dimanche 10 juin 2018

Homélie du 10ème Dimanche année B


Homélie du 10ème Dimanche année B
Carmel de Saint-Maur —Père Maurice Boisson

           
            Avec l’approche de l’été, les projets de vacances se précisent : « Vous allez où cette année ? » Vous aussi, mes Soeurs, même si vous restez au monastère, vous avez quelques idées pour modifier le rythme habituel. Chacun a envie de souffler un peu, de prendre un peu de repos, de se ressourcer.

            La Parole de Dieu de ce dimanche nous donne une idée à intégrer dans nos projets « ne pas oublier de … » Il s’agit de ne pas oublier de prendre soin de notre vie intérieure, de la consolider, de la re-visiter, comme un paysage qui ne se voit pas, dit Saint Paul dans la 2ème lecture.
            Notre vie intérieure colore toute notre existence : notre façon d’être, de penser, d’agir, nos choix, nos relations, nos activités. Notre vie intérieure nourrit notre quotidien et lui donne sens. On n’a pas deux vies, l’une faite d’activités extérieures et l’autre plus intérieure. Tout ce qui est notre vie est animé par une âme, par ce qui nous habite profondément, là où nous puisons l’énergie nécessaire pour exister vraiment. Et cette énergie nécessaire peut manquer si nous ne faisons pas le plein de temps en temps, il peut y avoir des pannes. Nous sommes invités à nous alimenter de l’intérieur : nos convictions, nos valeurs, nos raisons d’être et de vivre, notre relation à Dieu, aux autres, notre désir de bien, de bon.


            L’être intérieur, dit Paul dans la 2ème lecture se renouvelle de jour en jour. Il est destiné à grandir, à se développer, tandis que notre extérieur, dit Saint Paul, va se dégradant. On en fait l’expérience : ce qui se voit se modifie. On met beaucoup de soi à se maintenir en forme et on a raison de ne pas mépriser notre corps car notre corps, c’est nous. Et le temps de l’été, le changement de rythme le permet. Mais n’oublions pas ce qui ne se voit pas mais qui transparait d’une manière ou de l’autre.
            Ce qui nous habite profondément se voit, se sent. C’est ce qui est éternel, ce qui restera de notre rencontre avec Dieu et de notre vie en Lui. Si notre corps, notre apparence, les façades sont détruits, nous avons un édifice intérieur, dit Saint Paul, construit par Dieu. Il ne sera jamais détruit même s’il peut être délaissé, abîmé de notre vivant. Il résistera à la mort. Une demeure éternelle, c’est la fin de la 2ème lecture.

            N’oublions pas d’entretenir, d’embellir, d’aérer, de rendre agréable notre demeure intérieure. Nous sommes toujours exposés à la tentation des origines, racontée d’une façon imagée par la 1ère lecture : la tentation de devenir non pas image de Dieu (à celle-ci, il nous faut  surtout succomber) mais de devenir des dieux (avec un d minuscule) puissants, dominants dans ce qui se voit.
            Lorsque Dieu appelle Adam dans le jardin, belle image de la Création, Adam reconnait qu’il est nu et il a peur. Il ne s’agit pas d’une nudité corporelle. Il est nu en lui-même, sans repère, sans but, sans consistance, sans relation (les deux rejettent la faute sur un autre), sans défense, sans raison d’exister. Dans cette situation, on a peur, sans intériorité, sans consistance de cette vie, cette demeure intérieure, qui est la centrale de de notre être et de notre façon d’exister. Ce peut être la nudité, le vide intérieur, sans une âme qui fait la beauté et la bonté de l’être humain, notre beauté et notre bonté intérieures, qui se voient sans se faire voir.

            On profite parfois de ce temps d’été pour faire tel ou tel travaux dans nos habitations, ou les grands ménages, comme vous, mes Soeurs. N’oublions pas le message de ce dimanche : profitons de ce temps pour prendre soin de notre vie intérieure et l’embellir.

            Que Jésus puisse ainsi dire de nous :
« Celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère. »

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