8ème
dimanche du temps ordinaire Année C
Carmel
de Saint Maur – Père Maurice BOISSON
Si
27, 4-7 ; 1Co 15,54-58, Lc 6,39-45

La
poutre dans notre œil qu'on ne voit pas et la paille – le chenis- dans l'oeil
des autres, qu'on voit : c'est non seulement devenu une expression
courante mais une manière courante de juger le comportement des autres, sans
nous regarder nous mêmes.
Ces
paroles de Jésus sont adressées à chacun, à chacune, et à nous tous ensemble.
Qu'est-ce qui m'aveugle ? Nous aveugle ? Nous empêche de voir clair,
de montrer aux autres le chemin et de ne pas tomber dans un trou?
Ces
paroles nous appellent au changement de notre regard, de notre cœur, de notre
comportement. Enlève d'abord la poutre qui est dans ton œil, tu verras clair
pour enlever le petit « chenis » qui est dans l'oeil de l'autre (Luc
6,42). Si nous voulons que les autres changent, change, toi aussi et
d'abord ! C'est un appel à ôter la poutre qui nous empêche de voir l'autre
comme il est. Notre regard, notre cœur, dit Jésus, c'est la source d'où
jaillissent à la fois le bien, le bon, le vrai... et la méchanceté et le mal.
« Ce
que dit la bouche, c'est le trop plein du cœur ! » (Luc 6,45) en
bien ou en mal. C'est bien notre cœur, notre regard, nos pensées, notre
conscience qu'il nous faut ajuster au désir et au cœur de Dieu.
« Un
aveugle ne peut guider un autre aveugle ». On le sait bien.
« Méfiez-vous »
dit Jésus, quand vous vous posez en guide. On est tous des guides, les uns pour
les autres, d'une manière ou d'une autre, par nos manières de vivre, l’exemple
qu'on donne, ou la responsabilité qui est la nôtre : comme parents,
prêtres, religieuses, engagés dans la société ou tout simplement parce que nous
sommes humains.
Les
questions de l'Evangile sont toujours fortes. « La Parole de Dieu est
tranchante comme l'épée » (Hébreux4,12). Dans notre désir de rendre le
monde meilleur et dans nos critiques des comportements des autres, cet Evangile
nous alerte : « Regarde-toi ! Peux-tu véritablement aider les
autres dans l'état où tu es toi-même ? Qu'est-ce qui t'aveugle ?
Quelle poutre, dans ton regard, ta pensée tu dois ôter pour accomoder ta
propre vision à celle de Dieu ? » Comment pourrions-nous aider les
autres à vivre ce que nous ne vivons pas nous-mêmes ?
Alors ?...
Faut-il être parfait pour aider les autres ? Pour donner un avis ?
Pour travailler à un monde meilleur ? Bien sûr que non ! C'est encore
un aveuglement de penser ainsi : l'aveuglement de l'orgueil au nom de
l'humilité.
Jésus
nous invite à prendre un chemin de conversion, à modifier notre regard, notre
cœur, notre conscience, notre façon d'être. Ce qui suppose de retirer quelques
morceaux de poutres qui nous empêchent de voir clair pour retirer la paille
dans l'oeil de l'autre.
Nous
ne sommes pas la mesure des autres. La vraie mesure, pour tous, c'est Dieu et
l'Evangile. Il ne s'agit pas que les autres soient comme nous, comme moi, mais
que nous soyons, chacun et ensemble ressemblants à Dieu, ajustés à sa
mesure à Lui, chacun selon sa possibilité et son chemin. Il s'agit de devenir
comme notre Maître, le Christ, nous laissant former par Lui, la seule mesure.
(c'est la 5ème ligne de cet Evangile).
« Hypocrites »
(Luc 6,42), dit Jésus. Ce mot est dur. Ne le prenons pas comme une condamnation
mais comme un appel à faire la vérité en nous.
« Enlève
la poutre de ton œil » (Luc 6,42), ce qui t'aveugle et te fait tomber.
Cet appel est décapant intérieurement. Ce peut être un travail de Carême, dans
lequel nous allons entrer...
C'est
la saison de travailler la terre. Acceptons que notre terre intérieure soit
travaillée par la Grâce, avec notre concours. Cela suppose la force de
l'humilité, -bien comprise-. Humilité, c'est le mot « humus », la
terre, le terreau de nos cœurs qui ont besoin d'être ensemencés de Dieu et de
l'Evangile pour que nous donnions de bons fruits. « L'arbre se
reconnaît à ses fruits ». C'est la fin de l'Evangile.
Tout
dépend de la qualité de notre cœur, de notre intériorité, de la place que nous
faisons à la présence de Dieu en nous, « Ce que dit la bouche, c'est ce
qui déborde du cœur... » (Luc 6,45). C'est le trop plein de notre
cœur.
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