Homélie du 4ème Dimanche de Carême, de Laetare
Carmel de Saint-Maur — Père Maurice Boisson
Il y a quelques
semaines, alors que la météo persistait à être pluvieuse et sombre, beaucoup
d’entre nous se plaignaient du manque de lumière. « On manque de lumière,
on n’est pas bien, on aimerait bien un peu de soleil ! » Et c’est vrai que
manquer de lumière peut agir sur notre physique et sur notre moral. C’est vrai
aussi de la lumière ou du manque de lumière qui guide nos vies :
« J’aimerais y voir clair ! dans ma situation, mon avenir, mes
choix… », « J’aimerais bien qu’on m’éclaire ! », « J’ai
besoin de faire la lumière ! » etc… On n’aime pas être dans l’obscurité,
dans l’incertitude qui nous empêchent d’avancer. La lumière intérieure est
vitale, elle est la direction où nous allons, la signification de ce que nous
faisons, de ce que nous sommes, le but de la vie.
C’est cette
lumière que cherchait Monsieur Nicodème, dont le nom est cité dans cet
Evangile. C’était un notable, faisant partie des autorités religieuses et
civiles de la ville. Cet homme cherchait la lumière, le sens. Il a entendu
parler de Jésus et de ses paroles, il voudrait bien parler avec lui. Il n’ose
pas, à cause de ses collègues, de sa situation… « Si on savait que je
parle avec lui…! » Alors, il se lance, il vient trouver Jésus, de nuit,
discrètement, en cachette, avec l’humilité de celui qui sait qu’il ne sait pas
et qui cherche un peu de lumière pour sa vie.
Quand on est
dans l’obscurité, quand le manque de lumière intérieure nous fatigue, nous fait
peur, et bloque notre marche, comme Nicodème, franchissons le pas, pour
chercher, même dans la nuit, quelques rayons de lumière pour éclairer notre
chemin. On ne cherche pas la lumière en plein jour. On la cherche, et on en a
besoin quand, avançant à tâtons, on ne sait plus très bien où l’on va.
C’est de nuit,
dans l’obscurité de sa recherche, que Nicodème trouve la lumière, lorsque Jésus
lui révèle le plus beau secret sur lui-même, sur l’humanité, sur Dieu, sur sa
vie, sur nous-mêmes. « Dieu a tellement aimé le monde qu’Il a donné son
Fils unique, non pas pour juger le monde mais pour que le monde soit
sauvé » (cf Jn3,16), pour redonner à chacun le salut, la santé, de tout
son être, et le remettre dans la direction initiale de ce pour qui et pour quoi
il est fait. C’est ce que nous dit Saint Paul dans la 2ème lecture. « À
cause du grand amour dont il nous a aimés », Dieu nous donne de vivre et
d’aimer, à nous qui souvent habitons les lieux obscurs de nos égoïsmes, de nos
méchancetés, de nos refus de donner et d’aimer. La lumière est ce qui nous
presse d’aimer à la manière de Dieu, dans le don gratuit de soi. Quelques
soient nos situations, nos faiblesses, nos fragilités et notre péché, nous avons tous en nous quelques
reflets, quelques rayons lumineux, plus ou moins forts, de l’Amour de Dieu.
« Dieu est
riche en miséricorde »,
Il nous partage non pas ce qu’Il a mais ce qu’Il est, afin que nous nous
enrichissions de ses dons. C’est la richesse du coeur. Cette richesse du coeur
est lumière, que souvent nous cherchons : l’essentiel. Là où il y a la richesse
du coeur, - l’amour et la lumière -, la vie est un peu meilleure, pas forcément
plus facile mais elle a plus de goût, un sens, un but… peut-être un essentiel,
« invisible aux yeux », comme la lumière intérieure, une joie
profonde, intérieure.
« La
lumière est venue dans le monde et les hommes ont préféré les ténèbres »
dit Jésus à Nicodème. Alors, comme Nicodème, combattons la nuit, l’obscurité (
« Combats » est l’invitation de cette semaine ), ne laissons pas
l’obscurité nous parler, combattons nos ténèbres pour venir peu à peu à la
lumière, à l’Amour, source de joie intérieure à laquelle nous invite ce
dimanche de la Joie.
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