Homélie 3ème dimanche de Pâques C 2019

Homélie 3ème  dimanche de Pâques C 2019

Carmel de Saint Maur - Père Maurice BOISSON

Ac 5,27b-32.40b-41; Ap 5,11-14; Jn 21,1-19

La vie continue! Il faut repartir, après un échec, des épreuves. On sait ce que ça veut dire.

Les amis proches de Jésus, après l'échec apparent de sa mort, ont repris leur métier de pêcheurs : "Je reprends le travail", dit Pierre, "je m'en vais à la pêche".  Et les autres de le suivre : "Nous aussi, on y va avec toi". On a besoin d'entraide dans les passages en creux; il est bon de ne pas se sentir seul. 

La reprise est difficile. Ils passent la nuit à ne rien prendre. La nuit : pas seulement l'obscurité extérieure, mais l'état moral intérieur de nos amis, rentrant bredouilles : l'échec, la peine, la fatigue, la déception etc... "Cette nuit là, ils ne prirent rien".

Le jour se lève toujours. 

Il chasse la nuit et les angoisses... On apprécie quant les premières lueurs du jour se font un passage pour annoncer la lumière...

Au lever du jour....un inconnu est là, sur le rivage... Il leur indique où jeter les filets - et ça marche - le filet est plein de poissons. "Les enfants venez manger". Les pêcheurs comprennent que cet inconnu c'est leur ami, Jésus. Il est vivant. Il est là. Il les rejoint dans leur peine, il les réconforte, les fait manger, leur redonne force, courage et moral.

Comme au matin de Pâques, le Christ ressuscité est avec eux, avec nous, dans ce qui fait notre quotidien. Il est là, présent, vivant. Alors que nous le croyons dans un tombeau, il nous prépare une grillade pour refaire nos forces. La présence du Christ ne nous fait jamais défaut. Il est avec nous dans cette Eucharistie pour fortifier nos forces intérieures de l'énergie de son Amour.

Comme Pierre et les autres, les "pros" de la pêche, nous sommes peut-être trop sûrs de nous-mêmes, de nos certitudes, de nos habitudes, pour accepter de nous laisser guider par le Christ, vers ce qui est le meilleur.

La Bonne Nouvelle de Pâques, c'est non seulement que Jésus est ressuscité, mais qu'il nous ressuscite nous aussi dans ce que nous sommes : au cœur de nos échecs et de nos désirs comme nos amis pêcheurs, dans nos découragements comme ceux d'Emmaüs, dans nos pleurs, comme Marie-Madeleine, dans nos doutes et nos difficultés à croire comme Thomas, au cœur même de nos faiblesses comme Pierre...

Justement! Après la grillade sur la plage, Jésus prend à part Pierre. En marchant les deux, dans la douceur de l'amitié retrouvée, une question percute Simon : "M'aimes-tu?", "M'aimes-tu vraiment d'un amour total?... Pierre répond : "Oui, j'ai de l'affection pour toi". Ce n'est pas le même verbe. Je ne suis pas en mesure de t'aimer totalement -après ce qui m'est arrivé-. En silence, dans une connivence intérieure, ils se souviennent du chant du coq, du regard de Jésus apaisant la tempête intérieure de Pierre pleurant amèrement.

La 3ème fois Jésus reprend le même mot que Pierre : "As-tu de l'affection pour moi?". Il rejoint Pierre, où il en est de sa relation à Jésus... Une affection appelée devenir Amour, Don de lui-même. Jésus ressuscité - "Re-ssuscite" Pierre, non pas tel qu'il a été ou tel qu'il est, mais tel qu'il peut devenir. Dans cette confiance, en vérité, et pas dans le "bluff"! Jésus confie à Pierre non pas un grade, mais une tâche à accomplir. Prends bien soin de ceux qui croiront en moi. Guides-les, soignes -les, comme un bon berger.

Le Christ ressuscité nous "re-ssuscite" où que nous en soyons. Il ne cesse de "re-ssuciter" en nous de nouveaux départs, de nouveaux pas, de nouveaux meilleurs de nous-mêmes, de nouvelles pêches, si nous consentons à nous laisser aimer, nourrir, guider, sur les rives de nos quotidiens.

Répondons à l'invitation du Ressuscité: "Venez et mangez". C'est le l'Eucharistie que nous sommes entrain de vivre.