Homélie
Solennité de la Sainte Trinité C 2019
Carmel de Saint
Maur – Père Maurice BOISSON
Pr
8,22-31 ; Rm 5,1-5 ; Jn 16,12-15.
"A Pâques... ou à la Trinité » !
dit une chanson populaire. Il y a 5 siècles, quand les rois de France faisaient
des emprunts publics, ils promettaient un remboursement à Pâques... ou à la
Trinité ! Peut-être jamais ! La fête de la Sainte Trinité est bien
loin, surtout quand on en fait un problème de math : 3 ça fait 1, 1+1+1 ça
fait 1 et c’est 3 ! Tout ça est un peu compliqué...
Alors
que c’est la carte d’identité de Dieu. C’est qui est Dieu, sa vie. C’est la
maquette sur laquelle on est fait : à son image et à sa ressemblance. La
Trinité est une manière de dire comme Saint Jean : Dieu est Amour. S’il
est Amour, il ne peut pas être seul.
Le
mot Trinité n’est pas employé dans l’Evangile. Jésus nous parle de personnes concrètes
qui sont en relation
: « Le
Père et moi nous sommes un » dit Jésus. « Mon Père vous enverra en mon nom la force d’en haut, l’Esprit Saint,
l’Esprit de Vérité qui vous rafraîchira la mémoire de ce que je vous ai dit et
qui fera de vous mes témoins ». Et c’est le credo : « Je crois en un seul Dieu, en Dieu le
Père, en Jésus son Fils et au Saint Esprit ». Un seul Dieu ne veut pas
dire que Dieu est seul. Dieu est famille, relation, échange, partage,
communication, communion de personnes qui s’aiment, riches de leur diversité :
c’est l’être même de Dieu, une circulation de relation d’Amour.
Et
nous sommes fabriqués pareil, sur ce modèle de Dieu. Nous sommes à l’image et à
sa ressemblance : des êtres de relation, des êtres de communion, faits
pour être en relation d’amour, dans nos différences et nos diversités et pour
apporter notre pierre pour que le monde devienne ainsi. C’est ça pour nous le compliqué :
ce n’est pas d’essayer de comprendre la Trinité par un problème de math, le
compliqué et le difficile c’est de ressembler au modèle. Aimer, être en
relation, communiquer vraiment, accepter et vivre nos différences que nous avons
du mal à assumer : soit on rêve de l’uniformité, tous pareils, soit on se résigne à l’indifférence du chacun pour soi, du chacun
comme on est, soit on a peur de l’autre, sans vivre la richesse de la diversité
qui est source d’amour et de fraternité comme en Dieu. La Trinité nous apprend
que la différence qui unit les personnes dans l’être de Dieu, cette différence
non seulement ne sépare pas mais elle est source féconde de relation et de
biens. Cette source répand l’amour dans nos cœurs par l’Esprit Saint (2ème
lecture). C’est un appel à ressembler à Celui qui nous a fait ainsi. L’Amour c’est quand la différence ne sépare
plus et ne se gomme pas superficiellement mais quand elle devient une richesse
et une source à l’image de la Trinité. La Trinité n’est pas d’abord une théorie
de théologie. C’est une vie, une base, la base et le ciment de nos relations
humaines à l’image de Dieu.
« A
Pâques ou à la Trinité »... Pâques ou jamais, c’est lointain. En fait, ce
sont nos vies, ce que nous sommes, ce à quoi nous sommes appelés, ce que
l’humanité deviendra. A nous d’en donner les signes et d’y apporter notre
pierre. C’est ce que nous rappelons chaque fois que nous faisons le signe de la
croix, signe souvent machinal. C’est ce signe dont nous sommes marqués, notre
signe distinctif, le signe de Dieu en nous et dans l’humanité : dans
une dimension verticale qui nous relie à
Dieu et à la terre où nous avons les pieds et dans une dimension horizontale
qui nous relie les uns aux autres par l’Esprit Saint au delà de toutes
frontières proches ou lointaines. Ces deux mouvements se réunissent au cœur où
se rejoignent, se nourrissent et se redonnent l’Amour de Dieu Trinité et
l’Amour des autres. Inséparables. Nous existons au Nom du Père et du Fils et du
Saint Esprit. Amen
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire