Homélie
2ème dimanche Carême C 2019
Carmel de St Maur – Père
Maurice BOISSON
Gn 15,5-12.17-18 ; Ph
3,17- 4,1 ; Lc 9,28b-36.
Dans une marche de randonnée, quand on traverse des passages
difficiles et dangereux, on aime bien entrevoir le bout du chemin qui ouvre sur
de beaux paysages. Ça encourage.
Dans la vie, quand on passe par des moments difficiles,
éprouvants, incertains, on a besoin de paroles et de gestes, de lumière et de
signes nous indiquant que des jours seront meilleurs.
A certains moments, on a besoin d’être encouragés, soutenus, éclairés.
C’est le 2ème mot écrit sur le panneau à la chapelle
du Carmel pour ce chemin de Carême. Parfois, on a besoin de prendre un peu de
hauteur, pour voir plus loin que nos pas collés à la terre des difficiles
réalités.
Sur la route qui mène à Jérusalem, Jésus venait d’annoncer à
ses tout proches amis, ce qui l’attendait au bout de cette route :
Arrestation – procès – condamnation - mort. Cette confidence provoque un choc chez
ses amis : « C’est pas possible ! Tu n’es pas venu pour
ça !... ». Ils rêvaient d’un Messie libérateur du pays. Dans leur
état, ses amis n’avaient pas bien entendu, ni compris, la fin de la phrase :
« Il ressuscitera ».
Une dispute musclée s’ensuit entre Jésus et
Pierre qui n’accepte pas. Tristesse, découragement, colère, silence, l’ambiance
est lourde sur cette route. Il en est ainsi parfois sur nos routes...
Dans ces traversées difficiles Dieu ne veut pas nous laisser
sans aide, sans espérance, sans appui, sans lumière : celle de
Transfiguration. A un moment donné, sur
cette route, Jésus s’engage dans un sentier à droite. D’un signe, il invite
Pierre, Jacques et Jean à le suivre. Arrivé en haut, Jésus prie. Il en avait
besoin, pour lui et ses compagnons. Ceux-ci voient Jésus, traversé de Lumière :
son visage, et même ses habits, signes de cette humanité dans laquelle il est
entré. Tout est Lumière. Jésus fait une expérience intérieure très forte, qui
va être confirmée par l’intervention de
Dieu, son Père. « Ce Jésus, charpentier de Nazareth, c’est bien mon Fils
que j’aime. Alors, comment pourrais-je l’abandonner à la souffrance et à la
mort, lui et tout ce qu’Il a fait : le Bien, et tout ce qu’il a dit, des
paroles d’Amour pour que ses frères vivent dans l’Amour. Je lui donnerai
raison, à mon Fils, et à vous si vous le suivez ».
Dieu redonne courage à nos amis : il leur indique le
terme, l’aboutissement de la route. Elle ne se terminera pas par la
défiguration du calvaire, mais par le Transfiguration définitive au matin de
Pâques. Dieu fait pareil avec nous. La Transfiguration de Jésus est le signe de
notre avenir : la Transfiguration de nos propres vies, de l’humanité, de
la création. « Nous sommes citoyens
des cieux » dit Paul dans la 2ème lecture. « Le Christ transformera nos propres corps à
l’image de son corps glorieux » (Phil 3,21).
Tous ces visages
défigurés par la méchanceté, le mal, les souffrances, les violences, marqués des
cicatrices laissées par les chemins de croix de la vie, deviendront, comme le
visage du Christ : défiguré sur une autre colline, il sera visage
ressuscité. Jésus transfiguré nous en donne le signe et la promesse. Il nous
montre le terme, l’aboutissement. Cet événement de la Transfiguration ne nous
plonge pas dans l’extraordinaire, il nous invite à regarder l’ordinaire
autrement. C’est la route de nos vies destinées à être transfigurées et ressuscitées.
Dans les moments difficiles, prenons avec Jésus le sentier qui
conduit au calme, à l’air pur, à la lumière, à l’essentiel... Pour tendre
l’oreille, ouvrir nos yeux et nos cœurs à cette Parole qui traverse la nuée et
les obscurités : « Celui-ci est
mon Fils Bien-aimé... écoutez-le » (Lc 9,35). Nous sommes tous les fils et les filles bien-aimés
de Dieu.
Au bout de cette route, Jésus passera par la Passion. La
Transfiguration nous dit que la Passion n’est pas le terme. L’aboutissement
c’est la Résurrection. Il n’y a pas de nuit sans lever du jour, pas d’hiver
sans qu’un nouveau printemps renaisse, pas de mal qui défigure sans être vaincu
par l’Amour qui transfigure. « L’aurore
fait partie de la nuit » nous dit Saint Jean de La Croix. Il n’y a pas
de Vendredi Saint sans matin de Pâques. C’est le message de ce dimanche qui
nous éclaire sur notre route vers Pâques.
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