Homélie du 3ème Dimanche de Pâques - Année B
Carmel de Saint-Maur — Père Maurice Boisson
Dans certaines
conversations sur la vie, la mort, l’au-delà, il se trouve toujours quelqu’un
pour placer cette réflexion : « Oui, mais, personne n’en est jamais revenu
! » C’était déjà la pensée des amis de Jésus, de Thomas, avant que Jésus
ne se montre à eux, vivant après sa mort. C’est l’Evangile de ce
jour. Personne n’est revenu ? Pas aussi sûr !
La plupart des
choses que l’on croit, c’est parce qu’on les a lues ou entendues d’autres, à
qui on fait confiance. Croire en Jésus ressuscité, dès le tout début comme
aujourd’hui, n’est pas évident. Nous faisons confiance à des témoins qui ont
vu, et à des témoins qui, aujourd’hui, vivent de cette foi, parfois jusqu’à
donner leur vie.
« Elles
radotent » disaient les Apôtres en parlant de Marie-Madeleine et des
femmes qui disaient qu’elles avaient vu Jésus vivant. « Je ne croirai
pas » proclamait Thomas. Jésus ne veut pas laisser ses amis dans le flou
et l’incertitude. Alors que les marcheurs rentrant d’Emmaüs, racontaient aux
Onze leur rencontre avec cet in-connu qu’ils avaient re-connu, Jésus lui-même
est au milieu d’eux, en chair et en os. Voyant la tête qu’ils faisaient, Jésus
les apaise : « La paix soit avec vous ! »
C’est là le signe et le don
de la présence du Christ ressuscité : la Paix intérieure, une présence qui
apaise. « C’est bien moi : touchez mes mains, mes pieds, ma chair, mes os…
Si ça ne vous suffit pas, donnez-moi à manger. » Jésus mange devant eux.
Et il leur
ouvrit l’intelligence, le coeur… Oui, quelqu’un est revenu de la mort et des
forces du mal qui l’avaient mis à mort. Il en sera de même pour tous, pour
chacun, pour l’humanité. C’est une promesse en acte, qui se réalise déjà
maintenant, à chaque fois que nous posons des signes, des gestes, des paroles,
des attitudes qui montrent que le Bien, le Bon, les relations, le sens de la
vie, l’Amour ont le dessus, même petitement, sur le visage, les formes et les
forces de tout mal.
Oui, quelqu’un est revenu, qui nous entraîne avec lui vers
la Vie, le Bien, l’Amour… vers Dieu.
Ils étaient un
peu plus d’une douzaine, après avoir douté, à faire confiance au témoignage de
Marie-Madeleine et de quelques autres, à voir, à toucher Jésus ressuscité,
vivant, à manger avec lui.
Et nous, nous
sommes là, ce matin, à célébrer cet évènement ! Comme 1 milliard et 300
millions de personnes à travers le monde qui vivent de cette foi au Christ
ressuscité.
« A vous
d’en être les témoins ! » dit Jésus à ses apôtres. A nous d’en être
les témoins, aujourd’hui et
ici !
Pour être les
témoins et donner à d’autres l’envie d’y croire, il nous faut changer nos
coeurs, dit Jésus. Ajuster notre façon d’être, de vivre, d’être en relation à
cette énergie qui a relevé Jésus de la mort et du mal : la Vie et l’Amour,
l’Etre même de Dieu. Nous ajuster au don que le Christ a fait de lui-même pour
nous sortir du mal, de la mort. On comprend mieux ce que cela veut dire quand
quelqu’un offre sa vie pour sauver des vies, l’actualité de ces jours derniers
nous l’a montré. Ces actes ne peuvent jamais mourir : ils sont Vie et Amour.
Nous ne sommes pas tous appelés à des actes héroïques mais notre quotidien est
fait de petits gestes, attitudes, attentions qui sont autant de germes, de pousses
de bonté, de Vie, d’Amour et de Résurrection. Notre existence est sans cesse
renouvelée de l’énergie du Christ ressuscité.
Etre les
témoins, c’est d’abord l’être pour nous-mêmes par la conversion intérieure,
c’est l’être les uns pour les autres dans notre quotidien.
Oui, quelqu’un
est revenu… pour toujours ! Et il nous en fera revenir comme lui et avec lui.
Que notre
existence, plus que nos paroles, puissent donner envie de croire et surtout de
vivre de cette étonnante nouvelle que le Bien, la Vie, l’Amour sont vainqueurs à jamais !
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