Homélie de la fête de l'Ascension. Année C 2019.
Carmel de Saint Maur. Père Maurice Boisson.
Ac, 1,1-11;
He 9,24-28.10,19-23; MT 28,19a.20b.
Dans un groupe de catéchisme, j'essayais d'expliquer
la fête de l'Ascension, avec beaucoup de mal : Jésus est monté au ciel et il
est toujours là, ce n'est pas facile! Je demande aux participants de faire un
dessin qui, selon eux, représente l'Ascension... Chacun montre et explique ce
qu'il a dessiné : Jésus qui monte comme une fusée dans le ciel, des Gens
regardent dans les nuages... Un petit malin avait dessiné un pont avec des
voitures... "L'Ascension c'est le pont" dit-il. Au tour d'un garçon,
il s'appelait Quentin. Sur son dessin, Jésus est au milieu de ses amis, il est
décollé du sol. A côté de lui : une silhouette, les pieds bien par terre. Il
explique : "Les amis de Jésus s'imaginent qu'il les quitte, mais en fait
il reste avec eux, seulement ils ne le voient pas". Tout est dit ou
presque : ils croient que Jésus les quitte mais il reste avec eux, invisible à
leurs yeux. Jésus ressuscité nous est présent dans l'absence, plus présent que
lorsqu'il marchait à côté de ses amis physiquement. Quand il était avec Pierre,
Jean, à Béthanie ou sur le lac, il était là et pas ailleurs, ni avec d'autres.
En rejoignant Dieu, son Père, le Christ n'est plus limité par l'espace et le
temps.
Il est avec tous, dans le cœur de chacun, sur nos chemins, dans ce qui
fait nos vies, nos relations... "Nous viendrons chez lui, mon Père et moi,
chez chacun et nous nous ferons une demeure" avait promis Jésus. "Je
suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde" où nous serons
totalement en Lui. "Il n'est pas loin de chacun de nous" disait Saint
Paul dans la lecture d'hier. "Alors pourquoi restez-vous là à regarder
dans les nuages?" demandent deux hommes, vêtus de lumière, aux amis de
Jésus... Il était là, mais Il avait disparu à leurs yeux.
On connaît cette expérience : On peut être là
physiquement, tout proche les uns des autres et s'ignorer : "Tu as l'air
absent", "Tu n'es pas là " dit-on. On peut être loin tout en
étant proche et être très proche en étant loin. La présence et l'absence ne
sont pas toujours une question de kilomètres. Il y a des présences invisibles
aux yeux, plus intenses que des présences visibles. C'est l'expérience de
l'Ascension. Jésus réssuscité, près de Dieu, nous est plus présent que sa
présence visible. L'absence devient présence, autrement. Le Christ, à
l'Ascension, "ne s'évade pas de notre condition humaine". Nous
l'entendrons dans la préface. Il nous ouvre à l'invisible, au-delà des apparences,
de l'extérieur, qui souvent nous cache le réel.
Mais alors comment et à quoi reconnaîtrons-nous la
présence du Christ aujourd'hui au milieu de nous? À quoi le ferons-nous
reconnaître ? "Vous serez mes témoins", "vous". C'est vous
qui donnerez des signes de ma présence, qui serez signe de ma présence. Vous
recevrez une énergie intérieure, l'Esprit Saint... à la Pentecôte. Il vous
inspirera des actes, des gestes, des paroles, des attitudes qui diront quelque
chose de moi et de l'Evangile, ils diront ma présence "réelle"
aujourd'hui. Vous ne me voyez plus physiquement mais vous saurez que je suis
là... et vous donnerez le goût de ma présence si vous-mêmes vous êtes mes bras
et mes mains qui prennent soin, qui relèvent, qui consolent. Si vous êtes ma
voix - ma parole- qui encourage, réconforte. Si vous êtes mon regard aimant
dans lequel on peut donner quelques étincelles des Béatitudes. Vous me rendrez
présent si vous êtes mon cœur aimant les uns pour les autres, si vous êtes mon
esprit qui indique le chemin du bien, de la vérité, de la lumière et si vous
puisez dans l'Eucharistie la source même de ma présence. "Ceci est mon
corps et mon sang".
Il avait raison, Quentin : "Les amis de Jésus
croient qu'il les quitte; en fait il reste avec eux mais ils ne voient pas".
A nous aujourd'hui de faire voir qu'il est bien là, à nous d'être témoin de sa
présence "pour que rien de Lui ne s'efface ".
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