Homélie
Jour de Pâques C 2019
Carmel de Saint Maur - Père Maurice BOISSON
Jn 20, 1-9
A l'origine du christianisme, il y a trois miracles,
dit Saint Augustin.
- Le 1er : c'est la Résurrection du Christ.
- Le 2ème : c'est que Marie-Madeleine d'abord, puis les apôtres, aient cru à la Résurrection.
- Le 3ème : c'est qu'il y a eu des gens pour croire les apôtres.
- On peut en ajouter un 4ème : c'est que nous sommes là, aujourd'hui, plus de 2000 ans après, à célébrer le Christ ressuscité et à en vivre, avec les frères et sœurs chrétiens répandus à travers le monde, avec les 4500 catéchumènes jeunes et adultes qui ont reçus le baptême cette nuit.
La foi au Christ ressuscité traverse les temps, les
joies et les épreuves comme c'est le cas de nos jours.
Non seulement les croyants au Christ ressuscité
célèbrent sa Résurrection : celle-ci est une énergie de vie, de transformation
des relations, des sociétés, une lumière et un guide pour le sens de notre
avenir.
Il faisait encore nuit quand Marie Madeleine se rend
au tombeau. La nuit intérieure de l'épreuve, de la séparation, de l'absence, du
vide.
Dans le cœur de Marie Madeleine et des amis, chez
ceux et celles que Jésus a ressuscité des morts intérieures, relevé des
paralysies physiques et morales, guéri des lèpres, des aveuglements, des
surdités, de l'emprise du mal, celles et ceux sur qui les ténèbres tombent
comme ça peut nous arriver. Jésus ressuscité continue de guérir,
"d'éclairer tout homme venant en ce monde" dit Saint Jean.
Le tombeau est vide. Le tombeau n'est pas la
destination définitive de Jésus. Grâce à Lui, il n'est pas non plus notre
destination finale. Jésus ne pouvait pas être la victime définitive du mal sous
toutes ses formes, enfermé dans un tombeau. "Il est passé en faisant le
bien". Il a aimé ses frères et sœurs humains jusqu'au bout, en particulier
les plus blessés de la vie.
Dieu son Père ne pouvait pas l'abondonner. Ce Fils
Jésus était tout le portrait de son Père, ce Père qui est amour. Dieu a pris
parti pour Jésus, pour ce qu'il a fait, ce qu'il a dit et ce qu'il est. Dieu
lui a donné raison, comme il donne raison à celles et ceux qui aujourd'hui essaient
d'aimer, de guérir, de relever, de guider, de donner courage et espérance,
d'agir pour un monde meilleur dans le quotidien, d'être comme Jésus.
Partie alors que c'était encore nuit, Marie
Madeleine arrive au tombeau quand peu à peu le jour naissait, et que l'aurore
re-naissait dans son cœur.
Il faut souvent du temps pour réaliser que le jour,
la lumière si petite soit-elle, arrive en nous-mêmes.
L'espérance de la Résurrection n'a pas été
fulgurante: quelques personnes, des rumeurs, des peurs, des questions, des
refus et l'accueil d'une espérance en germe sortant des terres silencieuses
comme les semis qui traversent la terre dans nos jardins en ce moment.
Dans le tombeau ouvert et vide, où Pierre et Jean
pénètrent, la place des objets servant à la sépulture indiquait que ceux-ci
n'avaient pas servi.
Un petit groupe d'hommes et de femmes commencent à
vivre de la présence du Ressuscité comme un ferment. L'espérance à travers les
vendredis de notre histoire reste fragile et menacée. Elle n'a jamais cessé,
jusque dans les ténèbres les plus épaisses, de ranimer le goût de la vie, de
l'avenir. C'est le miracle permanent de la Résurrection.
Il ne suffit pas de dire et de chanter que Jésus est
ressuscité, alléluia!
Il faut le faire, bien sûr, comme nous le faisons ce
matin. Il faut montrer par nos vies que le tombeau est vide, en roulant sur le
côté, les pierres qui ferment et enferment, qui laissent croire que Jésus est
toujours dans le tombeau.
Comme les premiers témoins de Résurrection, nous
recevons la tâche joyeuse et essentielle de retrouver Jésus là où il est, là où
il nous attend : dans nos vies, dans ce qui fait la vie du monde. Il nous
invite à guetter le jour qui jamais ne manque de se lever et de chasser les
ténèbres. Il nous invite non seulement à guetter la lumière, mais à la faire
naître.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire