s’il
continue de nourrir spirituellement tant de personnes, de familles religieuses
(ou non), c’est qu’il y a bien une raison !
Votre Mère
Sainte Thérèse, malade, condamnée par les médecins, décide d’appeler au secours
les médecins du Ciel. Elle choisit Saint Joseph : « Il nous secourt en
toute nécessité. » Alors Thérèse avait lu quelques pages sur Saint Joseph
et elle avait aimé le portrait qui était fait de lui : « Un jeune homme
resplendissant de vie, extrêmement beau… Car comment admettre que notre Dieu
ait donné pour compagnon à la mère de son Fils, celui qui les servait, les nourrissait,
un vieillard décrépit tel que le peignent les sots ! Il y a de quoi rire
! » « Ce jeune Saint Joseph, dit Thérèse, se montre bien tel qu’il
était. » Un jour qu’elle se trainait à 4 pattes à cause de sa maladie,
elle put se déplier et marcher avec assurance…
Saint Joseph
correspond tout à fait à une des aspirations d’aujourd’hui : dans un monde
bruyant, bavardeux, superficiel, où l’on ne sait plus qui écouter tant on
entend tout, Joseph est l’homme du silence fécond, de l’écoute active, à
l’oreille d’une extrême finesse. Spirituel et affectif, il écoute la
« voix de fin silence » (selon l’expression de Levinas) qui
murmure en son être. Il y répond dans la même simplicité silencieuse.
Il se réveilla, et il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait
donné à entendre.
Puissions-nous
à notre tour entendre ce que le Seigneur a à nous dire et faire sa volonté !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire