Homélie de la Pentecôte Année C 2019
Carmel de Saint Maur - Père Maurice BOISSON
Ac 2,1-11; Rm 8,8-17; Jn 14,15-16.23b-26.
"Souffle sur le feu!" disaient nos
parents, quand celui-ci s'éteignait. On soufflait sur la braise et le feu
repartait. Quand le courage et l'énergie intérieure deviennent de la braise
fragile, le souffle d'une parole, d'une présence, d'un geste, souvent ranime la
flamme intérieure. Quand on est devant une tâche importante, quand on veut
témoigner du Christ et de l'Evangile dans ce monde difficile, on a besoin de
souffle et de feu intérieur pour tenir et affronter les difficultés.
La braise était peu ardente dans le cœur des proches
de Jésus 50 jours après Pâques. Ils l'avaient bien vu vivant, ressuscité...
depuis une dizaine de jours, à l'Ascension, il avait disparu à leurs yeux. Il
avait quitté leurs regards, leur laissant une promesse, "Je ne vous
laisserai pas seuls, je vous serai présent autrement". Je vous enverrai la
force d'en haut et vous serez mes témoins... mon Père vous enverra l'Esprit
Saint".
Ils étaient là, comme dans une salle d'attente, dans
la prière et une espérance inquiète. Marie, mère de Jésus et quelques femmes
étaient avec eux. Il fallait bien soutenir le moral et l'espérance de ces
hommes.
Soudain, un fort coup de vent dans la maison,
surtout dans leur cœur. Un souffle qui réveille, qui fait des courants d'air.
Un souffle, le souffle de Dieu, ranime les braises de leur déception. Ces braises deviennent
des flammes, du feu intérieur, en chacun et sur chacun. Leur cœur redevient
brûlant, comme sur un certain chemin de tristesse vers Emmaüs. Ils retrouvent
du souffle. Le tonus de Dieu leur est donné : l'Esprit-Saint. Ils sortent, non
seulement d'une salle verrouillée. Ils sortent surtout d'eux-mêmes et de la peur
qui les enfermait. Ils se mettent à parler de cet homme Jésus mis à mort que
Dieu a ressuscité d'entre les morts. Ils se font comprendre des gens, qui non
seulement ne parlaient pas leur langue, mais qui entre-eux parlaient des
langues diverses.
L'évènement de Pentecôte est permanent. Bien sûr,
c'est moins spectaculaire ou même pas du tout spectaculaire! C'est comme l'air,
le vent, le souffle : ils nous permettent de vivre, on ne s'en aperçoit pas...
sauf si on en manque. Le souffle de l'Esprit-Saint, c'est la respiration de
Dieu qui aime. Comme au premier matin du monde, Dieu insuffle en nous son
souffle, sa vie, son amour, sa santé pour que nous ne soyons plus à bout de
souffle, pour que nous ne manquions pas de souffle intérieur, même et surtout
si nos corps peuvent être cassés, usés. Ce souffle permet de tenir, de
reprendre souffle quand les épreuves nous malmènent, quand c'est difficile de
témoigner du Christ dans notre société, quand "on n'a plus le feu
intérieur" comme on dit.
Cet évènement de Pentecôte, toujours actuel, nous
redit qu'il y a en nous plus que nous-mêmes. Nous sommes habités d'une
présence, d'une force douce, d'une lumière apaisante.Un hôte intérieur habite
nos silences, nos épreuves, nos joies. Une clarté parfois très petite, guide
nos choix, nos tâtonnements et nous indiquent une direction qui souvent n'est
pas celle où nous souhaiterions aller. En nous habite un hôte intérieur plus
présent à nous mêmes que nous mêmes. Un souffle ranime les braises de nos
découragements et de nos faiblesses. Un feu réchauffe, éclaire nos énergies et
nos générosités : c'est l'Esprit-Saint qui fait de nous des témoins de la
présence du Christ aujourd'hui dans la simplicité et le banal de nos
quotidiens, de nos relations, de ce que nous avons à faire.
"C'est bien joli, mais on ne le voit pas
l'Esprit-Saint" disait un garçon au catéchisme. Non!
Comme on ne voit pas le vent mais on en voit les effets : ça décoiffe ! Ça peut
détruire comme la tempête. Ça peut être comme une brise légère qui rafraîchit
et tonifie. On ne voit pas l'Esprit-Saint, on voit ce qu'il produit. On en voit
les effets, on reconnaît sa présence à ses fruits : "L'Amour, la Paix, la
Patience, la Bienveillance, la Bonté, la Douceur, la Maîtrise de soi...".
Ce souffle, cette présence en nous, nous fait appeler Dieu : "Abba",
"Papa","Père", dit Paul (2ème lecture de ce jour).
Ne cherchons pas à guider l'Esprit où ça nous
arrange. "Laissez-vous conduire par l'Esprit", c'est la deuxième
lecture de ce jour. Prêtons l'oreille à ce souffleur discret qui habite en
nous-mêmes. Il ranime notre feu intérieur. "Vous serez mes témoins".
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