Homélie du 4ème Dimanche de Pâques - Année B
Carmel de Saint-Maur — Père Maurice Boisson
Même si on
n’est pas jurassien, jurassienne, comtois au tempérament quelque peu résistant
et rebelle, personne n’aime être comparé à un mouton dans un troupeau de moutons
et de brebis, bêlant, suivant n’importe quel berger, prêts à se faire tondre la
laine sur le dos, comme on dit.
Les troupeaux
de brebis, les bergers, pâtres (ou pasteurs, c’est le même mot) - on les
retrouve à Noël, formaient le paysage habituel et la vie courante du pays au
temps de Jésus.
Cette
comparaison, comme celle du semeur, du vigneron, parlait aux gens. Ils
comprenaient sans discours inutiles. Des paroles qui parlent, on n’en a pas
toujours, ce n’est pas évident !
Lui, Jésus se
présente comme le bon berger, le vrai. Y en aurait-il des mauvais et des faux ?
Oui, les mercenaires payés pour s’occuper du troupeau mais dont le souci était
surtout la paye plus que le soin des brebis. S’ils voient venir le loup, ils se
sauvent et et abandonnent les brebis. Le bon, le vrai berger donne sa vie pour
son troupeau parce que c’est le sien parce qu’il connaît et aime chacun et
chacune. Jésus le Christ est le bon berger, le vrai pasteur.
Ceux qui se
réclament de lui, les chrétiens que nous sommes, sont ou doivent être des bons
et vrais bergers les uns pour les autres. C’est un grand signe et un grand
service que nous pouvons rendre à la société actuelle. Bien sûr : il y a des
personnes à qui est confié plus particulièrement ce service de soin, de la conduite,
de la charité surtout pour une communauté, une personne, un diocèse, L’Église.
« Sois le berger de mon troupeau », c’est ainsi que Jésus envoie
Pierre.
C’est nous tous
qui avons à être les bons et vrais bergers les uns pour les autres, non pas pour
se mêler de tout dans la vie des autres, non pas pour les conduire où nous
voudrions qu’ils aillent ou les enfermer dans des enclos. Le psaume 22 que nous
connaissons bien : « Le Seigneur est mon berger », nous indique
l’esprit de cette attitude de bon berger, non pas en théorie mais dans notre
propre vie. Il nous indique où sont les vrais et les verts pâturages reposants,
où sont les sources qui refont nos forces intérieures, être là quand il faut
traverser un ravin de ténèbres, soigner comme le berger quand il y a un caillou
dans le pied ou dans le coeur, être accueilli quand les brebis que nous sommes
s’égare parfois, pensant que l’herbe est meilleure dans notre enclos intérieur
bien clôturé.
Plusieurs fois
dans cet Evangile, Jésus nous dit ce qui fait le bon, le vrai berger : c’est
qu’il donne sa vie pour ses brebis, parce qu’il tient à elles, parce qu’il les
connaît, qu’elles le reconnaissent à sa voix. Ce n’est pas une connaissance du
savoir, du contrôle mais d’une connaissance du coeur qui est celle de l’amour.
« Tu as du prix à mes yeux, tu comptes pour moi. »
Ce soin du bon
berger nous rappelle une réalité importante pour aujourd’hui : chaque être
humain est unique. L’essentiel ce sont les personnes en particulier les plus
fragiles. Le bon berger n’hésite pas à partir à la recherche de la brebis
perdue, la preuve qu’on n’est pas fait pour vivre et être isolé, à l’écart. Il
ne s’agit pas d’être les moutons d’un certain Panurge. Il s’agit de réaliser
concrètement ce grand désir de Dieu, notre Père, qui fait de nous des frères et
des soeurs : désir de nous voir avoir soin les uns et les autres. Il y a un
seul berger et un vivre ensemble dans le respect et l’amour. Il y a tant de
manières de donner de soi, de se donner, de donner la préférence au bien de
l’autre, des autres, plutôt qu’à son petit ou grand bien personnel.
Le bon berger est celui qui prend soin et qui sert. Prier pour
les vocations, c’est peut-être aussi donner le goût et l’envie de se donner
plus totalement au soin et au service des autres dans leur faim et leur soif
d’un essentiel.
Cela vaut le coup !
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