lundi 10 juin 2019

Homélie de la Pentecôte Année C 2019


Homélie de la Pentecôte Année C 2019
Carmel de Saint Maur - Père Maurice BOISSON
Ac 2,1-11; Rm 8,8-17; Jn 14,15-16.23b-26.

"Souffle sur le feu!" disaient nos parents, quand celui-ci s'éteignait. On soufflait sur la braise et le feu repartait. Quand le courage et l'énergie intérieure deviennent de la braise fragile, le souffle d'une parole, d'une présence, d'un geste, souvent ranime la flamme intérieure. Quand on est devant une tâche importante, quand on veut témoigner du Christ et de l'Evangile dans ce monde difficile, on a besoin de souffle et de feu intérieur pour tenir et affronter les difficultés.
La braise était peu ardente dans le cœur des proches de Jésus 50 jours après Pâques. Ils l'avaient bien vu vivant, ressuscité... depuis une dizaine de jours, à l'Ascension, il avait disparu à leurs yeux. Il avait quitté leurs regards, leur laissant une promesse, "Je ne vous laisserai pas seuls, je vous serai présent autrement". Je vous enverrai la force d'en haut et vous serez mes témoins... mon Père vous enverra l'Esprit Saint".

Ils étaient là, comme dans une salle d'attente, dans la prière et une espérance inquiète. Marie, mère de Jésus et quelques femmes étaient avec eux. Il fallait bien soutenir le moral et l'espérance de ces hommes.
Soudain, un fort coup de vent dans la maison, surtout dans leur cœur. Un souffle qui réveille, qui fait des courants d'air. Un souffle, le souffle  de Dieu, ranime les braises de leur déception. Ces braises deviennent des flammes, du feu intérieur, en chacun et sur chacun. Leur cœur redevient brûlant, comme sur un certain chemin de tristesse vers Emmaüs. Ils retrouvent du souffle. Le tonus de Dieu leur est donné : l'Esprit-Saint. Ils sortent, non seulement d'une salle verrouillée. Ils sortent surtout d'eux-mêmes et de la peur qui les enfermait. Ils se mettent à parler de cet homme Jésus mis à mort que Dieu a ressuscité d'entre les morts. Ils se font comprendre des gens, qui non seulement ne parlaient pas leur langue, mais qui entre-eux parlaient des langues diverses.
L'évènement de Pentecôte est permanent. Bien sûr, c'est moins spectaculaire ou même pas du tout spectaculaire! C'est comme l'air, le vent, le souffle : ils nous permettent de vivre, on ne s'en aperçoit pas... sauf si on en manque. Le souffle de l'Esprit-Saint, c'est la respiration de Dieu qui aime. Comme au premier matin du monde, Dieu insuffle en nous son souffle, sa vie, son amour, sa santé pour que nous ne soyons plus à bout de souffle, pour que nous ne manquions pas de souffle intérieur, même et surtout si nos corps peuvent être cassés, usés. Ce souffle permet de tenir, de reprendre souffle quand les épreuves nous malmènent, quand c'est difficile de témoigner du Christ dans notre société, quand "on n'a plus le feu intérieur" comme on dit.
Cet évènement de Pentecôte, toujours actuel, nous redit qu'il y a en nous plus que nous-mêmes. Nous sommes habités d'une présence, d'une force douce, d'une lumière apaisante.Un hôte intérieur habite nos silences, nos épreuves, nos joies. Une clarté parfois très petite, guide nos choix, nos tâtonnements et nous indiquent une direction qui souvent n'est pas celle où nous souhaiterions aller. En nous habite un hôte intérieur plus présent à nous mêmes que nous mêmes. Un souffle ranime les braises de nos découragements et de nos faiblesses. Un feu réchauffe, éclaire nos énergies et nos générosités : c'est l'Esprit-Saint qui fait de nous des témoins de la présence du Christ aujourd'hui dans la simplicité et le banal de nos quotidiens, de nos relations, de ce que nous avons à faire.
"C'est bien joli, mais on ne le voit pas l'Esprit-Saint" disait un garçon au  catéchisme. Non! Comme on ne voit pas le vent mais on en voit les effets : ça décoiffe ! Ça peut détruire comme la tempête. Ça peut être comme une brise légère qui rafraîchit et tonifie. On ne voit pas l'Esprit-Saint, on voit ce qu'il produit. On en voit les effets, on reconnaît sa présence à ses fruits : "L'Amour, la Paix, la Patience, la Bienveillance, la Bonté, la Douceur, la Maîtrise de soi...". Ce souffle, cette présence en nous, nous fait appeler Dieu : "Abba", "Papa","Père", dit Paul (2ème lecture de ce jour).
Ne cherchons pas à guider l'Esprit où ça nous arrange. "Laissez-vous conduire par l'Esprit", c'est la deuxième lecture de ce jour. Prêtons l'oreille à ce souffleur discret qui habite en nous-mêmes. Il ranime notre feu intérieur. "Vous serez mes témoins".

Aucun commentaire: