Homélie du 1er dimanche de Carême année C 2019
Père Maurice
Boisson – Carmel de Saint Maur
Nous avons à porter les uns et les autres en Eglise dans notre prière les douleurs de ceux qui souffrent, qui sont celles des disciples du Christ... « Il n’est rien d’humain qui ne trouve écho dans leur cœurs » : Ce sont les premières lignes du Concile Vatican II sur « l’Eglise dans le monde de ce temps »,justement.
L’Evangile de ce dimanche nous invite à nous interroger sur notre façon de résister aux tentations actuelles, qui sont les mêmes que Jésus a affrontées dans le désert, invitation à nous recentrer sur quelques essentiels : trois, qui sont au centre du témoignage ou du contre témoignage que nous donnons au monde.
Aussitôt après son Baptême, où il est reconnu comme Fils Bien aimé de Dieu et avant de commencer sa mission, Jésus est soumis à l’épreuve, éprouvé par l’affrontement au mal, en la personne de satan, du diable, selon les noms, le diviseur : celui qui divise, nous écartèle intérieurement entre ce qui nous tire vers le bien, le bon, le vrai, l’humain et ce qui nous tire vers le bas, vers le mal, la destruction, l’enfermement. Comme Jésus en a fait l’expérience, nous connaissons cet affrontement en nous à ces contre-valeurs de l’humain et à ce contre Amour de cette présence de Dieu en nous.
Les 3 tentations de Jésus incluent toutes les autres. Ce qui touche à la sexualité en fait partie. « Ayant épuisé toutes les formes de tentations, dit l’Evangile, le diable s’éloigna de Jésus... jusqu’au moment fixé... où il est revenu à la charge, en particulier au moment de la Passion.
Quelles sont les racines des tentations ? Oh ! Pas celle d’être tenté par un carré de chocolat ! C’est trop facile de se servir de bricoles pour masquer l’important.
Jésus, dans le désert a faim. Le tentateur profite de ce manque : « Si tu es le Fils de Dieu, de ces pierres tu peux en faire des pains ! ». On ne vit pas seulement de bien matériels, d’avoir toujours plus, même si c’est nécessaire de manger. Pensons-nous à nourrir notre vie intérieure, ce qui nous anime et nous fait vivre, pensons-nous à nourrir la qualité de nos relations et le sens de ce que nous faisons. Le désert intérieur est un lieu de tentation : Dieu et le diable nous y rendent visite, car ils sont assurés de nous y trouver chez nous... A qui ouvrirons-nous la porte ?
La 2ème tentation de Jésus concerne celle du pouvoir, de la possession, de la domination. La possession de l’autre, de tenir la vérité, la pression sur les personnes, l’emprise... Ce que le Pape François appelle le cléricalisme comme une des causes des difficultés actuelles : se servir d’un pouvoir, parfois spirituel, pour dominer. Ce qui n’est pas uniquement le fait des prêtres, des clercs. « C’est devant Dieu seul que tu te mettras à genoux », répond Jésus.
Le diable emmène Jésus au sommet du temple à Jérusalem, lieu symbolique, « Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas... ». Les anges te feront atterrir, en douceur, dit le psaume, tout le monde t’applaudira. Ne mets pas Dieu à l’épreuve, ne joues pas avec les apparences, les façades, les mensonges... Ne demande pas à Dieu ce à quoi tu ne veux pas collaborer.
Au début de ce Carême, cette expérience de Jésus, qui est aussi la nôtre, est un appel à ajuster nos désirs à ceux de Dieu, qui nous tire vers le bien, le bon, vers le cœur et non pas à ceux du tentateur qui nous tirent vers l’enfermement sur nous-mêmes.
La prière qui nous vient au cœur et aux lèvres et bien celle du « Notre Père » que nous prions avec habitude. Retrouvons la nouveauté, la force de ce que nous prions : « Ne nous laisse pas entrer en tentation... mais délivre-nous du mal ».
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