Homélie du Jeudi Saint Année C 2019
Carmel de Saint Maur – Père Maurice BOISSON
Is 61, 1-3a.6a.8b-9 ; Ap 1,5-8 ; Lc 4,16-21.
Ce
soir nous sommes comme les amis de Jésus, autour de Lui, à table, au repas
d’adieu.
Nous
sommes là, avec Lui, pour recueillir son Testament : les mots et les
gestes de l’Amour.
L’ambiance
n’était pas à la fête à ce repas… Qui avait imaginé que ces années de
compagnonnage, d’amitié, de courage redonné, de misères intérieures et de
maladie guéries, de blessures soignées, de pardon donné, de personnes relevées,
d’espérance rallumées… Qui avait imaginé une telle fin ? Violence, procès,
abandon, mort…
Toutes les situations, si dures soient-elles,
portent en elles-mêmes un germe de leur contraire. Comme si le mal ne pouvait
se résigner au mal… Au cœur même de ce qui, apparemment, se terminait par une
prise de pouvoir du mal… Voici le repas : signe du partage, du don, de
l’amitié. Voici, dans l’obscurité des cœurs, une lueur que rien ne pourra
éteindre, un germe que nul ne pourra détruire : le Testament de Jésus,
signé de son sang : « Il n’y a
pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime… ».
Ce
Testament n’est pas fait de paroles, mais d’actes, de gestes accompagnés de
paroles qui font ce qu’elles disent.
Deux
gestes contraires à cette situation de violence et de misère intérieure, deux
gestes fondateurs qui constituent les communautés de celles et ceux qui croient
en Lui et se réclament de Lui, Jésus, le Christ :
-
Jésus lave les pieds de ses amis : un exemple de service humble,
un signe de la charité quotidienne.
-
Jésus partage le pain et la coupe de vin… C’est mon corps livré, mon
sang versé, le don que Jésus fait librement de sa vie par Amour, pour rendre à
ses frères et sœurs humains, une humanité divinisée.
Deux gestes inséparables,
pour lesquels Jésus nous dit :
-
« Vous ferez cela en mémoire
de moi… ». « Cela » :
pas seulement le geste matériel de l’Eucharistie, mais le don de nous-mêmes,
dans la Charité.
-
« Je vous ai lavé les pieds,
vous devez vous laver les pieds les uns aux autres ».
La Charité, ce qui touche à
notre relation aux autres, inspirée de la manière d’être du Christ, et
l’Eucharistie, communion au don du Christ, sont inséparables. Pratiquer l’une
sans l’autre est illusoire.
-« Ubi Caritas ». « Où sont amour et charité, Dieu est présent ».
L’Eucharistie rend Dieu présent, c’est la Présence Réelle.
L’amour et la charité rendent
Dieu présent, parce que Dieu est Amour. C’est aussi la Présence Réelle.
Ces
deux gestes seront jusqu’à la fin des temps, les signes distinctifs des amis et
disciples de Jésus. Il nous a donné Lui-même ces deux signes « à
faire » en mémoire de Lui, jusqu’à ce qu’Il revienne.
Nous
ne faisons pas ce soir le geste matériel du Lavement des pieds. « C’est un exemple », dit Jésus, « pour que vous fassiez vous aussi
comme j’ai fait pour vous ».
Dans
un temps de silence soutenu par l’orgue, demandons-nous : à quoi cet
exemple correspond-il pour nous, pour notre communauté, aujourd’hui ?
Quels appels pour rendre plus réelle la présence de la charité fraternelle et
pour que l’Eucharistie soit vraiment « la
source de notre vie chrétienne » ?…
« Vous ferez cela, ces deux gestes, en mémoire de moi ».
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