Homélie
de la Solennité de Saint Joseph
Carmel
de Saint-Maur – Père Maurice BOISSON
2S 7,4-5a. 12-14a. 16 ; Rm 4,13.16-18.22 ;
Mt 1,16.18-21.24a (ou Lc 2,41-51a)
L’Evangile
ne rapporte aucune parole de Joseph, sinon celle que l’ange lui demande de
prononcer pour donner un Nom à l’enfant de Marie. « Tu lui donneras le nom de Jésus » (Mt 1,21). Par contre
l’Evangile nous parle de l’attitude et des actes de Joseph : il écoute, il
obéit, il agit, il assume son rôle paternel. « Il fit ce que le Seigneur lui avait dit » (Mt 1,24).
En
Joseph : ce qu’il fait est inséparable de ce qu’il est. Sa qualité
intérieure : d’écoute, de silence, de confiance, lui a permis de faire ce
que Dieu lui a dit par son messager : par sa conscience, éclairée d’une
correspondance intérieure avec son Dieu, dans une écoute se faisant obéissance,
selon le sens du mot : « écouter » et par un discernement lui
permettant d’entrer pleinement dans les vues de Dieu.
En
la personne de Joseph se rejoignent en profondeur : ce qui est le plus
intime au cœur de Dieu, et le cœur en qui il n’y a pas de mensonge. Joseph, le
juste, celui en qui sont ajustés : « l’être » et le
« faire », l’agir ajusté à sa vie intérieure, son intériorité ajustée
au cœur de Dieu et aux évènements qui arrivent. Ce n’est pas surhumain, c’est
justement : humain. C’est le terrain, où Dieu a pris chair, où la grâce de
Dieu travaille : l’humanité de Marie et de Joseph. Ils ont su laisser
féconder leur être par celui de Dieu pour faire de Jésus, Fils de Dieu, un
homme. Ils lui ont appris à aimer, à vivre, à prier. Ils lui ont appris les
manières humaines sans lesquelles les manières spirituelles sont « hors
sol ».
Joseph
et Marie sont inséparables. On le voit dans cet Evangile. Ils ont vécu la même
mission, la même réponse, le même souci, dans la complémentarité.
La
« justesse » de Joseph est sans doute sa 1ère
qualité, faite d’écoute, de discernement et d’action devant des choix
décisifs comme celui qui nous est rapporté ce matin : ou renvoyer
secrètement Marie enceinte, mais pas de lui, ou la dénoncer, la jeter en pâture
à la cruauté d’hommes pour qui la lettre de la Loi est plus importante que la
vie et que Dieu lui-même, ou rester avec elle dans l’illégalité.
Cette
justesse de Joseph le rend capable d’accueillir une Parole de Dieu
incompréhensible à bien des égards, ne correspondant pas immédiatement à la
sienne. Cet accueil lui donne la force de la mettre en pratique. La Parole de Dieu
nous fait être selon ce qu’Il dit, pour que nous fassions ce qu’Il dit.
Ce n’est pas automatique. Joseph a
rencontré beaucoup d’obstacles : les mauvaises langues, la peur, le
règlement de la Loi géré par les pharisiens... Tout ce qui venait contrecarrer
l’amour de ce jeune couple devant leur avenir.
Joseph
« fit ce que l’ange du Seigneur lui
avait dit » (Mt 1,24). Dieu, nous éclaire, nous aide, dans les
situations difficiles et nous donne la force de les affronter si nous prêtons
l’oreille à ce qu’Il nous dit, si nous obéissons et si nous agissons.
Joseph
est un écoutant, un chercheur de ce qui correspond à Dieu. C’est pourquoi il a
pu percevoir que cette intuition soufflée par l’ange - qui n’était pas la
sienne au départ – venait de Dieu. « Il
prit chez lui son épouse » (Mt 1,25).
Ce
n’est pas étonnant que Sainte Thérèse d’Avila, vous le savez mieux que moi, ait
eu une affection et une dévotion particulière pour Saint Joseph. Elle qui est
marquée par l’humanité du Christ. Joseph fait partie de ces « gens ordinaires » dit Madeleine
Delbrel, grâce à qui notre monde d’aujourd’hui peut découvrir « Dieu avec nous », « Dieu avec eux », dans les réalités
de la vie. Pour Sainte Thérèse, la dévotion à Saint Joseph ne se résume pas à
exaucer des demandes.
En
Saint Joseph se rejoignent les valeurs humaines et divines que nous sommes
appelées à vivre : l’écoute, l’obéissance vraie, le silence fécond,
l’action comme inspiration de l’être intérieur, la prière comme recherche de
correspondance avec les vues de Dieu, le souci des proches, l’humilité vraie.
Comme ce qu’a vécu Marie.
En
priant l’Angelus à Marie, n’oublions pas l’annonce faite à Joseph, et l’annonce
qui est faite à chacun de nous et à nous ensemble.
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