lundi 12 mars 2018

Homélie du 4ème Dimanche de Carême, de Laetare



Homélie du 4ème Dimanche de Carême, de Laetare
Carmel de Saint-Maur — Père Maurice Boisson
           
            Il y a quelques semaines, alors que la météo persistait à être pluvieuse et sombre, beaucoup d’entre nous se plaignaient du manque de lumière. « On manque de lumière, on n’est pas bien, on aimerait bien un peu de soleil ! » Et c’est vrai que manquer de lumière peut agir sur notre physique et sur notre moral. C’est vrai aussi de la lumière ou du manque de lumière qui guide nos vies : « J’aimerais y voir clair ! dans ma situation, mon avenir, mes choix… », « J’aimerais bien qu’on m’éclaire ! », « J’ai besoin de faire la lumière ! » etc… On n’aime pas être dans l’obscurité, dans l’incertitude qui nous empêchent d’avancer. La lumière intérieure est vitale, elle est la direction où nous allons, la signification de ce que nous faisons, de ce que nous sommes, le but de la vie.

            C’est cette lumière que cherchait Monsieur Nicodème, dont le nom est cité dans cet Evangile. C’était un notable, faisant partie des autorités religieuses et civiles de la ville. Cet homme cherchait la lumière, le sens. Il a entendu parler de Jésus et de ses paroles, il voudrait bien parler avec lui. Il n’ose pas, à cause de ses collègues, de sa situation… « Si on savait que je parle avec lui…!  » Alors, il se lance, il vient trouver Jésus, de nuit, discrètement, en cachette, avec l’humilité de celui qui sait qu’il ne sait pas et qui cherche un peu de lumière pour sa vie.


            Quand on est dans l’obscurité, quand le manque de lumière intérieure nous fatigue, nous fait peur, et bloque notre marche, comme Nicodème, franchissons le pas, pour chercher, même dans la nuit, quelques rayons de lumière pour éclairer notre chemin. On ne cherche pas la lumière en plein jour. On la cherche, et on en a besoin quand, avançant à tâtons, on ne sait plus très bien où l’on va.

            C’est de nuit, dans l’obscurité de sa recherche, que Nicodème trouve la lumière, lorsque Jésus lui révèle le plus beau secret sur lui-même, sur l’humanité, sur Dieu, sur sa vie, sur nous-mêmes. « Dieu a tellement aimé le monde qu’Il a donné son Fils unique, non pas pour juger le monde mais pour que le monde soit sauvé » (cf Jn3,16), pour redonner à chacun le salut, la santé, de tout son être, et le remettre dans la direction initiale de ce pour qui et pour quoi il est fait. C’est ce que nous dit Saint Paul dans la 2ème lecture. « À cause du grand amour dont il nous a aimés », Dieu nous donne de vivre et d’aimer, à nous qui souvent habitons les lieux obscurs de nos égoïsmes, de nos méchancetés, de nos refus de donner et d’aimer. La lumière est ce qui nous presse d’aimer à la manière de Dieu, dans le don gratuit de soi. Quelques soient nos situations, nos faiblesses, nos fragilités et notre péché, nous avons tous en nous quelques reflets, quelques rayons lumineux, plus ou moins forts, de l’Amour de Dieu.

            « Dieu est riche en miséricorde », Il nous partage non pas ce qu’Il a mais ce qu’Il est, afin que nous nous enrichissions de ses dons. C’est la richesse du coeur. Cette richesse du coeur est lumière, que souvent nous cherchons : l’essentiel. Là où il y a la richesse du coeur, - l’amour et la lumière -, la vie est un peu meilleure, pas forcément plus facile mais elle a plus de goût, un sens, un but… peut-être un essentiel, « invisible aux yeux », comme la lumière intérieure, une joie profonde, intérieure.

            « La lumière est venue dans le monde et les hommes ont préféré les ténèbres » dit Jésus à Nicodème. Alors, comme Nicodème, combattons la nuit, l’obscurité ( « Combats » est l’invitation de cette semaine ), ne laissons pas l’obscurité nous parler, combattons nos ténèbres pour venir peu à peu à la lumière, à l’Amour, source de joie intérieure à laquelle nous invite ce dimanche de la Joie.

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