dimanche 18 mars 2018

Homélie du 5ème Dimanche de Carême


Homélie du 5ème Dimanche de Carême
Carmel de Saint-Maur — Père Maurice Boisson
           
            A une semaine des célébrations des événements fondateurs de notre foi, nous sommes déjà dans l’ambiance de la Passion du Christ. Passion comme souffrances et violences mais aussi Passion comme Amour et don.
            A vrai dire, nous y sommes en permanence, dans les Passions actuelles de notre monde et dans celles qui nous sont intérieures et personnelles. Ces combats, vécus et gagnés par le Christ sont ceux de tout temps et de tout être humain : combats de la vie et de la mort, de la douceur et de la violence, de la lumière et de l’obscurité, du don de soi et de l’enfermement, de la tendresse et de la brutalité, combats du bonheur de l’humanité et de sa destruction, de la méchanceté et de la fraternité, du refus et de l’amour…

            Comme dimanche dernier, Jésus nous dit encore aujourd’hui un secret, un secret à vivre : qui aime sa vie la perd et s’il s’en détache, il vivra en plénitude. Ça coûte, mais c’est libérateur. C’est la condition pour gagner les combats sur toutes formes et forces du mal.


            C’est à Jérusalem, en pleine fête de Pâques, au cours de laquelle Jésus vivra son procès, sa mort en s’en relèvera, qu’il confie à quelques pèlerins ce qui habite au plus profond de son coeur en ces moments difficiles. Qui sont ces pèlerins ? Ses apôtres, ses amis ? Non, car ils ne peuvent pas entendre l’idée et la réalité de ce dénouement qui les révolte. « Non jamais ! Pas ça ! » dit Pierre. Serait-ce des compatriotes juifs ? Non, ils ne veulent pas non plus l’entendre et ils sont décidés à tuer Jésus. Il s’agit de quelques grecs, des étrangers, des non-juifs, qui se trouvent là et désirent voir Jésus. «  Nous voudrions voir Jésus. » C’est à eux, des désirants d’un peu de lumière, comme Nicodème, disposés à chercher, à accueillir, à comprendre. C’est à eux que Jésus ouvre son coeur, sa souffrance et sa confiance. Non seulement au sujet de sa Passion à lui, mais des Passions de ses frères et soeurs dont il se sent solidaire : « Qui aime sa vie la perd, s’il la donne il vivra en plénitude. » C’est ce qu’il est lui-même en train de vivre. Il explique : ces graines que l’on va bien bientôt semer dans les jardins, si elles se transforment dans la terre, elles vont donner ce qu’elles portent en elles-mêmes, des fruits, des fleurs. Si elles restent intacts, rien ne germera.

            Celui qui se donne lui-même, qui meurt à lui-même portera beaucoup de fruits. Celui qui se referme sur lui-même ne donnera rien. Vivre, c’est se donner et aimer, c’est mourir à soi-même, dit Jésus à ces quelques Grecs. C’est la signification de ce qui va se passer. Et il ajoute aussitôt, comme s’il vivait déjà en lui ces paroles qu’il venait de dire : « Maintenant, je suis bouleversé, au plus profond de moi. Que dire ? Père, sauve-moi de ce moment, de cette Passion de mort et de violence ? Mais non ! Glorifie ton Nom ! » « Dans ce que je vais vivre, dans la souffrance, par Amour, manifeste que Tu me donneras raison, que Tu donneras raison au don de l’Amour, à la Vie ! » Et, comme au baptême de Jésus et à la Transfiguration, la voix de Dieu, du Père se manifeste pour attester qu’il donnera raison à son Fils : « Je le glorifierai ». « Le prince de ce monde, le démon, le mal, vont être jetés dehors », tel sera le signe qui sera donné.

            C’est la Promesse de la Passion du Christ pour toutes les Passions. Promesse déjà acquise, mais à réaliser dans l’aujourd’hui de nos vies et du monde, au quotidien.

            Qui aime sa vie pour la garder pour soi la perd…
            Qui la donne, la gardera et vivra en plénitude…

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