jeudi 29 mars 2018

Homélie du Jeudi Saint 2018


Homélie du Jeudi Saint 2018

Carmel de Saint-Maur — Père Maurice Boisson
           
            Les événements de ces derniers jours nous ont déjà plongés dans les gestes et les paroles du
Christ que nous célébrons ce soir : le don de l’Amour, par l’offrande de sa vie. C’est l’Eucharistie que nous rapporte Paul dans la 2ème lecture, et c’est ce don redonné par le geste du lavement des pieds, attitude de charité et d’amour. Pour les deux, Jésus nous dit : « Faites pareil, en mémoire de moi ! » C’est son testament, l’héritage qu’il laisse à ses amis - ses amis que nous sommes ce soir autour de lui. « Ayant aimé les siens, il les aima jusqu’au bout. » Ces deux gestes sont à l’opposé de ce qui se passe pour lui, dans la nuit : l’arrestation et la suite, les violences… l’étalage de l’épicerie du malin.

            Passion comme souffrance, Passion comme Amour, passionné, hier, et aujourd’hui.
            En pleines méchancetés et violences surgit l’Amour, le don de soi, désarmé… « Quand on n’a que l’amour… » « Faites de même, en mémoire de moi. »
            « Le pain et le vin partagés, c’est mon corps livré, mon sang versé par et pour l’Amour ! »
            « Je vous ai lavé les pieds, faites pareil ! »
            C’est le même cadeau de l’héritage : celui du don de l’Amour, donné, offert, à accueillir et à re-donner.


            Ces deux cadeaux constituent la communauté et les communautés des disciples de Jésus. Ils en sont le coeur et l’ossature. L’un ne peut être vrai sans l’autre. Le sacrement de l’Eucharistie implique le sacrement du frère et de la soeur,  signes efficaces de la présence et de l’amour du Christ. Communier au corps et au sang du Christ sans vouloir, ni au moins chercher à vivre la charité au vrai sens du mot est illusoire.

            Ce geste du lavement des pieds peut sembler aujourd’hui désuet et peu parlant. Il était un geste d’accueil et d’hospitalité, de soins bienveillants lorsque les gens se déplaçaient, pieds nus ou en sandales par des chemins poussiéreux. Avant le repas, un esclave ou un serviteur, le dernier arrivé, lavait les pieds des invités. Cette tâche, humble et basse, confiée au moins considéré, Jésus la prend à son compte. Le Maître et Seigneur se fait dernier serviteur. Le pouvoir se fait service. Jésus s’abaisse, se baisse, ce qui n’est pas facile quand on a quelques difficultés d’articulations. C’est encore bien plus difficile quand l’arthrose ou les rhumatismes se logent dans le coeur ou dans la tête ! Nul n’est trop bas qu’il ne soit rejoint par Dieu ! Nul n’est trop bas, y compris nous-mêmes, que nous ne puissions rejoindre. « Ce que je viens de faire, dit Jésus, c’est l’exemple, pour que vous fassiez vous aussi comme j’ai fait pour vous. » C’est un exemple, faites comme… Il s’agit bien de faire aujourd’hui ce que signifie ce geste, dans nos relations quotidiennes : l’attention, l’accueil, le service, tous les gestes et attitudes de charité qui nous sortent de nous-mêmes, en nous abaissant, dans l’esprit de Jésus.

            Nous sommes unanimes à admirer le don que le Colonel Arnaud a fait de sa vie pour arrêter la mort. Que cette admiration et ces hommages rendus soient autant de semences au quotidien, dans le concret de la vie, des relations. Semences d’un monde autre pour lequel Jésus est mort.
            Un très beau chant du Jeudi Saint et de l’Ascension de notre ami Claude Duchesneau nous rappelle ce « Faites pareil, faites cela en mémoire de moi ! » :
« L'homme qui prit le pain n'est plus devant nos yeux
Pour saisir en ses mains le don de Dieu.
C'est à nous de prendre sa place aujourd'hui,
Pour que rien de lui ne s’efface. »

            « Ubi caritas et amor, Deus ibi est », « Où sont amour et charité, Dieu est là. » Elle est là aussi et surtout la présence réelle que nous allons adorer tout à l’heure.

            Faisons maintenant ce que Jésus nous a dit de faire, en mémoire de lui, jusqu’à ce qu’il revienne…

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