Homélie pour la fête de Saint Jean-Baptiste
Carmel de Saint-Maur — Père Maurice Boisson
Célébrer la
fête de saints n’est pas seulement se souvenir de leur existence passée, c’est
fêter leur présence aujourd’hui. Ces hommes et ces femmes - dont la vie et la
mort ont dit quelque chose de Dieu, de l’Évangile, de la Vie, sur les routes
humaines de leur temps - continuent de nous dire quelque chose aujourd’hui pour
nous aider à marcher vers un monde que nous voudrions meilleur.
Jean-Baptiste,
dont nous fêtons aujourd’hui la naissance, est de ceux-là. Il tourne nos
regards vers Celui qui se tient au milieu de nous, pour nous ouvrir à une vie
meilleure.
Il peut nous
paraitre un peu lointain, un peu à part, ce Jean-Baptiste, dont on disait déjà
à sa naissance : « Que sera donc cet enfant ? » « Il alla vivre
au désert » nous dit la fin de cet évangile, à l’école décapante du
désert. Non pas en retrait du monde mais dans la rupture avec un monde qui se
détourne de Dieu et se coupe de sa proposition de bonheur pour l’humanité.
C’est une expérience intérieure que le passage par le désert intérieur, pour
une meilleure présence au monde.
Jean allait préparer ses compatriotes, dans
l’attente du Messie promis, à accueillir, à reconnaître l’envoyé de Dieu en
Jésus. Il les presse de changer leur coeur, leur façon de vivre. Jean-Baptiste
est un témoin courageux : il affronte les responsables religieux juifs, les
traitant d'« engeance de vipères » (Mt 3,7). Il reproche au roi
Hérode d’avoir pris la femme de son frère et cette femme se vengera et
demandera au roi la tête de Jean-Baptiste (cf Mc 6). « Le témoin a dit la
vérité, il doit être exécuté » chante Guy Béart. Alors, il ne s’agit pas
pour nous d’imiter Jean-Baptiste, de nous nourrir de sauterelles et d’aller
vêtus de peux de bêtes sur le marché de Lons-le Saunier annoncer le Christ
ressuscité, mais de nous inspirer de ce qu’il nous apporte pour grandir dans la
foi et en humanité.
Les temps
changent, la mission demeure : celle d’être témoin du Christ, de l’Évangile
dans notre temps, aujourd’hui.
« Au
milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas » disait
Jean-Baptiste (Jn1,26). Au milieu de nous, en nous, une présence nous habite,
habite notre monde, non pas pour nous juger, ni pour juger le monde mais pour
le sauver, lui rendre la santé pleine et totale de son humanité, de notre
humanité, mise à mal, parfois délabrée par les forces du mal.
Cette présence
du Christ nous indique la direction du mieux, du meilleur pour l’être humain,
du bon, du bien, de la fraternité, de la justice et de la paix… de l’Amour.
Elle nous donne la force d’y travailler, d’y arriver, à condition de changer
nos coeurs, en accueillant Celui qui est au milieu de nous. Quand on change nos
coeurs, on change sa façon d’être. Alors, les gens venaient à Jean-Baptiste et
lui demandaient : « Que devons-nous donc faire ? » Il leur
proposait une conduite de partage, de fraternité, de justice, d’Amour,
autrement dit les fondements du monde de Dieu que le Christ venait poser par le
don de sa vie. Jean-Baptiste n’exigeait pas des collecteurs d’impôts pour
l’occupant qu’ils changent de métier. Mais il leur disait : « N’exigez
rien de plus que ce qui vous est fixé. » Tous, il les invitait à avoir le
souci de ceux qui étaient dans le besoin. (Cf Lc3)
Jean-Baptiste
se faisait l ‘écho d’un autre prophète : Michée disant : « On t’a
fait connaître ce qui est bien, ce que le Seigneur réclame de toi : rien
d’autre que respecter le droit, aimer la fidélité, et t’appliquer à marcher
avec ton Dieu. » (Mi 6,8). Jean-Baptiste nous apprend à être les témoins
discrets et humbles « Je ne suis pas le Christ » disait-il. Humbles
mais signifiants de la présence de Dieu dans le monde, du Christ et de
l’Évangile.
Celui qui est
au milieu de nous, nous avons à le faire connaître ou à le laisser deviner par
nos vies, par quelques reflets de sa Lumière qui est en nous. « Il y eut
un homme envoyé par Dieu ; son nom était Jean. Il est venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière » (Jn 1, 6-7)
A chacun de nous
de refléter ne serait-ce qu’un rayon de cette Lumière, de la paix, de l’Amour
que nous venons puiser dans l’Eucharistie. Et le monde s’en trouvera bien !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire